Ce jeudi 23 septembre, la Chocolaterie de Bourgogne baissait définitivement le rideau à Dijon (Côte-d'Or). Au lendemain de cette fermeture, une cinquantaine de manifestants se sont réunis devant la mairie pour réclamer une solution pour revitaliser le site.
Le 19 mars dernier, la Chocolaterie de Bourgogne cessait ses activités, faute de repreneur pour succéder au groupe espagnol Lacasa, propriétaire de l’établissement emblématique de Dijon (Côte-d’Or). Mais il était encore possible de s’offrir les fameux escargots de la marque jusqu'à ce jeudi 23 septembre. Si le magasin rue Piron a fermé la semaine dernière, tous les gourmands ont pu assouvir leur faim de chocolat sur le site de l’usine, rue de Cluj, une dernière fois hier.
Une manifestation ce vendredi 24 septembre
Au lendemain de la fermeture définitive, une cinquantaine de personnes s'est réunie à l'appel de la CGT ce vendredi 24 septembre devant la mairie de Dijon pour réclamer la réouverture de la Chocolaterie de Bourgogne. "La volonté à ne pas laisser le site devenir une friche industrielle est intacte. [...] Des mesures doivent être prises pour construire une solution de développement industriel qui favorise l'emploi et tourne le dos aux abandons", écrit l'organisation syndical dans un communiqué.
Les manifestants dénoncent le bilan des multiples propriétaires qui se sont enchaînés à la tête de l'entreprise depuis près de 20 ans. "Cette fermeture est la démonstration que le système capitaliste ne répond pas aux attentes des travailleurs et de la population. Chaque rachat s'est accompagné de restructurations, de plans de licenciements, de réorganisation de l'activité de production, de dégradation des conditions de travail, d'exigences toujours plus insoutenables pour les salariés. Leur savoir-faire et qualifications ont été progressivement saccagés", dénonce la CGT.
Une délégation a alors été reçue par des élus de la mairie de Dijon.
La nostalgie des clients venus une dernière fois ce jeudi
La veille, nombreux sont les Dijonnais à être venus sur place pour profiter des prix réduits offerts par la chocolaterie. Sur place, le kilo se vend en effet à 6 euros. Initiallement, la chocolaterie devait baisser son rideau ce samedi, mais toutes les confiseries ont été écoulées.Joël vient ici pour la dernière fois. Depuis toujours, ce Dijonnais profitait de ses heures de repos à midi pour s’acheter les fameux escargots produits par l’usine. "Je venais faire le plein ! Ça me permettait de faire des cadeaux pour ma famille et même mon travail. Vous rameniez votre paquet d’escargots sur la table et là vous aviez beaucoup d’amis à votre bureau !", s’amuse-t-il.
Autre nostalgique de ce qui est un des symboles de l’histoire de Dijon, Pierre. Son père travaillait ici quand il était plus jeune. "Pour moi, une image de Dijon disparaît. Ça me fait quelque chose. J’avais l’habitude de venir", confie l'homme de 58 ans. "Les escargots, c’est l’emblème de Dijon. La chocolaterie c’est quelque chose. Quand on pensait ici dans le temps ça sentait le chocolat partout", se rappelle également Stéphane, un autre client venu ce jeudi..
La fermeture après une longue crise
La fermeture définitive de la Chocolaterie de Bourgogne conclut plusieurs années de crise. En 2014, la société est placée une première fois en redressement judiciaire. Malgré son rachat par des investisseurs hollandais en 2015, l’usine est à nouveau rattrapée par la justice le 31 octobre 2017.
Avec la reprise par le groupe espagnol Lacasa et 8 millions d’euros d’investissement, l’espoir renaît. Mais la crise sanitaire éteint toute projection de relance avec plusieurs millions d’euros de perte en 2020. Le 3 février dernier, elle est alors placée à nouveau en redressement judiciaire avec un délai d’un mois pour trouver un repreneur. Mais aucun candidat ne s’est présenté. Contactée, la direction actuelle n'a pas souhaité nous répondre.
Annie est venue autant pour s’acheter des chocolats que pour soutenir les employés de la chocolaterie. "Je suis de tout cœur avec eux. Ça fait mal. C’est terrible ce qui se passe".
La Chocolaterie de Bourgogne s’éteint 100 ans après sa création par Auguste Lanvin.