Ce 25 janvier, comme chaque samedi du mois de janvier, les sapeurs-pompiers de Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or) participent à des exercices spéciaux. Ils s'entraînent à éteindre l'incendie d'un aérodrome et à extraire un pilote d'avion après un crash. On vous raconte.
Lundi 2 décembre dernier, en début d’après-midi. Un avion privé s’écrase dans les vignes près de Magny-lès-Villers, entre Beaune et Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or). A l’intérieur, et alors que la coque est en proie aux flammes, deux personnes, le pilote et le copilote de l’appareil. Elles seront transportées en urgence absolue à l’hôpital après être parvenues à sortir du cockpit.
► À LIRE AUSSI : "Ce n'était pas un temps pour voler" : un avion privé s'écrase dans les vignes, ce que l'on sait de l'accident
Sur les lieux ce jour-là, 24 sapeurs-pompiers des casernes de Beaune, Bligny-lès-Beaune, Gevrey-Chambertin et Nuits-Saint-Georges. Ce samedi 25 janvier, près de deux mois plus tard, voilà les soldats de feu de Nuits-Saint-Georges à nouveau en intervention à la suite d’un crash d’avion. Mais cette fois-ci, il s’agit d’un entraînement mené à l’aérodrome de la commune.
Une quarantaine de sapeurs-pompiers formés en un mois
"On travaille l’extraction d’un pilote du cockpit", indique Frédéric Durand, chef de centre des sapeurs-pompiers de Nuits-Saint-Georges. Pour l’exercice, un vieil avion a été récupéré. "On le pose au sol, avec un pilote à l’intérieur. Le pilote est blessé, avec une douleur à la colonne vertébrale. Notre mission, c’est de l’extraire avec une attelle cervico-thoracique. Sauf que l’endroit est très exigu".
On se prépare à tout. Il y a eu un crash d’avion il n’y a pas longtemps. Il y a un risque, même s'il est minime, qui existe
Frédéric Durand, chef de centre de Nuits-Saint-Georges
Ce samedi, ce sont 10 sapeurs-pompiers qui participent à cet entraînement. D’autres sessions de préparation ont eu lieu chaque samedi du mois de janvier. Le but, que la majorité des soldats du feu de la caserne de Nuits-Saint-Georges soit prête à intervenir en cas de crash d’un avion.
"On est 45 sapeurs-pompiers au total. On a quasiment touché 100 % de notre effectif. Le bilan est très positif. Aussi bien pour les membres de l’aérodrome qui savent que les pompiers sont formés que pour nous car on a pu faire des extractions en direct, des manœuvres que l’on ne fait pas souvent. C’est très enrichissant", analyse Frédéric Durand.
Une initiative de l'aéroclub
C'est l'aérodrome de Nuits-Saints-Georges qui a proposé l'idée de ces sessions d'entraînements aux soldats du feu. "On a une politique sécurité en quatre axe : le maintien en sécurité des avions, le maintien en sécurité de la piste, le maintien en état de la compétence des pilotes et la relation avec les services de secours et les autorités", indique Cédric Favrie, correspondant prévention et sécurité de l'aéroclub.
Lors de ces entraînements, huit membres du club était également présent, aux côté des sapeurs-pompiers. C'est d'ailleurs l'aéroclub qui a élaboré les scenario de ces sessions d'entraînement. "C'est dans ce cadre-là que j'ai voulu que les sapeurs-pompiers viennent. Un avion, ça a des éléments qui contiennent du carburant, il faut savoir où ils sont et ça a des hélices. Ca peut être dangereux pour quelqu'un qui vient au secours d'un pilote", indique-t-il.
Ma priorité, c'était d'expliquer aux sapeurs-pompiers comment ils pouvaient intervenir chez nous sans se mettre eux-mêmes en danger
Cédric Favrie, correspondant prévention et sécurité
Comment intervenir en sécurité ?
Les sapeurs-pompiers ont notamment découvert comment sécuriser le cockpit en cas d’intervention, avec des conseils techniques prodigués par les responsables de l’aérodrome de Nuits-Saint-Georges.
"Les commandes sont constituées d’interrupteurs et de manettes, décrit Frédéric Durand. On a appris à les manipuler. Tous les boutons pour éteindre l’appareil sont rouge ou noir. Il faut tirer les manettes vers vous et les interrupteurs vers le bas. Imaginons que l’hélice tourne lors de l’intervention, il faut approcher l’avion par l’arrière".
Nous sommes toujours à la recherche de thème de manœuvres qui sortent de l’ordinaire. C’est toujours bon de s’entraîner sur des situations un peu spécifiques pour avoir les bons gestes le jour où ça arrive
Frédéric Durand, chef de centre de Nuits-Saint-Georges
Autre leçon : comment procéder à un sauvetage après le crash d’un ULM. Des appareils ultralégers aux réglages très spécifiques. En cas d’accident, un système de parachute est déclenché. Mais ce n’est pas le pilote qui descend en parachute. C’est l’avion tout entier.
► À LIRE AUSSI : Les "flying doctors" de la Nièvre continuent en 2025 : "On nous avait dit qu'on ne tiendrait pas, on est toujours là !"
"Le parachute se met en route avec un système de fusée qui monte à 30 mètres de haut. Mais si on intervient sur un ULM dont le parachute n’a pas été déclenché, il y a un risque d’explosion. Il faut faire attention, avec une zone précise que l’on doit éviter pour ne pas s’exposer".
D'autres exercices pour les sapeurs-pompiers
Lors de leurs journées d’entraînement, les sapeurs-pompiers de Nuits-Saint-Georges ont également suivi un autre scénario pédagogique. Un feu se déclenche dans un atelier où est stocké du carburant. Une personne est piégée et fait un arrêt cardiaque. Et de la fumée s’échappe d’un hangar où sont garés des avions.
"On met en place un départ et on manœuvre en temps réel. Les sapeurs-pompiers sortent les lances, reconnaissent les lieux, procèdent au sauvetage. On fait ensuite le relai avec l’équipe de secouristes en ambulance. La victime est prise en charge et les secouristes lui prodiguent un massage cardiaque pour la réanimer".
De quoi permettre aux soldats du feu d’être parfaitement opérationnels en cas de véritable intervention. "On a pu visiter les locaux de l’aéroclub. On connait la géographie des lieux. On sait répertorier les dangers, on sait désormais où sont stockées les matières à risque", conclut Frédéric Durand.
Satisfaction également du côté de l'aéroclub de Nuits-Saint-Georges : "Les équipes ont vraiment été engagées dans l'exercice. On est très heureux de ce partenariat. On les a vu intervenir vite, c'est très rassurant. On a vu leur professionnalisme dans leurs actions. Ils ont été à l'écoute de nos conseils pour améliorer leurs processus d'intervention", se félicite Cédric Favrie.