Les deux responsables de la "Pension du Lac d'Aiguebelette", à Novalaise, sont soupçonnés d'un trafic de chiens de race en provenance d'Europe de l'Est. Un vétérinaire a également été entendu.
Ce samedi 4 avril, la garde à vue du couple a été levée. L'homme et sa femme ont été entendus à la gendarmerie de Pont-de-Beauvoisin en charge de l'enquête. Ils sont soupçonnés de trafic de chiens. Huit animaux ont été saisis et confiés à un refuge de la SPA de la région parisienne. Des chiens de race, des "Shar-Peis", des "chihuahuas" et des "Bulldogs", qui se retrouvaient sur le marché alors qu'ils arrivaient de Hongrie. Un vétérinaire, lui aussi entendu, aurait facilité les ventes en France.
Selon Pierre Filliard, vice-procureur de la République du tribunal de Chambéry, le couple a "reconnu une grande partie des faits face aux éléments que leur ont présentés les enquêteurs". Les animaux étaient achetés en Hongrie avant d'être revendus, bien plus cher, en Savoie. Le vétérinaire mis en cause, en revanche "a tout nié, et expliqué qu'il n'était pas au courant"." Pour "tromperie aggravée", les trafiquants présumés encourent sept ans de prison et 750.000 euros d'amende.
Pierre Filliard a expliqué que l'élevage "était surveillé depuis des mois, et ses pratiques étudiées de près. Depuis deux, trois ans, le nombre de chiots, sans cesse croissant, qu'ils vendaient dans les salons n'était pas compatible avec les capacités de reproduction de l'élevage. Celui-ci avait, en outre, fait l'objet d'un arrêté préfectoral de fermeture administrative, -pour non respect de mise aux normes de ses installations-, et dont ils n'avaient jamais demandé la levée."
Interview
La fondation 30 millions d'amis a souvent dénoncé ces trafics en provenance de l'Est. Pour la fondation, "les premières victimes sont bien sûr les animaux: conditions d'élevage indignes (usines à chiots à l'hygiène inexistante où les petits sont enlevés à leur mères avant même d'être sevrés), conditions de transport telles que beaucoup meurent avant d'être parvenus à destination, vaccins périmés ou falsifiés... Les trafiquants ne reculent devant aucun procédé. Les animaux qui survivent sont vendus en France".
Selon Anne Askévis, de l'association "Les Amis des bêtes", "il n'est pas rare de voir des chiots achetés, au mépris de toutes les règles vétérinaires, 30 euros à l'étranger et revendus, après modification de leurs papiers, entre 900 et 1.000 euros. Une situation d'autant plus grave que, dans certains pays, la rage sévit encore."
Reportage Jordan Guéant & Maxime Quémener