Après la pénurie de moutarde, le déclic : insectide Minecto Gold, recherches, rémunération... les raisons d'un rebond

Depuis 2021, l'industrie de la moutarde rencontre de nombreuses difficultés. Pour y pallier, celle-ci réinvente son système de production à coups de recherches scientifiques, d'insecticides et de revalorisation du salaire des producteurs. Un "nouvel essor" pour la moutarde et son marché, qu'une étude d'octobre 2024 semble mettre en évidence.

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Lorsque l'on se rend dans un supermarché aujourd'hui, la vue d'un rayon rempli de pots de moutarde est anodine. Mais il y a tout juste deux ans, ces mêmes allées étaient pourtant vides, victimes d'une pénurie qui a frappé la filière moutarde de plein fouet en 2021.

Une période de creux qui a marqué le début d'une longue traversée du désert pour cette industrie, dépendante des importations de graines venues du Canada. Or, il y a trois ans, nos voisins outre-atlantique étaient frappés par un dôme de chaleur, qui avait décimé la plupart de leurs cultures de moutarde. À cette mauvaise année s'ajoute une piètre récolte en Bourgogne, principal producteur français dans ce domaine, qui avait achevé de bousculer l'agenda de la filière.

Clientèle insatisfaite, agriculteurs français inquiets, sur le départ, prix en hausse, inflation... Malgré une revalorisation du prix de la moutarde et des récoltes supérieures à celles de 2021, les contraintes s'amoncellent et poussent cette industrie à adopter des mesures rapides, drastiques, pour se restructurer et sauver ce fleuron de l'agroalimentaire bourguignon.

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La recherche a le vent en poupe

En octobre, un état des lieux de la filière moutarde mené par la DRAAF (Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) atteste que la pénurie de graines au Canada a fait office de déclic pour les industriels de la moutarde. Supplantés par la concurrence outre-Atlantique, les producteurs n'ont pas eu d'autre choix que de se fixer de nouveaux objectifs. Trois axes pour que la production de moutarde française et de Bourgogne-Franche-Comté, territoire qui concentre la quasi-totalité des champs de moutarde (9 900 hectares sur les 11 000 cultivés en France en 2023), puisse fournir 30 à 40% de l'approvisionnement du marché.

La filière a donc réagi en investissant davantage dans la recherche génétique pour apporter des solutions aux producteurs, souvent victimes de récoltes décevantes.

La graine de moutarde étant un produit fragile, en proie au gel, à la chaleur, aux inondations... Sa culture s'avère risquée et les pertes sont plutôt habituelles, nombreuses et, forcément, coûteuses pour les exploitants. Les scientifiques s'orientent vers des recherches portées sur la tolérance aux maladies, à la résistance au gel, sur la vigueur des plantes et, surtout, leur résistance aux insectes.

Le retour du Minecto Gold

Car en plus d'être sensible aux aléas météorologiques, la moutarde est régulièrement victime des attaques d'insectes ravageurs. Une problématique qui provoque l'ire du principal syndicat agricole, la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), notamment depuis le coup d'arrêt mis à l'utilisation d'insecticides en 2016.

La Fédération pointe du doigt la détresse de nombreux exploitants, jugeant les pesticides nécessaires pour la survie de la culture de la moutarde en France. Face à cette problématique, une dérogation liée à l'emploi de l'insecticide Minecto Gold, un pesticide jugé très toxique pour les organismes aquatiques, a été autorisée par le ministère de l'Agriculture en octobre 2024, et pour une durée de 120 jours.

Une dérogation accordée pour la troisième année consécutive suite à la mobilisation de plusieurs associations agricoles comme la FOP (Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux) ou Terres Inovia.

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Mieux rémunérer les exploitants

Dernière mesure recensée par la DRAAF : la hausse du prix payé aux producteurs par les industriels, pour maintenir et développer un volume de production suffisant suite à la pénurie de 2021.

Pour la campagne 2023-2024, les 582 exploitants engagés dans la culture de la moutarde devraient donc recevoir 1500 euros par tonne de graines produites en agriculture conventionnelle. Et 2900 euros par tonne en agriculture biologique. Pour rappel, le cours de la moutarde avait chuté à 900 euros en 2021, avant de remonter à 1300 en 2022. L'année 2023 a quant à elle été la plus lucrative pour les agriculteurs avec 2000 euros perçus par tonne de grains de moutarde.

Une petite avancée qui pourrait permettre de revaloriser le secteur, en berne depuis 2017. En 2021, la culture de la moutarde en Bourgogne-Franche-Comté avait drastiquement chuté, en écho à la pénurie que l'on connaît, passant de 4 660 hectares exploités à 3 020. Quatre ans auparavant, cette culture se développait sur près de 12 000 hectares. Les contraintes multiples, énoncées plus haut dans l'article, ont mené nombre d'agriculteurs à renoncer à l'implantation de la moutarde dans leur production.

Mais la tendance semble déjà s'inverser puisque, selon les chiffres avancés par la DRAAF, la culture de la moutarde représentait 10 000 hectares en 2023, un bond de plus de 50O% par rapport à l'année précédente. De quoi réjouir la filière en cette année marquée par des récoltes en demi-teinte.

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