Une association dijonnaise qui alerte sur la pollution de l'air a saisi le CESER (Conseil économique, social et environnemental régional) par le biais d'une pétition en ligne. Avec plus de 8000 signatures, l'association alerte sur les dangers de la pollution et milite pour arrêter les moteurs des véhicules au ralenti.
L'association "Stop au ralenti" milite pour améliorer la qualité de l'air et éviter la pollution inutile des véhicules à l'arrêt qui laissent tourner leur moteur, hors trafic.
Une pétition pour atteindre le Ceser
Claudia Mait, qui est présidente de l'association, explique que le Ceser "s'est déclaré incompétent" dans cette démarche. Elle précise que c'est "à l'échelle des municipalités" de prendre des décisions, plutôt qu'à l'échelle des régions.
La présidente se félicite : "On a réussi à convaincre Nathalie Koenders (maire de Dijon ndlr), qui se dit favorable à prendre un arrêté municipal. Le directeur du cabinet du maire de Chevigny-Saint-Sauveur m'a reçu et a montré de l'intérêt."
L'association milite depuis 12 ans pour convaincre les entreprises de ne plus laisser les chauffeurs faire tourner les véhicules au ralenti. La pétition a déjà recueilli 8327 signatures : des personnes qui adhèrent au principe de couper le moteur, lorsqu'un véhicule est arrêté hors circulation.
Claudia a passé une grande partie de sa carrière dans le transport routier, elle connaît bien les habitudes des chauffeurs : "Le problème est identifié, et il y a des solutions qui vont avec mais personne n'en veut. Tout le monde est sourd sur cette problématique-là. Il y a deux catégories : ceux qui sont complètement indifférents et ceux qui misent sur la technologie."
Ignorance et invisibilité
La pollution de l'air tue. Les chiffres avancés par l'association sont éloquents : 2200 décès par an dans la région, 48 000 dans toute la France. Sur cette base, Claudia Mait a voulu démontrer le fléau des moteurs au ralenti. Caméra au poing, elle a filmé des conducteurs en pleine rue qui laissaient leur véhicule au ralenti, pour savoir pour quelle raison ils le faisaient.
Elle donne l'exemple des chauffeurs-livreurs en ville "toujours dans l'urgence" : "on ne veut pas passer notre temps à allumer et éteindre le moteur" lui a-t-on répondu. Elle a également fait des vidéos pédagogiques : "Comme ce mal est invisible, on a fait des films là-dessus : on a gonflé des ballons à la sortie des pots d'échappement des véhicules pour mesurer le volume qui est invisible généralement."
Des mauvaises habitudes dans le transport routier
Claudia a cherché à faire changer les habitudes. D'abord, en se basant sur des observations : "Avec un formateur éco-conduite, on a calculé les temps de ralenti inutiles des camions. Il l'a fait dans un dépôt, le record est detenu par un chauffeur qui laissait son camion tourner 55 heures par mois au ralenti. Ca se passe partout comme ça : le chauffeur est à la machine à café, il discute, pendant ce temps, le moteur du véhicule tourne. Il faut imaginer qu'une minute de ralenti, c'est 2,5m3 de gaz d'échappement. C'est pareil partout en France, dans toutes les entreprises de transport !"
Chez les transporteurs routiers, Claudia a constaté une forme de nonchalance par rapport à la problématique des moteurs au ralenti : "Il y a plus de 30 ans déjà, ça n'avait déjà aucun sens de laisser tourner les moteurs. Il y a les idées reçues qui perdurent et le manque de formation. Il faut pour un camion 2 minutes de ralenti pour faire chauffer le moteur et se mettre en ordre de marche. Faire tourner au ralenti, même si ça consomme du carburant, ça n'est pas un argument pour les transporteurs. Sur leurs parcs, tout leurs camions tournent au ralenti !"
Des solutions et du bon sens
Claudia en est persuadée : "Les solutions existent et ne coûtent pas un centime." Elle rappelle qu'en 2022, "Mathieu Klein, le maire de Nancy, a pris un arrêté dans sa ville pour interdire cette pratique polluante en faisant appliquer l’article R 318 – 1 du code de la route. Malheureusement il est le seul élu, pour l’instant, à avoir pris conscience de cette source de pollution inutile et mortelle."
Le système 'stop and go' existe (aussi sous le nom 'start/stop') et permet d'arrêter le moteur des voitures, lorsqu'on se trouve à un feu rouge par exemple, et permet de relancer le moteur rapidement pour repartir. Ce dispositif permet d'éviter une quantité importante de rejets de CO2 dans l'atmosphère, mais Claudia l'a constaté : "J'ai demandé à des conducteurs qui me disaient qu'ils désactivaient le système, préférant que le moteur tourne ! Ou alors l'autoradio s'éteint au bout de 5 minutes, alors les gens laissent le moteur en marche pour ne pas que la radio se coupe !"
C'est un exemple qui met à mal la croyance générale : "Des gens ont des certitudes et des convictions et répondent qu'avec les nouvelles technologies (le stop and go par exemple), ça n'a pas lieu d'être, et ils ignorent cette problématique."
Labels éco-conduite
Certains groupes pétroliers prônent l'éco-conduite et le label "objectif CO2" : les critères de ralenti ne rentrent pas dans l'éco-conduite, comme l'explique Claudia : "pour eux, c'est à partir du moment où le véhicule est en mouvement. On ne demande pas à ce qu'on coupe le moteur en circulation. C'est quand le véhicule est hors-circulation qu'on peut couper le moteur et éviter le ralenti (garé, parqué, arrêt prolongé, aire d'autoroute...) "
A l'heure de la rédaction de cet article, la ville de Dijon ne nous a pas confirmé son intention de prendre un arrêté municipal contre la pollution de l'air.