Comme l'enseigne à Chalon-sur-Saône il y a quelques mois, les Galeries Lafayette à Dijon seraient-elles en proie à des difficultés financières ? Certaines marques dénoncent des factures impayées et ont décidé de ne plus approvisionner leurs stands.
Lorsqu'on entre aux Galeries Lafayette à Dijon, tout laisse à croire que l'enseigne se porte bien. Dans le magasin, on compte quelques dizaines de clients sur les six niveaux du bâtiment, mais rien d'anormal en pleine semaine. Les vendeurs se tiennent prêts dans leur stand, armés de leurs prix réduits, ils savent que les soldes de janvier sont une période cruciale.
Mais en s'y penchant de plus près, on remarque que certains "corners" ne se portent pas aussi bien que d'autres : des rayons moins fournis qu'à l'habitude, des habits disponibles en une seule taille et des piles de vêtements à peine remplies... Seraient-ils victimes de leur succès pendant les soldes ?
Les stocks gelés par les marques
Pas vraiment. Bien au contraire. "Tout ce qu'on voit dans le stand, c'est tout ce que j'ai", confie Marie*, la responsable d'un stand. Depuis plusieurs mois, elle explique que la marchandise n'arrive plus. "J’ai été informée par la marque qu'elle avait décidé de geler les stocks."
Pour rappel, le principe des Galeries Lafayette est simple : en un seul espace, vous retrouvez des centaines de marques de vêtements, bijoux, maroquinerie et autres. Certains sont donc installés sous la forme de "corners", des petits stands. Mais d'après les responsables, des marques ne sont plus payées par les galeries depuis plusieurs semaines.
En conséquence, les marques n'approvisionnent plus les stands. "Je m'en suis rendu compte en septembre", explique Marie. "Je ne peux même plus commander en ligne lorsqu'un client cherche un vêtement. Tout cela conduit à une perte de chiffres d'affaires énorme pour moi. Je n’ai pas atteint mes objectifs au mois de décembre et je ne les atteindrai sûrement pas au mois de janvier, donc je n’aurai pas de prime."
"On peut m'appeler et me dire de fermer le stand"
Installé à quelques mètres, Loïc vit la même situation. Pour son stand, les galeries touchent un pourcentage à chaque vente. Mais d'après le responsable du "corner", la marque n'est plus payée par les galeries Lafayette, et ça ne date pas d'hier. "Depuis mi-novembre, je n’ai plus de vêtements. Je n’ai plus de réserve, tout ce que j’ai est en rayon. Je dis sans arrêt à mes clients : “désolé, je n’ai pas la taille, allez sur le site internet.”
Comme Marie, cela a aussi une incidence sur son chiffre d'affaires. "J’ai 22% de pertes depuis le début de l’année 2025. Depuis le vendredi 29 novembre 2024, je suis quotidiennement à -25% en chiffre d’affaires", avance Loïc. Lors du black friday, la marque a même décidé de faire bien plus que de geler les stocks. "Ils m'ont dit de faire une action coup de poing et de baliser le stand pour montrer leur mécontentement."
Marie et Loïc expliquent vivre avec une épée de Damoclès sur la tête. Plusieurs "corners" sont dans la même situation au sein des Galeries Lafayette à Dijon. D'après eux, certains stands auraient déjà fermé, car les marques n'étaient pas payées. Et ils craignent le coup de fil fatidique. "Du jour au lendemain, je sais que mes employeurs peuvent me dire que je suis sans emploi", confie Loïc.
Bien sûr que je suis inquiète, on ne sait pas où on va.
Laura*Reponsable d'un Corner aux Galeries Lafayette de Dijon
Un ressenti partagé par Marie : "je sais qu'on peut m'appeler et me dire de fermer le stand. Je suis assez inquiète par rapport à la situation. Le directeur des Galeries m'a dit de ne pas s’inquiéter, que tout allait s’arranger et qu’il n’allait pas connaître la même situation que dans d’autres villes. Mais je vois ce qu'il se passe ailleurs."
"Il ne paye pas ses factures"
Comment le magasin dijonnais s'est-il retrouvé dans cette situation ? Depuis plus de 3 ans, il appartient au groupe SGM. La société lyonnaise est affiliée à sept Galeries en France. L'enseigne à Dijon n'est pas la seule concernée, et cela expliquerait pourquoi les marques ont gelé les stocks depuis plusieurs semaines.
Les Galeries Lafayette à Dijon avaient pourtant échappé aux difficultés majeures jusqu'à maintenant. En 2024, près de 26 enseignes des Galeries Lafayette ont failli mettre la clé sous la porte, dont celle de Chalon-sur-Saône et Besançon. Le propriétaire des magasins, l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon, avait dû céder Go Sport et Gap France quelques années auparavant.
Et l'enseigne a à nouveau par ailleurs fait parler d'elle ces derniers jours. Le groupe Galeries Lafayette a annoncé la fermeture de ses deux magasins à Marseille d'ici la fin de l'année, suite à "des pertes financières récurrentes."
Contactés, le groupe SGM et la direction du magasin Galeries Lafayette n'ont pour le moment pas répondu à nos sollicitations.
* Afin de garantir l'anonymat de nos sources, les prénoms ont été modifiés.