Figure majeure de la résistance dijonnaise lors de la Seconde Guerre mondiale, Georges Baillot, 100 ans, a été décoré de la Légion d'honneur ce samedi 1er février 2025. L'occasion pour lui et sa famille de partager son histoire et de rappeler que la liberté n'a pas de prix.
Les yeux humides, lumineux derrière ses lunettes rectangulaires, Georges Baillot cherche vaguement à dissimuler son émotion. Ce Dijonnais centenaire, qui ne court pas après les honneurs, arbore fièrement la petite médaille rouge qu'il vient de recevoir, accrochée solidement sur sa veste, juste à côté du cœur. Une Légion d'honneur, plus belle récompense qu'un ancien résistant de la Seconde Guerre mondiale, tel que Georges Baillot, puisse recevoir.
Une famille reconnaissante
Cette décoration, plus haute distinction française, Georges Baillot l'a reçue ce samedi 2 janvier lors d'une cérémonie à la mairie de Dijon où toute sa famille était conviée. Sur la photo de groupe, prise pour immortaliser l'instant, les Baillot ne sont que sourire. Pendant 80 ans, ce résistant s'est évertué à raconter son histoire à ses proches, puis à son entourage, et enfin à toute la Côte-d'Or, faisant l'honneur de ses descendants.
Maryline Millereux, sa petite-fille, peine à trouver ses mots : "On porte des valeurs qu'il nous a transmises, c'est une grande inspiration pour nous, ses petits-enfants, depuis qu'on est jeunes."
On s'estime chanceux de l'avoir pour grand-père et d'avoir une personne comme lui parmi nos proches. Avec notre grand-mère, c'est l'âme de notre famille.
Maryline Millereux, petite-fille de Georges Baillot
Plus tard, les arrière-petits-enfants de Georges Baillot pourront également découvrir le récit de leur aïeul, qui a pris la peine de coucher son passé de résistant sur le papier, détaillant chaque facette de son histoire pour la postérité.
L'histoire dans l'Histoire
En 1939, Georges a 16 ans. Cantonnier à Messigny, devenu garde des eaux et des forêts comme l'était déjà son père, il voit la Seconde Guerre mondiale éclater aux alentours de Dijon, sa ville d'adoption. Du haut de son jeune âge, il ne se laisse pas démonter. Il aide des résistants à installer un maquis dans sa forêt, avant de rejoindre lui-même le maquis Laurent à Tarsul à 19 ans. Arrêté et torturé par la Gestapo, Georges Baillot passe plusieurs semaines seul, enfermé dans une cave.
Au cours de sa résistance, l'homme centenaire, alors à peine âgé de 20 ans, participe aux combats contre les troupes allemandes pour la libération de Dijon et à la traque de soldats allemands ou de collaborateurs. Son épouse Gisèle a elle aussi été une grande actrice de la résistance Côte-d'Orienne.
En 1944, Georges Baillot fête ses 20 ans. C’était le 6 juin 1944, le jour du débarquement. Un anniversaire qui reste gravé dans sa mémoire, 100 ans plus tard.
Ne pas oublier le principe de liberté
Déjà en septembre dernier, lors du 80e anniversaire de la libération, François Rebsamen, président de Dijon Métropole, avait remis à Georges Baillot la médaille de la Ville. Un geste que l'ancien maire de Dijon, devenu ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation, a pu réitérer ce samedi, saluant entre autres un "parcours exemplaire marqué par le courage et la détermination".
Couvert d'éloges, l'ancien résistant répond aux compliments avec humilité : "J'ai fait les choses simplement. Ce que j'ai fait m'est venu tout naturellement."
Il faut que les gens se battent pour la liberté. Qu'ils se rappellent qu'elle s'arrête où commence celle des autres, et que les libertés naturelles, justes, n'ont pas de prix.
Georges Baillot, ancien résistant
Des valeurs qu'il tient de ses parents et de ses instituteurs, qui lui ont inculqué l'importance de la notion de droit et de liberté.
"Si les gens savaient ce que ça fait d'être enfermé, on n'en serait pas là", s'emballe Georges Baillot, qui réfrène un peu plus ses larmes. "Quand je vois les gens qui se battent, quand je vois qu'il y a des guerres, je trouve ça horrible. Ils ne savent pas ce que c'est que de perdre sa liberté."
► Avec Emmanuel Pinsonneaux