Sur le même principe que l’agroforesterie, la vitiforesterie vise à planter des arbres, des haies végétales, en bordure ou au milieu des vignes afin de recréer de la biodiversité. Cette méthode permet de dynamiser les rendements et protéger les cultures des aléas climatiques et des parasites, en limitant le recours aux produits chimiques. Une pratique ancestrale remise au goût du jour.
Mêler plusieurs cultures sur une même parcelle afin d'éviter ou de réduire l'usage des pesticides, c'est ce que permet - à l'image de l'agroforesterie la vitiforesterie.
Outre le bannissement des produits chimiques, la vitiforesterie favorise aussi la biodiversité.
Une technique ancestrale
Une fois par an au domaine de Pougelon dans le Beaujolais, les viticulteurs plantent des arbres au milieu des vignes. "On va les répartir dans les trous" dit François Descombe, le chef de culture du domaine de Pougelon, en se saisissant d'un arbuste à l'arrière du camion.
"J'en ai assez mis, là ?" "Oui c'est bon. Il faut juste en mettre une poignée, le but c'est d'apporter un peu d'azote à la plante", indique François. Le long d'une ligne droite des trous ont été creusés. Une poignée de cornes broyées y est jetée, additionnée de pralin pour les racines. Une pratique assez classique. "Le but, c'est vraiment de faire une couche de protection, donc faut que ça tienne, faut que ça colle aux racines", précise François en trempant franchement les racines d'un arbuste dans un grand bac rempli de pralin.
En revanche, ce qui sort de l'ordinaire, c’est de mettre des arbres fruitiers entre les parcelles. Pruniers, pommiers ou poiriers permettront d’absorber les surplus d’eau et de limiter l’érosion des talus.
François Descombe explique les avantages secondaires de cette pratique, "ça va servir de perchoir pour les oiseaux, ça va attirer des insectes, en plus on a des abeilles sur le domaine, donc c'est intéressant pour les fleurs avec la pollinisation, il y a un intérêt global pour la biodiversité".
Coup de pouce à la biodiversité
Recréer une biodiversité dans la vigne, retrouver des sols vivants et fertiles sans pesticides ni désherbants chimiques, c’est aussi l’objectif du Collectif Vignerons du Vivant.
Accroupi près d'un ensemble de jeunes pousses, Pierre Prost fait partie du collectif qui distribue les plantes. Il explique à un viticulteur, "donc là, tu as tout tes plants, les protections anti-gibier, les tuteurs, pour que les jeunes plants ne se fassent pas croquer par les lapins au début."
"Une bonne haie, bien implantée c'est une haie qui est multistrates donc il faut des arbres et des arbustes, une haie ça va être capable à la fois de dévier une partie du vent au-dessus de nos parcelles de vignes et l'autre moitié qui passe à travers elle va être climatisée. Donc, elle va être plus fraîche et plus humide donc c'est bien mieux pour la nature", complète Pierre Prost.
Une utilisation phytosanitaire modérée dans le Rhône
L’association de défense de l’environnement “Générations futures” dévoile les données officielles sur les achats de pesticides en France. Sans surprise, c’est dans les départements viticoles ou avec des grandes cultures céréalières que les volumes sont les plus importants. Les régions de Bordeaux, la Marne, la Picardie ou du sud de la France. L'Auvergne Rhône-Alpes ne fait pas partie des régions qui utilisent à outrance des produits phytosanitaires.
Le département qui utilise le plus de produits chimiques est la Drôme. Plus de 4 kilos de pesticides sont pulvérisés en moyenne par hectare cultivé dans la Drôme.
Pour les vignes ou pour les fruits, le Rhône en utilise 3,9 kilos par hectare cultivé, quant à l'Ardèche, elle en utilise 2,6 kilos par hectare cultivé.
Au total, 834 tonnes de produits phytosanitaires répandus en une année dans la Drôme. La Drôme est cependant au 30e rang des départements au classement national des pesticides. Le Rhône est 45e avec 533 tonnes, notamment dans le Beaujolais, la vallée du Rhône et la Drôme provençale.
Ces pesticides, herbicides, insecticides, fongicides sont pointés du doigt car certains sont accusés d’être des perturbateurs endocriniens. Il y a également, l’impact sur la biodiversité et l’eau, beaucoup de substances sont considérées comme très toxiques pour les milieux aquatiques.
Les adeptes de la vitiforesterie se font plus nombreux, peu à peu. Les vignerons espèrent rendre leur culture plus résistante au dérèglement climatique.