"Il faut arrêter, on n'est pas à Cannes" : au lac d'Arc-sur-Tille, l'apparition d'une plage privée divise

"Zone de tranquillité nécessaire" ou "logique purement économique" ? Au lac d'Arc-sur-Tille, une petite partie de la plage publique devient privée à partir du 3 juin. Il faudra payer 10 euros pour avoir accès à un espace avec transats, parasols et mini-bar. Une décision qui ne fait pas l'unanimité parmi les baigneurs et les habitués du site.

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Un petit espace rectangulaire de 450 m2, délimité du reste de la plage du lac d'Arc-sur-Tille par des barrières en osier. À l'intérieur, une cabane en bois et quelques petits palmiers. Vous avez devant vous la première plage privée de Bourgogne.

Sur la base de loisirs arcoise, la baignade surveillée a ouvert samedi 27 mai. Nouveauté cette année, l'apparition d'une petite plage privée. Cette dernière ouvrira le 3 juin et sera gérée par AirLand, le prestataire des lieux, qui s'occupe déjà de la restauration et des jeux gonflables du site. 

Y seront proposés 24 transats et parasols, au tarif unique de 10 euros la journée. Un mini-bar, des douches et des vestiaires sont également prévus. Le tout avec un objectif affiché : retrouver de la tranquillité.

"On a matérialisé une demande de nos usagers"

Patrick Morelière,

maire d'Arc-sur-Tille et vice-président de la Communauté de communes Norge Tille, gérante du site

"On a effectué des études de fréquentation les années précédentes et on s'est rendu compte que c'était une demande de nos usagers" explique Ludovic Rochette, président de la Communauté de communes Norge et Tille, qui gère le site. "Beaucoup de familles souhaitaient un endroit calme avec un accès direct à tous les services nécessaires". 

"Quand on est déjà âgé ou qu'on a un jeune enfant, on a parfois besoin de ne pas être importuné" ajoute Patrick Morelière, maire d'Arc-sur-Tille. "Et puis avec ce nouveau service, c'est une vraie montée en gamme de la plage".

Reste à voir si le public répondra présent. À entendre les réactions des baigneurs en ce week-end de Pentecôte, il faudra sans nul doute un temps d'adaptation. "J'ai vu ça. Ça me choque un peu". Cécilia est venue de Villey-sur-Tille avec ses deux enfants. "Pourquoi payer 10 euros quand on peut avoir la même chose gratuitement. J'ai ma serviette, pas besoin de transats. Leur truc, c'est juste une histoire de se faire du pognon".

Justine et son groupe d'amies sont venues pique-niquer au soleil. Pour elles, "installer un cloisonnement dans un espace public, c'est contre-nature". "C'est un concept assez excluant. On se croirait dans le Sud, où on paye pour aller se baigner" reprend la jeune femme. "Et puis l'argument de la tranquillité, on l'a assez entendu. Si on veut du calme, on ne vient pas à la plage, c'est tout".

"Il faut arrêter un moment, on n'est pas à Cannes. 10 euros, plus la barquette de frites à 5 euros, ça peut vite monter. Et puis le concept d'être à la plage, c'est d'être tous ensemble"

Christine,

Dijonnaise habituée du lac d'Arc-sur-Tille

Pour Sébastien, au contraire, "cette partie privée, c'est très bien. Il en faut pour tous les goûts. La plage n'est pas réservée qu'à ceux qui viennent s'amuser. Que des personnes âgées ne souhaitent pas recevoir de ballons pendant leur sieste, ça paraît normal". Mais le trentenaire relativise : "C'est vrai que 10 euros, c'est un peu cher. Je ne sais pas s'il y aura du monde".

Lionel Rousseau, organisateur d'événements populaires sur la base de loisirs, est plus drastique : "Ce qui est merveilleux ici, c'est qu'on a une mixité de population assez unique, à 10 minutes de Dijon, dans un endroit naturel. J'ai peur qu'on perde un peu de cette richesse humaine avec le début d'une privatisation".

Pour la Communauté de communes, une rentrée d'argent "bienvenue"

Face aux critiques, Ludovic Rochette tempère : "Cette partie privée, ce n'est qu'un trentième de la plage. Je tiens à rassurer tout le monde. Il n'est pas prévu qu'on l'agrandisse. La baignade est et restera gratuite".

Mais le président de la Communauté de communes pointe également du doigt une nécessité économique. "Pour que la majorité des lieux soient en accès libre, c'est la Communauté de communes qui finance. La surveillance de la baignade, cet été, cela correspond à 50 000 euros. La sécurité des lieux, environ 8 à 9 000 euros. Sans parler de l'entretien. Donc oui, nous l'assumons, cette plage privée permettra une rentrée d'argent bienvenue".

Quant au prix de 10 euros, il est totalement justifié pour Patrick Morelière, maire d'Arc-sur-Tille. "Le prestataire a fait de gros efforts dans son offre de restauration, dans ses jeux gonflables. Il faut que cela puisse être viable pour lui".

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Le prestataire, c'est la société AirLand, géré par Nicolas Roche et sa mère Josiane. Quelle plus-value ont-ils voulu apporter à leur offre avec cette plage privée ? "On ne sait pas encore" déclare Nicolas. "Au moment du renouvellement du contrat de prestation pour trois ans, en mars dernier, la Communauté de communes nous a demandé de construire cela".

"Ils voulaient une montée en gamme. On a donc financé nous-mêmes les transats, les palmiers, le raccordement à l'eau, les douches" complète Josiane. "C'est une belle somme". Reste à voir si elle sera rentabilisée dans les prochaines semaines.

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