Marine aurait souhaité passer davantage de temps avec Andrée, son arrière-grand-mère qui va fêter son 101e anniversaire le 18 décembre. La retraitée vit dans un Ehpad de Condrieu. Les visites sont restreintes pour cause de crise sanitaire. Marine réclame davantage d'humanité pour les anciens.
Marine voudrait bien pouvoir serrer dans ses bras son arrière-grand-mère, Andrée, pour son 101e anniversaire. Mais elle a bien conscience que, cette année, la crise sanitaire les prive toutes les deux du moindre geste d'affection. Pour la jeune femme, qui vit à Loire-sur-Rhône à quelques kilomètres de l'Ehpad qui accueille son aïeule depuis une dizaine d'années, la situation est devenue insupportable. Elle nous a contacté pour témoigner et nous faire part de son désarroi et de sa colère.
Des visites réduites à peau de chagrin
Elle ne cache pas sa colère :"aujourd'hui, malgré tous ses combats, on lui autorise seulement une visite d'un de ses proches une fois par semaine, pendant seulement 30 minutes...".
Pour Marine, son arrière-grand-mère est une véritable combattante, qui a survécu à de nombreuses épreuves durant sa longue existence. Son dernier combat, elle l'a remporté en novembre dernier, contre la maladie : "Mon arrière grand-mère, c'est une force de la nature et elle a vaincu le Covid !" explique-t-elle avec fierté. Après une semaine d'incertitudes, les proches de la centenaire ont appris qu'elle avait contracté le virus... "On s'est privé de la voir pour qu'elle ne tombe pas malade et au final, elle a attrapé le virus," s'indigne Marine qui s'interroge aussi sur le bien-fondé de ces mesures de confinement.
Et lorsqu'il s'agit de quitter la vieille dame, la jeune femme au caractère bien trempé, n'accepte pas la maladresse et parfois la rudesse, selon elle, du personnel de l'Ehpad. Des adieux expéditifs ... une souffrance pour l'une et l'autre.
"Ce n'est pas humain !"
Marine l'admet cependant : "le personnel fait ce qu'il peut, il est débordé, fatigué après des mois de crise sanitaire, mais on a besoin de la voir et elle a besoin de nous voir, de nous toucher, de nous entendre... d'autant que depuis qu'elle a été malade du Covid, elle entend moins bien." Selon la jeune femme, la centenaire avait déjà été affectée par le premier confinement et l'isolement dans sa chambre. "Elle tient car elle entend nos voix," explique-t-elle.
Avec ses proches, pendant près de deux longs mois les contacts se résumaient à des appels en visio, grâce au personnel. Marine aimerait profiter au maximum de la présence de son arrière grand-mère. Marine, qui craint le fameux "syndrome de glissement" pour Andrée, demande "au moins une visite par jour. Elle-même nous dit qu'elle se sent seule, et qu'elle va se laisser partir."
Nous n'avons plus le droit d'aimer et de soutenir nos proches, c'est inadmissible !!
Si la jeune femme comprend les contraintes sanitaires pour protéger les anciens, elle s'insurge cependant contre le "manque d'humanité" de ces mesures. "Ce n'est pas humain ! On demande de l'humanité," martèle Marine en pensant à la situation de toutes ces personnes âgées en maison de retraite. Rien ne peut remplacer le contact avec les proches : "ils sont seuls en Ehpad avec des gens qui prennent soin d'eux, mais ce n'est pas la famille!"