D'abord écartée, puis retenue, puis de nouveau écartée, la station de Val d'Isère ne sait toujours pas si elle va rejoindre l'aventure des JO 2030 et accueillir des épreuves. Une situation aggravée par la crise politique actuelle.
Une incertitude qui dure depuis plus d’un an. Val d’Isère ne sait toujours pas si elle accueillera ou non des épreuves pour les Jeux olympiques de 2030 qui auront lieu dans les Alpes françaises. La crise politique actuelle, entre la chute du gouvernement Barnier et l’absence de budget, ne fait qu’accentuer les doutes.
J'ai juste besoin de savoir. Qu'on me dise oui ou non mais il faut me dire quelque chose parce que là, chaque jour perdu, on le regrettera dans la dernière ligne droite.
Patrick Martin, maire (SE) de Val d'Isère
L'année dernière à la même époque, Patrick Martin déchantait déjà. Alors que Val d'Isère devait initialement accueillir les épreuves de slalom pour les JO-2030, le maire apprenait que sa station avait finalement été retirée du projet des Alpes françaises, le Comité international olympique (CIO) souhaitant un regroupement des sites de ski alpin autour de Courchevel-Meribel.
Après un lobbying insistant et de nombreux soutiens, comme celui de la star locale Jean-Claude Killy, triple champion olympique à Grenoble en 1968, la station retrouve au début de l'été, "non sans difficulté", le programme olympique pour les épreuves techniques de ski, après avoir construit un dossier chiffré sur la faisabilité du projet.
La station présente sur la carte mais sans épreuve
Mais tout s'écroule à nouveau le 24 juillet, quand le CIO attribue officiellement "sous conditions" les JO-2030 aux Alpes françaises et que Patrick Martin découvre que Val d'Isère a bien été remis sur la carte, mais sans épreuve. "On est un petit peu maltraités quand même. Mettre des gens sur une carte sans épreuves", souffle le maire.
Depuis, la situation est au point mort. Val d'Isère a certes bénéficié du soutien du Premier ministre Michel Barnier - ex-co-président savoyard du comité d'organisation des JO-1992 d'Albertville et intéressé de près par le dossier - qui a signé la garantie financière actant l'organisation des Jeux.
"Manque de pot, il n'est plus Premier ministre !" observe l'édile alors que le gouvernement a été censuré la semaine dernière, faisant planer l'incertitude sur l'adoption du budget 2025, dans lequel se trouve une partie de la garantie financière qui doit être votée d'ici mars.
Incertitudes politiques
"Il n'y a pas de loi de finances, il n'y a pas de comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) et la fameuse société Solideo qui doit gérer les sites n'existe pas encore", énumère-t-il.
La nomination du futur patron du Cojo traîne en effet en longueur. Le quintuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade, candidat idéal sur le papier, n'a pas les faveurs de Laurent Wauquiez et une intense bagarre se déroule en coulisses. Et "avec la censure, tout est bloqué", indique une source proche du dossier.
"A cinq ans des Jeux, il y a une certaine urgence à ce que le Cojop soit créé et fonctionnel", a affirmé jeudi David Lappartient, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).
"On est capable de le faire"
Malgré le blocage, Patrick Martin reste optimiste : "J'ai le soutien de tout le monde, du président du CNOSF au président de la région (Laurent Wauquiez)... Tous les politiques, tous mes collègues maires".
Surtout, assure-t-il, "on sait faire ! Quelle station est capable de dire qu'elle organise des compétitions internationales de ski depuis 70 ans sur une piste aussi mythique que la Face de Bellevarde ?"
"Mais il faut qu'on sache vite pour pouvoir faire les choses comme il faut, de manière durable. Si ça traine encore, je crains qu'on reste sur des vieux schémas", a-t-il ajouté.