Stupéfaits d'avoir appris que des églises étaient visées par des projets d'attentats, les catholiques sont appelés par leurs responsables religieux à rester sereins et vigilants et à continuer à fréquenter leurs lieux de culte, dont la protection va être adaptée. Exemple à Grenoble et Chambéry.
"Les catholiques ne céderont pas à la peur", affirme la conférence des évêques de France, qui rassemble les évêques et cardinaux. Les églises "doivent rester des lieux ouverts, des lieux d'accueil, conforme à l'esprit même de la religion catholique." Malgré ce discours ferme et confiant, les catholiques ont découvert avec inquiétude qu'eux aussi pouvaient être la cible d'attentats.
En apprenant que des paroissiens de Villejuif auraient pu trouver la mort, le vicaire général des diocèses de Savoie a eu un sentiment de "stupeur, doublé d'effroi". Toutefois, pour l'homme d'église, à l'approche des fêtes de l'Ascension et de la Pentecôte "continuer à se rassembler est la meilleure des réponses".
Reportage Faïza Garel et Florine Ebbhah
Glisser dans un conflit "croisade contre jihad", voilà "le but des terroristes", analyse Odon Vallet, historien des religions. "On pensait depuis longtemps que des attentats pouvaient se produire dans des églises parce qu'il y en a eu dans des pays africains, parce que les églises sont des endroits où on entre facilement et où on peut cibler une population chrétienne".
En s'en prenant à une église, "c'est l'essence même de la France qu'on a sans doute voulu viser", a souligné le Premier Ministre Manuel Valls. Toutefois, "nous ne voulons pas nous incliner devant une conception du monde qui ferait de nous des ennemis les uns les autres", un discours d'apaisement salué par le gouvernement.
Impossible de surveiller toutes les églises
Depuis les attentats de janvier, et la mise en place du plan Vigipirate, la sécurité a été renforcée autour de certains lieux particulièrement sensibles, surtout à Paris. Au total, sur les 45.000 lieux de culte catholique, 180 environ bénéficient d'une protection spécifique, et le ministre de l'Intérieur a prévenu que le dispositif allait être adapté, avec notamment la présence de patrouilles.Mais comment assurer la protection d'un tel nombre d'édifices? C'est "quasiment impossible" estime Odon Vallet, "l'Eglise catholique cherche à maintenir les églises ouvertes dans la mesure du possible".
Depuis le plan Vigipirate, il est cependant conseillé aux paroisses de n'ouvrir qu'un seul accès. A l'entrée, le personnel ou les bénévoles peuvent aussi demander aux visiteurs d'ouvrir leurs sacs qu'ils n'ont cependant pas le droit de fouiller.
Tomber dans la psychose, la majorité des catholiques interrogée à Grenoble se l'interdit. Mais une paroissienne relève tout de même: "il y a des protections pour les synagogues et les mosquées, mais on ne comprend pas qu'il n'y ait pas de protection pour nos églises, on est un pays chrétien! la France est quand même la fille aînée de l'église."