En Savoie, la tension monte entre randonneurs et agriculteurs depuis le déconfinement

Avec le déconfinement, les randonneurs se sont rués sur la montagne. Et les mauvaises pratiques ont explosé, provoquant la colère des agriculteurs en Savoie. Une réunion était organisée jeudi par le Grand Chambéry pour évoquer cette problématique.

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Le déconfinement a ravivé une vieille rancœur entre randonneurs et agriculteurs. Dès la mi-mai, certains secteurs des Bauges, en Savoie, ont été pris d'assaut par les promeneurs. Les voitures pullulaient sur les parkings, certains allant même jusqu'à se stationner dans les champs et les mauvaises pratiques n'ont pas manqué à l'appel.

La maire d'Arith, village rural de quelques centaines d'habitants, reconnaît un "problème de partage de l'espace". "Les premiers week-ends post-confinement, la surfréquentation a cristallisé les tensions", explique Cécile Trahand. Jusqu'à 150 voitures ont stationné sur un parking qui ne compte que 40 places. Marchant sur des terrains privés, campant dans des espaces naturels protégés, laissant des déchets dans la nature, certains randonneurs se sont attirés les foudres des habitants, et plus particulièrement des agriculteurs.

"Quand on leur dit qu'ils piétinent les fleurs, ils ne comprennent pas. Et même ils nous engueulent quand on monte en quad ou en tracteur. Ils nous accusent de polluer. Moi je vais au boulot, je vais pas me promener", s'indigne Rolland Morand, agriculteur à Arith, auprès de France Bleu Pays de Savoie.

 

Définir un cadre

Des comportements irrespectueux qui "ne datent pas d'hier", relève Jean-Luc Petit-Gas, président du comité de Savoie de la Fédération française de randonnée pédestre. "A Arith, des pâturages entiers ont été massacrés, c'est un phénomène de société, les gens font ce qu'ils veulent", pointe-t-il. La Fédération a édité une charte du randonneur, expliquant notamment les bonnes pratiques en montagne, mais son écho résonne surtout auprès des adhérents. Et certainement pas toutes les personnes qui se sont rendues en montagne sitôt le confinement levé.

Jean-Luc Petit-Gas prêche pour le retour des gardes champêtres, chargés de veiller aux bonnes pratiques en milieu rural, qui se font nettement moins nombreux ces dernières années. Et c'est comme si son appel avait été entendu. Une réunion était organisée jeudi 11 juin par le Grand Chambéry. Autour de la table : huit maires de communes du massif des Bauges et des responsables de fédérations.

"L'objectif était de rendre certaines règles acceptables par tous et supportables pour ceux qui en vivent", résume Xavier Dullin, président de l'agglomération chambérienne. Les élus locaux ont fait remonter les problématiques rencontrées sur leurs territoires, la surfréquentation des espaces naturels en premier lieu.

 

"Education à l'environnement"

Il a notamment été évoqué de renforcer la présence d'agents médiateurs au départ des itinéraires de randonnées, en lien avec le Parc naturel des Bauges, pour "participer à l'éducation à l'environnement". Le Grand Chambéry ambitionne aussi de "financer des aménagements communaux" pour aider les municipalités à faire face à cet afflux de fréquentation.

Mais quelle réponse aux agriculteurs excédés par certains comportements ? Des dédommagements sont à l'étude. "Et ces mêmes agriculteurs sont bien contents d'avoir des randonneurs qui viennent acheter leurs fromages", répond Xavier Dullin. Malgré les problématiques soulevées, le président de l'agglomération se réjouit de revoir des randonneurs en montagne : "On dit que le goût de l'effort est passé de mode, mais quand les gens ont besoin d'espace, chacun s'y remet."

Toutes ces ambitions seront réunies dans un schéma directeur des espaces naturels qui sera soumis au vote des élus du Grand Chambéry "dès que les élections seront passées". Avant cela, sans attendre l'été, la maire d'Arith va prendre un arrêté pour limiter le nombre de voitures pouvant stationner sur le parking de la commune, régulièrement saturé les week-ends. "Le gage d'un accueil correct et supportable par tout le monde", selon Cécile Trahand, espérant que la fréquentation revienne à un niveau "plus normal" dans les semaines à venir.

 

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