Clémentine Filippini habite la vallée de Tignes, en Savoie. Elle exerce le métier de "dameuse" par passion. Chaque nuit, elle modèle les pistes de ski à plus de 3 000 mètres d'altitude, dans le secteur de la Grande Motte.
Pour que les skieurs puissent savourer les descentes sur les pistes de Tignes (Savoie), les "dameurs" sont un maillon essentiel de la vie en station. Une trentaine d'entre eux est à l’œuvre à la nuit tombée. Clémentine Filippini fait partie de ces travailleurs de la poudreuse depuis 20 ans quasi exclusivement sur le secteur de la Grande Motte.
Une autre vision de la station
Objectif : livrer une piste impeccable, "du velours", dès l'ouverture des remontées mécaniques à 9 heures du matin. "Même les pistes damées la veille, je dois les refaire, surtout les pistes bleues car il faut qu'elles soient parfaites pour les débutants", explique Clémentine Filippini. Les pistes ne changent pas, mais la neige est différente."Tous les jours on remet la neige quelque part, on la modèle. C'est à la fois rébarbatif et en même temps je ne me lasse pas", assure-t-elle.

Clémentine a pris son service dans la nuit à 2 heures du matin et apprécie cette atmosphère unique. "Aujourd’hui, il fait un peu mauvais, il y a un peu de vent avec des flocons qui virevoltent, cela peut être stressant pour certains, c'est un autre monde", sourit-elle. Un travail solitaire même si chaque dameur est en lien avec le reste de l'équipe.
La travailleuse saisonnière a toujours aimé les engins et les tracteurs. "Quand j'étais petite, j'aimais ce genre de jouets dans le bac à sable", plaisante Clémentine qui est née à Douvaine en Haute-Savoie. À 18 ans, elle passe son bac et part travailler en station. C'est là qu'elle découvre les dameurs et se forme au métier la nuit grâce à des professionnels bienveillants. La journée, elle reste travailler au niveau des télésièges mais laisse vite les remontées mécaniques pour sa nouvelle passion.
Quelle que soit la météo, Clémentine répète ainsi les allers-retours à bord de sa machine… Pour combler les trous, lisser la surface, ne laisser aucun bourrelet qui pourrait surprendre le skieur. "Tant que tu n'as pas vécu une tempête à 3 000m d'altitude, tu ne sais pas ce que c'est", s'exclame Clémentine. Si elle ne se sent pas en danger, elle reste prudente.
C'est plus que mon lieu de travail, je vis pour la montagne.
Clémentine Filippini, dameuse à Tignes
En 20 ans de pratique, Clémentine a vu le matériel évoluer. Les dameuses sont aujourd’hui équipées de GPS. L’instrument offre une aide précieuse quand la tempête fait rage et que la visibilité est nulle. Les outils technologiques permettent aussi de gagner du temps. "Au lieu de chercher où sont les limites, repérer les jalons, on va directement suivre le bord de la piste", explique-t-elle.
La nuit de travail bientôt terminée, Clémentine nous montre des endroits stratégiques pour contempler le lever de soleil et ses couleurs uniques. "C'est plus que mon lieu de travail, je vis pour cet endroit", raconte Clémentine. Brouillard, brume ou ciel dégagé, rien ne peut gâcher le spectacle pour celle qui ne s'imaginerait pas quitter sa montagne.