Suspectés d'avoir corrompu ou violenté des chauffeurs de bus, sept passeurs de migrants entre l'Italie et la France arrêtés

Un réseau de passeurs a été démantelé à la gare routière de Milan, en Italie. Les malfaiteurs faisaient monter des migrants sans papiers dans des bus à destination de la France, avec la complicité achetée ou contrainte de chauffeurs de bus.

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Sept personnes suspectées d'appartenir à un réseau de passeurs de clandestins ont été interpellées en Italie mardi 21 janvier. Certaines sont notamment soupçonnées d'avoir corrompu ou violenté des chauffeurs de bus à destination de la France pour permettre le passage de personnes sans papiers.

L'enquête du parquet de Milan serait partie de recoupements d'informations obtenues par la police municipale de la capitale lombarde, avec celles recueillies lors de contrôles de réadmission de migrants irréguliers. Ceux-ci ont été effectués par la police des frontières des secteurs de Bardonecchia (Piémont), l'entrée italienne du tunnel du Fréjus, et de Courmayeur-Aoste (Vallée d'Aoste), l'entrée italienne du tunnel du Mont-Blanc.

Des recoupements qui ont mis en évidence le rôle de ces passeurs installés à la gare routière de Lampugnano, l'un des principaux "hub" de Milan desservant, par bus, de nombreuses destinations internationales.

Jusqu'à 500 euros le billet

Ces passeurs, de nationalités diverses, achetaient sur internet des titres de voyage sous de fausses identités. Pour les revendre ensuite à des migrants sans papiers, désireux de passer en France ou en Suisse.

Un ticket pour l'étranger dont le prix pouvait varier de 100 à 250, voire 500 euros. Et qui comprenait également un "bon à l'embarquement" délivré par le chauffeur de bus. Dans les documents émis par le procureur du tribunal de Milan, on parle de "modalités corruptives" qui auraient permis d'acheter le silence des conducteurs.

Certains auraient été payés pour fermer les yeux sur l'identité de leurs passagers au moment des contrôles alors que d'autres ont été menacés ou même violentés. Pour intimider l'un de ses collègues qui avait fait descendre des migrants de son véhicule, un chauffeur lui aurait ainsi enfilé un sac poubelle sur la tête pour le faire suffoquer.

Deux conducteurs de bus interpellés

Ce chauffeur, également auteur de menaces de mort sur le même collègue, est d'ailleurs l'un des deux conducteurs interpellés par la police milanaise. Cinq passeurs présumés ont été incarcérés, un seul restant encore en fuite.

L'un des 30 bus de voyageurs qui passent en moyenne chaque jour au tunnel du Fréjus © MAXPPP

Les bureaux de leurs employeurs, trois compagnies de bus sous-traitantes de Blablacar et Flixbus (qui, pour l'heure, semblent avoir été mises hors de cause), ont été perquisitionnés et ceux-ci ont été mis en examen en vertu de leur responsabilité administrative.

Quant à savoir, maintenant, si ce coup de filet sera suffisant pour stopper le trafic de migrants au départ de Milan, rien n'est moins sûr.

Un réseau qui pourrait en cacher d'autres

En premier lieu car, toujours d'après les documents des enquêteurs, cette filière ne serait que la partie désormais visible d'un réseau de trafic d'humains actif dans tout le nord italien : de Milan à Novara ; d'Aoste à Turin.

Et même au-delà, puisque le "service", comme on l'appelle dans le réseau, est même connu hors de l'Italie, notamment en Tunisie. Le témoignage d'un migrant mineur tunisien, interpellé lors d'un contrôle dans un bus en route vers Paris en mars 2023, permet au procureur de l'affirmer.

Le réseau illicite de la gare Lampugnano de Milan lui aurait été indiqué dès son embarquement pour l'Italie sur les côtes de la Tunisie. Et confirmé à son arrivée dans le Sud italien. Un témoignage parmi beaucoup d'autres, tous se rapportant à des faits survenus entre septembre 2022 et mars 2024. 

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