Coronavirus : les auto-entrepreneurs des chambres d'hôtes veulent avoir droit à l'aide d'urgence de la Région

Ils gèrent leurs hébergements touristiques sous forme d'auto-entreprise, micro-entreprise, ou entreprise individuelle. Ils font face aux mêmes difficultés financières que les autres professionnels du tourisme. Alors ils lancent une pétition pour avoir droit à l'aide d'urgence de la Région.

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Une première pétition pour se faire entendre

Cathy Wagner ne comprend pas. Elle a ouvert au printemps 2018 le domaine de l'Ocrerie à Pourrain, en Puisaye. Une chambre d'hôtes et maison d'arts dans laquelle elle a beaucoup investi et qui allait démarrer sa troisième saison.

La crise sanitaire est passée par là, les touristes ne sont pas venus. Comme d'autres auto-entrepreneurs, micro-entrepreneurs ou entreprises individuelles, elle s'est d'abord tournée vers l'aide de l'Etat. Mais 1500 euros pour faire face aux échéances de prêt et aux charges, qui ne sont que repoussées et tomberont dans quelques mois, ça ne suffit pas.

Elle a alors voulu solliciter l'aide d'urgence annoncée par la Région. Une aide qui devait initialement être seulement accordée aux hôtels, campings, centres de vacances et gîtes de groupes de plus de 16 lits.

Cathy Wagner a alors lancé, mi-avril, une première pétition. Sa mobilisation et celles d'autres professionnels concernés a abouti : le 24 avril dernier lors de sa session plénière, la collectivité élargissait cette aide aux chambres d'hôtes et gîtes.

Une deuxième pétition en cours

Les 500 signataires pensaient alors avoir eu gain de cause, puisque la Région précisait que cette aide s’élèvera à :
  • 3 000 € pour les professionnels exploitant des meublés et des chambres d’hôtes à vocation touristique ;
  • 5 000 € pour les hôtels (toutes catégories confondues), l’hôtellerie de plein air (campings, parcs résidentiels de loisirs), les centres et villages de vacances et les gîtes de groupes de 14 lits minimum en une seule unité immobilière.
Mais les critères d'éligibilité sont précis :
  • "Les structures concernées doivent justifier d’une baisse de chiffre d’affaires de 50 % minimum cumulée entre les mois de mars-avril 2019 et mars-avril 2020.
  • Elles doivent compter jusqu’à 50 ETP et disposer du statut de société constituées sous forme de SARL, EURL, SA, SAS, SASU, EARL et GAEC, ou d’association de tourisme social. 
  • Les meublés et les chambres d’hôtes à vocation touristique devront justifier d’un chiffre d’affaires minimum de 24 000 € en 2019."
Pour les auto-entrepreneurs, c'est la douche froide : ils ne sont pas cités, donc ils s'estiment exclus du dispositif. Cathy Wagner a aussitôt lancé une deuxième pétition, pour obtenir que la prochaine commission du Conseil régional le 29 mai, ajoute les auto/micro-entreprises, aux bénéficiaires.
 


Des professionnels inquiets

Selon Cathy Wagner, plusieurs centaines d'auto/micro-entrepreneurs sont concernés en Bourgogne Franche-Comté. La gestion de leur hébergement touristique est leur activité professionnelle :

"nous investissons pour respecter les normes d'accueil, nous contribuons à l'animation et à l'attractivité de nos territoires. Mais sans cette aide et si les touristes ne viennent pas cet été, beaucoup envisagent de vendre leur maison d'hôtes."


Anna Zhukova, de la chambres d'hôtes les "Moulin Renaudiots", partage cette colère : "on ne peut pas accorder une subvention sous prétexte d'avoir opté pour une SARL, EURL ou SAS. C'est absurde. Par exemple, je suis une entreprise individuelle basée à Autun et je fais le double de chiffre d'affaires qu'une chambre d'hôtes voisine qui a opté pour une EURL.(...) 
Cette subvention va diviser encore plus les commerçants que nous sommes, alors que nous devrions nous unir dans cette adversité."

(MAJ) La Région Bourgogne-Franche-Comté n'écarte pas l'idée d'élargir le dispositif 

Contacté ce mardi 5 mai par France 3 Bourgogne, le vice-président de la Région en charge du tourisme a accepté de réagir. Selon Patrick Ayache, la Région a pris en compte la demande des entreprises individuelles et réfléchit déjà à l'élargissement du dispositif : "Il faut que nous puissions savoir exactement combien cela nous coûterait, car l'impact budgétaire est non-négligeable."

En mettant en place ce fonds d'urgence, la Région a voulu "cibler en priorité ceux dont c'est l'activité principale, afin de sauvegarder les emplois. C'est pour cela que nous avons écarté dans un premier temps les entreprises individuelles."  Le vice-président de la Région reconnaît un manque d'informations : "Nous avons découvert qu'il y avait énormément d'auto-entrepreneurs et d'entreprises individuelles dont l'hébergement touristique est aussi l'activité principale. Avec cette crise, on se rend compte que l'on manquait énormément d'informations sur les hébergeurs."

La Région prendra sa décision à la mi-mai

Le secteur des hébergements touristiques représente plus de 45 000 emplois dans la région Bourgogne-Franche-Comté. Concernant un possible élargissement du fonds d'urgence aux entreprises individuelles, la Région attend de recevoir toutes les informations nécessaires, et de connaître les décisions qui seront prises par l'Etat dans les prochains jours: "Si nous arrivons à la conclusion qu'il faut élargir ce fonds d'urgence aux auto-entrepreneurs et entreprises individuelles, nous le soumettrons au vote lors de la prochaine commission permanente, le 29 mai".

Avant d'achever l'entretien, le vice-président en charge du tourisme a tenu à rassurer les professionnels : "il faut qu'ils sachent que l'on travaille beaucoup sur la préservation de ce secteur. On travaille à la fois sur l'urgence, et sur un véritable plan de relance qui pourrait permettre, au moment de la sortie du confinement touristique, d'avoir le moins de dégâts possibles et un regain d'activité touristique."
 
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