"C'est une bonne expérience" : la cuisine, nouveau vecteur d'insertion pour les jeunes confiés à la Justice

La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) organise à Dijon les "Parcours du Goût", un salon et concours culinaire. Sous le regard d'un jury composé de professionnels, 150 jeunes confiés à la Justice se sont affrontés dans la réalisation d'un plat. L'occasion pour certains de découvrir un tout nouvel horizon.

Kevin* et son équipe sont en pleine préparation d'un repas. Ces trois jeunes, originaires de la Drôme, touillent lentement, essayant par tous les moyens d'éviter les grumeaux dans leur préparation. Ils préparent un cappuccino en trompe-l'œil, avec un café en velouté de lentilles. Pour la mousse, ils ont décidé d'utiliser de la saucisse de Morteau.

Le biscuit est réalisé à l'aide d'un ingrédient local : de la moutarde ! Une petite touche bourguignonne pour sublimer cette recette audacieuse. Depuis le samedi 7 décembre au matin, ces jeunes ont une idée en tête : remporter le premier prix des "Parcours du Goût", un salon et concours culinaire organisé par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) au Zénith de Dijon, où 150 jeunes participent.

Cette récompense viendrait couronner une belle découverte de la cuisine. "C'est une bonne expérience. Je suis content de ce que cela a donné, on s'est bien entraînés pour ça," explique-t-il. Une fois finalisé, leur plat a été jugé par un jury composé de grands noms de la cuisine, présidé par Louis-Philippe Vigilant, chef au Relais Bernard Loiseau (2 étoiles au guide Michelin).

Ils ne participent pas à ce concours seul. Alexandre Lubrano, cuisinier dans un centre de la PJJ et entraîneur de l'équipe drômoise, les a accompagnés tout au long de leur aventure. "Je pensais qu'ils allaient être beaucoup plus stressés que ça. Ils se sont dits qu'ils allaient entrer dans le personnage, que personne dans le public ne les connaissait, et cela s'est super bien passé. Je suis très fier d'eux," explique-t-il.

Un événement organisé chaque année

Cet événement est la seule manifestation nationale de la PJJ ouverte au grand public. Chaque année, le ministère de la Justice l'amène dans une nouvelle ville de France afin de montrer les vertus de la cuisine. "C'est important pour aller vers, aller vers la société, aller vers le travail et aller vers l'autre," explique Florence Barthélémy, directrice de la PJJ de Côte-d'Or et de Saône-et-Loire.

Cette directrice est donc fière de ce qu'elle a vu aujourd'hui. "C'est un moment assez incroyable. Ils ont compris que tout le travail, toute l'énergie dépensée, est très positif. Leurs parcours peuvent être très compliqués, mais ici, il n'y a que de la joie," raconte-t-elle. Malgré la réussite de ce concours, Kevin* ne se voit pas devenir cuisinier professionnel.

Florence Barthélémy estime que ce n'est pas le but de cette mobilisation. Cependant, cela leur permet d'apprendre les valeurs de la cuisine, "de travailler sur des compétences psychosociales et d'acquérir les bases du monde du travail." Et peut-être aussi de revenir avec de nouvelles recettes et des souvenirs mémorables.

* Le prénom a été modifié