Une ancienne aide-soignante de l'Ehpad du Césalet, à Jacob-Bellecombette, en Savoie, comparaissait devant le tribunal de Chambéry pour violences sur douze résidents, ce lundi 20 janvier. Le tribunal a requis à son encontre 18 mois de prison avec sursis. La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 17 mars prochain.
À l’issue du procès qui se tenait ce lundi 20 janvier au tribunal correctionnel de Chambéry, 18 mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre d'une ancienne aide-soignante de l’Ehpad du Césalet, à Jacob-Bellecombette (Savoie).
Cette dernière, âgée de 26 ans, comparaissait pour violences sans incapacité sur 12 résidents de l’unité Myosotis : une unité psychogériatrique où sont prises en charge des personnes âgées atteintes de démence moyenne à sévère et de trouble du comportement.
"Des étranglements, des bousculades et des gifles"
Les faits reprochés se sont produits entre mars 2023 et mars 2024. Selon les témoignages de ses anciens collègues, la jeune-femme aurait infligé des mauvais traitements à ces pensionnaires : des gifles, des coups de pied, des douches froides.
"On a des étranglements, on a des gifles, on a des actes qui, dans la vie courante sur des personnes valides, ne seraient pas si graves que ça. Mais là, on est sur des personnes qui sont particulièrement vulnérables, on est dans un EHPAD, dans un service de gériatrie. Donc oui, c’est particulièrement grave par rapport à cette population", déplore Me Christian Guilland, avocat des parties civiles.
La prévenue nie en bloc
À la barre, la prévenue réfute toute accusation. Elle reconnaît un seul geste brusque, une cuillère enfoncée dans la bouche d’une résidente de 96 ans qui ne se nourrissait pas. "Il fallait la faire manger", se défend la jeune femme, avant de poursuivre, "et d’ailleurs, elle a mangé". Dans la salle d’audience, où de nombreuses familles de victimes sont présentes, c’est la stupeur.
La prévenue reconnaît un geste franc mais pas malveillant. "Je ne me considère pas comme brusque", se défend la jeune-femme. "C’est peut-être ce qui explique votre présence ici aujourd’hui", réplique la présidente.
Pour son avocat Me Raphaël Yildiz, qui demande la relaxe, ces faits doivent être contextualisés : "Ma cliente conteste les faits. Et, à supposer qu’ils aient pu être commis, se pose la question de l’intentionnalité. Vous avez des prises en charge qui sont réalisés dans des conditions extrêmement difficiles donc on attend du personnel soignant des conditions irréprochables. Néanmoins, il faut toujours contextualiser une situation. Et quand vous faites face à un public qui peut être particulièrement difficile à prendre en charge, il peut y avoir des mots ou des gestes qui peuvent échapper sans forcément que ceux-ci ne soient qualifiés de violents. Donc nous les contestons dans leur matérialité."
"Que justice soit faite"
De nombreuses familles de victimes sont venues assister au procès, dont Geneviève Grollier, la fille d’une résidente : "J’attends que cette personne soit condamnée en mesure de ce qu’elle a fait et qu’elle ne retravaille plus avec des personnes âgées. On laisse la justice se faire."
À son encontre, le représentant du ministère public Cedric Mestre a requis une peine de 18 mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans et interdiction définitive d’exercer une profession médicale.
À la fin du procès, la prévenue, qui a démissionné quelques jours après les dénonciations, réaffirme qu’elle aurait "souhaité faire ce métier toute sa vie". Actuellement sans emploi, ni ressource, elle se lance dans une formation de soins pour les animaux. "Le social ce n'est plus pour moi. Avec les animaux, si ça ne va pas, ils mordent." La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 17 mars prochain.