Les Suisses ont voté à plus de 71% pour la conservation de la redevance télé. Une victoire pour les défenseurs de l'audiovisuel public, mais qui annonce une période difficile pour l'avenir.
Les médias publics suisses peuvent souffler, les Helvètes ont dit non à la suppression de la redevance télé ce dimanche. Après une campagne de plusieurs mois menée par un mouvement de jeunes libéraux, plus de 71% de la population ont voté pour la conservation de cette taxe. Les Suisses ont aussi voté oui au maintien de la TVA et de l’impôt fédéral direct.
Ce vote a été initié par plusieurs jeunes sympathisants libéraux, proches du parti Libéral-radical et soutenus par l'Union démocratique du centre, qui avait recueilli 100 000 voix citoyennes en 2015 nécessaires pour organiser le référendum.
Une forme de plébiscite pour l’audiovisuel public qui montre que malgré la transition numérique, les téléspectateurs restent attachés au principe du service public d’information.
Pour les abolitionnistes, la redevance n’a plus rien à voir avec leur génération qui a grandi avec le développement des plateformes de vidéo en ligne et les chaînes de télévision sur abonnement.
Il existe une seule Télé-radio nationale de l’autre côté des Alpes, la SSR, qui diffuse dans les quatre langues officielles, l’allemand, le français, l’italien et le romanche.
Elle emploie environ 6000 personnes et reste financée aux trois quarts par cette redevance.
392 euros en Suisse contre 138 euros en France
Cette taxe, payable par tous, et non uniquement pour les détenteurs d’un poste de télévision, s’élève à 392 euros (451 francs suisses), ce qui en fait l’une des plus chères d’Europe. Elle devrait néanmoins être abaissée à 365 francs suisses, soit 316 euros l'an prochain.
A titre de comparaison, elle est fixée à 138 euros en France métropolitaine pour 2018 et 88 euros pour les territoires d’Outre-mer.
Communiqué de presse des @JLRGeneve sur #NoBillag @NoBillagFR #CHVote pic.twitter.com/oIfIuzHG2D
— JLR Genève (@JLRGeneve) 4 mars 2018
Des mesures d'austérité à prévoir
Les jeunes libéraux-radicaux genevois, défenseurs de la suppression ont expliqué dans un communiqué "regretter ce résultat" mais se disent satisfaits d'avoir levé "le tabou du financement obligatoire des médias".
Alain Rebetez, journaliste de la chaîne publique, a exprimé avec émotion son soulagement, estimant que "le travail des employés de la SSR est reconnu" par le peuple suisse.
Malgré le répit offert par cette victoire, la télévision publique suisse devra faire des économies drastiques dans les prochaines années.
La SSR a déjà annoncé dans la foulée des résultats un plan "d'efficience et de réinvestissement" de 100 millions de francs (86 millions d'euros), mis en oeuvre dès 2019, qui devrait notamment comprendre des suppressions d'emplois.