Ce samedi 11 juin, la Marche des Fiertés 2022 de Lyon s’est élancée de Villeurbanne. Le parcours a conduit le cortège jusqu'au parc de la Tête d’Or. Près de 15 000 personnes étaient attendues par les organisateurs. Ces derniers ont à nouveau choisi de donner plus de visibilité aux personnes considérées comme les plus discriminées. Une décision controversée.
Beaucoup de monde, un franc soleil, une ambiance festive et une vague arc-en-ciel sur l’agglomération lyonnaise. Le cortège de la 26e Marche des Fiertés est parti de l’esplanade Geneviève Anthonioz-de-Gaulle à Villeurbanne avant de prendre la direction du Parc de la Tête d’Or. Lesbiennes, trans, queers ... chacun affichait son identité. Derrière le cortège non-mixte qui affiche un joyeux mélange.
Derrière ce défilé coloré, la polémique gronde
Les organisateurs de la 26e Marche des Fiertés de Lyon ont décidé de donner davantage de visibilités à certains, en leur réservant une place à part. En 2021 déjà, ils avaient décidé d’innover et d’organiser un défilé en cortèges non-mixtes. Un an plus tard, la polémique n’a pas désenflé mais le choix a été fait de reconduire cette organisation du cortège. Leur démarche militante est pleinement assumée.
"Le combat n'est pas terminé"
"Malheureusement le monde n'est pas parfait et au sein même de la communauté, il peut y avoir de la transphobie, du racisme... etc. (...) Certes, il y a eu le mariage pour tous qui a été une grande avancée; mais aujourd'hui dans la société, il y a encore des freins. Ce qui fait qu'un bon nombre d'entre nous sont exclus, ou peuvent se sentir discriminés ou agressés dans la rue", explique Hugo Petit du "Collectif des Fiertés en lutte Lyon".
Pour les organisateurs de cette Marche, le combat est encore loin d'être terminé. Comme l'explique Claire Lamberti, co-Présidente du Centre LGBT Lyon. Ce cortège à notamment vocation à "poser des étiquettes sur des personnes qui n'étaient pas en visibilité." Et Claire Lamberti martèle : " Les gays et les lesbiennes ont déjà obtenu pas mal de choses. Il en reste encore beaucoup à obtenir. Ces personnes ont déjà obtenu beaucoup et pensent que la lutte est terminée. Elle n'est pas terminée. Loin de là. Loin de là ! ". Et d'ajouter : "Aujourd'hui pour les personnes trans, accéder au protocole de soins, c'est toute une histoire!"
"Séparer, c'est diviser"
Faire progresser les droits des enfants LGBT, sécuriser les personnes intersexes, cette édition 2022 soulève encore de nombreuses questions. Mais pour certains, manquait l'esprit festif des Gay Pride d'antan. Certains militants plaident pour un retour à l'unité originelle du mouvement LGBT. "La communauté c'est une globalité. On est tous dans le même lot. Séparer, c'est diviser", explique Jonathan, venu de Strasbourg.
Son avis est partagé par certaines d'association LGBT qui ont choisi de lancer un évènement alternatif. Ils ont lancé une invitation à se rassembler rue Claudia, dans le 2eme arrondissement. Une ruelle rebaptisée pour l'occasion "rue de l'amour et des fiertés". Un rassemblement où la non-mixité ne passe pas.
"On est plutôt dans le vivre ensemble, le Melting Pot et la convergence des luttes", explique Nathanaël Jailliard, secrétaire de Body Design. "On perd un peu l'esprit originel des 25 dernières années, sous la LGP, l'esprit collectif de lutter ensemble pour tout le monde !" déplore-t-il.
A Lyon, ce samedi après-midi entre 10 et 15 000 personnes ont cependant participé à la Marche des Fiertés. Un chiffre similaire à la participation de l'an passé.
Le reportage de Y.Marie et C.Cherry-Pellat