Quinze années de réclusion criminelle ont été requises à l'encontre d'une mère de famille de 29 ans, jugée devant la cour d'assises de la Savoie pour l'empoisonnement de son nourrisson de 2 mois avec un médicament anxiolytique en 2018. Elle a été acquittée mercredi soir.
La plaidoirie de l'avocat de la défense a été longue et détaillée. Point par point, le conseil de l'accusée a démontré que ses aveux, scientifiquement, ne tiennent pas la route. La jeune femme de 29 ans connaissait bien les dosages de l'Alprazolam, le médicament anxiolytique retrouvé dans le biberon de son fils, âgé de 2 mois à l'époque des faits, en 2018.
L'accusée a avoué aux enquêteurs avoir mélangé deux comprimés à 16h30 ou 17 heures. Or, le dosage retrouvé dans le sang de l'enfant était trop élevé pour que cette version soit crédible. Et ses malaises sont survenus à un horaire plus tardif, après 20 heures, a démontré l'avocat de la défense dans sa plaidoirie, au dernier jour du procès de la mère de famille qui, aujourd'hui, clame son innocence.
La jeune femme a été acquittée par la cour d'assises de la Savoie mercredi 4 mai. "C'est plus qu'un soulagement, c'est une satisfaction. Ca fait quatre ans qu'on dit la même chose. Quatre ans de vie perdus", a réagi son avocat, Me Olivier Connille, qui avait plaidé l'acquittement. "Toutes ces pistes qui n'ont pas été exploitées, l'absence de réaction des enquêteurs, du juge d'instruction, notamment au début de l'enquête, a-t-il regretté. Ca m'affole."
A ce jour, l'enfant victime de l'empoisonnement se porte bien. Le petit garçon vit avec son père biologique et ne souffrirait d'aucune séquelle. Pour la mère de famille acquittée, "la priorité, ça va être de revoir son fils", a ajouté son avocat.
Une nouvelle plainte déposée "prochainement"
Pendant de longues minutes, dans son réquisitoire, l'avocat général a listé les soupçons qui pèsent sur l'accusée. "Elle a préparé le biberon, dit-il, c'est elle qui a mis le lait et l'a donné à l'enfant. C'est une monstruosité."
Le magistrat de l'accusation avait requis 15 années de réclusion criminelle à l'encontre de l'accusée. Il a également rappelé les soupçons qui pèsent sur un autre empoisonnement supposé, celui du père de son premier enfant qui a fait un malaise inexpliqué. Des faits rapportés par le témoin mercredi à la barre. Mais pour l'avocat de la défense, cette thèse ne tient pas.
Le père biologique de l'enfant est présent depuis le début de l'audience, très souvent en larmes. Lui et son avocate attendaient avant tout des réponses, jugeant les aveux de l'accusée peu crédibles au vu des éléments du dossier.
"C'est difficile pour lui (le père de l'enfant, ndlr) parce qu'il reste sur son questionnement", a déclaré Me Marie-Laure Martinez. Après le rendu du verdict, l'avocate des parties civiles a annoncé vouloir déposer plainte "prochainement" contre le compagnon de la mère de famille, présent au domicile le soir de l'empoisonnement. "Il nous manque une partie de la vérité, juge-t-elle. Si ce n'est pas madame, qui est-ce ? Il reste le compagnon donc on va le poursuivre."