Avec deux gros globes de cristal, un titre olympique et trois médailles d'or aux Mondiaux, Anna Veith a tiré sa révérence samedi à 30 ans, après avoir été ralentie au sommet de son art par une grave blessure à l'automne 2015.
Entre septembre 2019 et mai 2020, le ski alpin autrichien a vu ses deux têtes d'affiche flamboyantes des années 2010 s'arrêter: samedi, c'est Anna Veith, Fenninger au début de sa carrière, double lauréate du gros globe de cristal (2014 et 2015), qui a annoncé sa retraite sportive, huit mois seulement après Marcel Hirscher, octuple vainqueur de la Coupe du monde de ski alpin (2012-2019). "Mes rêves pour l'avenir ont changé ces dernières années, c'est pourquoi je veux mettre un terme à ma carrière de skieuse", a expliqué Veith, dans un entretien d'une demi-heure accordé à la télévision publique autrichienne ORF.
Née en juin 1989 à Hallein près de Salzbourg, Anna Fenninger est passée par le sport-étude de Bad Gastein, qui a notamment vu éclore Hermann Maier. Elle a également partagé la même classe que Marcel Hirscher, sur les bancs de l'école de Bad Hofgastein. Ses prouesses chez les jeunes la propulsent au rang de grand espoir autrichien, privé de cristal pendant que l'Américaine Lindsey Vonn ou l'Allemande Maria Höfl-Riesch brillent à la fin des années 2000 et au début des années 2010. Le premier titre de championne du monde en 2011 à Garmisch-Partenkirchen en combiné laisse présager une carrière dorée, mais elle tarde à confirmer.
L'apothéose de Beaver Creek
C'est au cours de l'hiver 2013/14 que la carrière de Fenninger décolle: aux JO de Sotchi-2014, elle décroche l'or en super-G et remporte le classement général de la Coupe du monde de ski alpin quelques semaines plus tard. La saison suivante c'est l'apothéose: deux titres mondiaux à Beaver Creek (slalom géant et super-G), une médaille d'argent en descente et un nouveau gros globe de cristal. L'Autriche espère avoir enfin le pendant féminin de Marcel Hirscher, qui écrase la concurrence depuis 2012 chez les messieurs. C'était sans compter sur une grave blessure en octobre 2015, à trois jours de l'ouverture de la saison. Sur le glacier du Rettenbach de Sölden en Autriche, le genou droit de Fenninger cède: rupture du ligament croisé antérieur, du ligament latéral interne et du tendon rotulien. La Salzbourgeoise mettra de très longs mois pour tenter de revenir à son meilleur niveau, en vain. Aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018, elle occupe la tête
du super-G jusqu'au passage de la Tchèque Ester Ledecka, spécialiste de snowboard, parmi les dernières concurrentes, qui lui passe devant pour un centième. "Le moment le plus fort en émotions de ma carrière", a-t-elle reconnu samedi. Les deux saisons qui suivent sont compliquées, avec une nouvelle blessure en janvier 2019 (à nouveau le ligament croisé antérieur du genou droit), qui la prive des Mondiaux à Are (Suède). S'amorce alors un déclin dans la hiérarchie mondiale. "J'ai vécu mon rêve d'enfant. C'est maintenant le bon moment de m'arrêter", a-t-elle estimé.