Depuis le 18 décembre, le corps de Lucienne Malié n’a pas pu être enterré dans le caveau familial de Dommartin, dans le Rhône. En cause, l'affaire rocambolesque d’un caveau trois places qui s’est avéré n’en avoir qu’une et demie.
C’est une histoire digne d’un film. Depuis cinq semaines, une mère, grand-mère et arrière-grand-mère repose dans une chambre funéraire, faute de place au cimetière de Dommartin, dans le Rhône. Le jour de l’enterrement le 18 décembre dernier, alors que Lucienne Malié devait être mise en terre aux côtés de son mari et sa mère, les pompes funèbres locales annoncent à la famille quelques minutes avant le début de la cérémonie qu’il manque une place dans le caveau.
"Les pompes funèbres nous ont dit "on a un gros problème technique, on n'a pas de place dans le caveau" se remémore Christophe Malié, l’un des trois fils de la défunte. La seule solution proposée est de réduire le corps de l’arrière-grand-mère ou de déplacer les défunts époux dans un autre caveau. Un choc pour les proches réunis.
Depuis le 18 décembre, le corps de Lucienne attend dans une chambre funéraire. Pourtant, c’est bien un caveau trois places qu’avait commandé et payé son mari il y a une vingtaine d’années, factures à l'appui.
Mon père s’était occupé de tout avant sa mort, justement pour nous éviter des tracas. En réalité il s’était fait rouler. Savoir que maman est morte le 10 décembre et qu’elle attend toujours dans un frigo c’est très dur.
Franck Malié, fils de la défunte
L’incrédulité a ensuite laissé place à la colère au sein de la famille. Un sentiment dirigé vers le marbrier de l’époque, qui aurait aujourd’hui mis la clef sous la porte.
"Menée en bateau"
Pour les Malié, les pompes funèbres auraient dû vérifier que la commande réalisée par le marbrier à l’époque était bien conforme. Les pompes funèbres, elles, assurent qu’elles ne sont pas responsables de l'erreur de la société. Depuis le 18 décembre, la famille a le sentiment d’avoir été "menée en bateau" par les PFG : "on nous dit qu’il va y avoir un carottage et qu'il y aura peut-être finalement la place, tout ça pour apprendre cinq semaines plus tard qu’il n’y a qu’une place et demie" s’agace Franck.
Les pompes funèbres assurent pourtant de leur côté avoir fait le maximum. "Dans nos dossiers, il est écrit le nom du concessionnaire sans précision des places qu'est censé comporté un caveau. Nous ne pouvions pas savoir avant l’inhumation que ce caveau était censé avoir trois places" explique Thibault Urcun, directeur du territoire Auvergne Rhône-Alpes chez PFG et interlocuteur de la famille Malié.
"La société de marbrerie a été fermée depuis. Nous n’avons aucun lien avec elle. Si cela avait été le cas, nous aurions pris nos responsabilités. Il y a eu une faute manifeste de cette société. À l’époque, les règles n’étaient pas les mêmes. Aujourd'hui, c’est très réglementé. De notre côté, notre volonté principale est de pouvoir rendre l’hommage le plus digne possible à Madame Malié" ajoute le directeur.
"C'est impossible de faire notre deuil"
La mairie de Dommartin a accordé un nouvel emplacement au cimetière à la famille Malié, qui pourra y faire construire un caveau trois places. "On a dressé le même constat que la famille, nous avons apporté notre aide, mais nous ne sommes en aucun cas responsables de l’aménagement qui a pu être fait sur la concession. Nous n’avions pas l’information que la concession avait été faite seulement pour accueillir deux corps" souligne Alain Thivillier, le maire de la commune. Les Malié devront repayer le caveau aux pompes funèbres, moyennant 7 000 euros, tout en cédant l’ancien.
La famille se réserve la possibilité de poursuites judiciaires. Avant cela, d’autres épreuves les attendent : l’exhumation du père et de la grand-mère avant le transfert définitif des trois défunts dans un nouveau caveau, prévu ce samedi. "La priorité pour le moment c’est que notre mère puisse enfin être enterrée. Car c’est actuellement impossible de faire notre deuil avec cette histoire" avance Franck Malié.