Le gouvernement va ponctionner 100 millions d'euros sur les réserves de près d'une cinquantaine d'universités et écoles afin de boucler le financement des dotations 2015 de l'enseignement supérieur. Grenoble II va participer à cet "exercice de solidarité".
Au total, 11 des 76 universités, 25 des 36 écoles d'ingénieurs de France et une dizaine de grands établissements vont voir leurs fonds de roulement mis à contribution, selon le ministère de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur. Il affirme que cela n'affectera pas les projets d'investissement des établissements concernés et que leurs réserves dépasseront encore 65 jours de fonctionnement, là où 30 jours lui semblent suffisants.
Ainsi l'université Grenoble II va devoir se passer de 6,68 millions d'euros.
"Cela fait plusieurs mois qu'on sait qu'ils vont" prélever 100 millions, "on leur dit que c'est inepte", déplore Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d'université (CPU), pour qui on ponctionne "les universités les plus vertueuses". "L'année prochaine, c'est 300 millions qu'il va falloir trouver, on ne sait pas comment".
"Je me suis battue, et j'ai obtenu gain de cause, pour que les mobilisations des fonds de roulement soient ponctuels, d'un montant très limité, et surtout pour que cette somme soit redéployée au bénéfice de tous les établissements d'enseignement supérieur", avait déclaré la semaine dernière la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, qui assure l'intérim depuis la démission de la secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso début mars.
Mais les dotations seraient en hausse
Sur le papier, les dotations 2015 des universités et des écoles pour leur fonctionnement et leur masse salariale augmenteront de 200 millions d'euros, dans un contexte de hausse du nombre d'étudiants: une moitié de cette hausse est financée en réalité grâce à la ponction sur les réserves des universités, l'autre grâce à la "réduction spontanée de dépenses immobilières".Ces dotations permettront aux universités de compenser partiellement l'exemption des droits d'inscription dont bénéficient les boursiers, la moitié de la hausse automatique de la masse salariale (non prise en compte lors du passage des universités à l'autonomie à partir de 2008), des "mesures catégorielles" pour les personnels de catégorie B et C et la création des 1.000 postes par an prévus chaque année sur le quinquennat.
Les fonds de roulement des universités et écoles totalisent 1,5 milliard d'euros, dont le quart restait "libre d'emploi", selon un rapport de l'Inspection générale des Finances (IGF) et de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) remis le 10 avril, sur la base des comptes 2014 arrêtés début avril, c'est pourquoi les dotations n'avaient pas été notifiées plus tôt, dit le ministère.
Cette notification tardive n'a pas empêché les universités de voter leur budget 2015 et n'a "en aucun cas mis en cause leur capacité à fonctionner normalement", assure-t-il. Une notification aussi tardive "ça nous enlève une visibilité, ça nous empêche de faire un budget sincère", tempère le président de la CPU.
Les dotations seront officiellement présentées lundi à la communauté universitaire.