Alors que la Bourgogne-Franche-Comté est touchée par une pénurie d'aides-soignants, le conseil régional a créé de nouvelles places dans les instituts de formation. Il va aussi organiser des journées pour promouvoir la profession et la formation auprès des lycéens.
Ils sont 400 000 en France, à travailler en hôpitaux, cliniques, dans les Ehpad ou à domicile, et tiennent un rôle essentiel, en soutien des infirmiers. Mais depuis plusieurs années, les aides-soignants sont de moins en moins nombreux. Départs à la retraite, manque d’attractivité de la profession auprès des plus jeunes... les causes sont nombreuses et la Bourgogne-Franche-Comté n’échappe pas à la tendance.
Dans la région, on compte 22 600 aides-soignants. Mais l’année dernière, plus de 1 000 postes étaient à pourvoir. Alors que la question de l'avenir du métier se pose, le conseil régional a annoncé un important investissement dans l'ouverture de places dans les centres de formation.
Des places ouvertes dans les formations, mais peu de candidats
Dans le cadre du Ségur de la Santé qui prévoit qu’au niveau national plus de 6 000 places d’aides-soignants et d’accompagnants éducatifs et sociaux soient créées, la Région a ouvert plus de 323 places supplémentaires dans les écoles de formation d'aide-soignant depuis 2021 portant le nombre de places ouvertes à 1511 places hors apprentissage.
"C'est primordial. On constate une hausse de 15 % des départs à la retraite. C’est pourquoi de nouvelles places ont été ouvertes dans les écoles et il faut qu’on attire les jeunes vers ce métier. S'il n'y a pas d'aides-soignants, les hôpitaux ne fonctionnent pas", explique Françoise Tenenbaum, vice-présidente de la Région en charge de la santé.
Plus de places dans les écoles... mais pas assez de candidats. "Un grand nombre d’abandons a lieu en cours de cursus", indique la Région dans un communiqué de presse. Le nombre de candidats aux formations dans la région a baissé de 42 % entre 2020 et 2024. Au total, 30 % des places sont vacantes selon les chiffres officiels.
Huit journées de sensibilisation dans la région
Face à ce manque d'attractivité auprès des publics les plus jeunes, le conseil régional veut travailler sur l'orientation vers la profession d'aide-soignant. La collectivité va ainsi organiser huit journées de sensibilisation à destination des lycéens entre le 30 janvier et le 8 avril. C’est la seconde fois que la collectivité porte cette initiative.
Public ciblé par l’opération : les lycéens qui vont passer le baccalauréat professionnel section "accompagnement, soins et services à la personne". "L'objectif est de proposer cette action entre janvier et avril pour permettre l'optimisation des inscriptions à la formation d'aide-soignant(e) avant l'été 2025", indique la Région qui prendra en charge l'acheminement en bus des étudiants vers les lieux de ces journées découverte.
Des ateliers seront proposés aux lycéens. Au programme : découverte et application des gestes de premiers secours, manipulation du matériel utilisé au quotidien par les aides-soignants ou immersion dans les pratiques professionnelles via un casque de réalité virtuelle.
"Le but, c'est que ce soit ludique et concret. Il faut que les lycéens se rendent compte qu'aide-soignant, c'est un métier sympathique, utile, qui donne du sens à la vie. On veut vraiment montrer que ce sont des métiers attirants", décrit Françoise Tenenbaum.
Voici ci-dessous le calendrier de ces journées de sensibilisation :
- Auxerre, le 30 janvier
- Chalon-sur-Saône, le 11 février
- Pontarlier, le 20 février
- Lons-le-Saunier, le 13 mars
- Besançon, le 25 mars
- Nevers, le 27 mars
- Vesoul, le 4 avril
- Dijon, le 8 avril
Reste la question des salaires
Des journées de sensibilisation qui s’ajoutent à un plan général pour rendre la profession plus attractive. Au niveau national, l’un des grands enjeux est la valorisation des salaires de la profession. En 2021, la rémunération des aides-soignants travaillant au sein de la fonction publique avait déjà été augmentée par le ministère de la Santé.
Ainsi, les personnels de santé travaillant depuis un an ont vu leur salaire augmenter de 228 euros nets par mois. Avant 2021, un aide-soignant gagnait 1 532 euros. En fin de carrière, les aides-soignants toucheront 2 954 euros par mois, contre 2 303 euros auparavant.
Mais la fonction reste l’une des moins bien rémunérées dans le domaine de la santé. Pour comparaison, un infirmier en fin de carrière peut gagner jusqu’à 3 578 euros par mois.
"Il faut continuer à travailler sur la juste rémunération de la profession. Il y a encore un travail à faire là-dessus. Mais ce n'est pas la seule action à mener. Il faut que les conditions de travail soient bonnes. La Région s'investit pour que le matériel soit moderne, confortable. Il y a aussi des points à améliorer dans le management. Il faut peut-être plus déléguer aux aides-soignants", affirme Françoise Tenenbaum.
Les collectivités et hôpitaux disent donc déployer des stratégies pour améliorer les conditions de travail et de rémunération pour que le métier, si essentiel, d’aide-soignant attire à nouveau les jeunes.