Un message envoyé aux associations qui emploient des jeunes en contrat de Service Civique a semé la zizanie ce 30 janvier. Suivant une note du ministère des Comptes publics publiée le 29 janvier, l'Agence du Service Civique indique suspendre tout nouveau contrat dès ce 1er février, "jusqu’à adoption du budget de l’État".
Maryse* a appris la nouvelle jeudi, en fin de journée. Comme elle, de nombreux présidents et présidentes d'associations se sont réveillés ce 31 janvier dans l'incompréhension.
Tard dans la soirée, un mail envoyé par l'Agence du Service Civique est apparu sur les messageries des différentes associations qui emploient des jeunes en contrat de Service Civique. Dès les premiers mots, le ton est donné.
Le Ministère chargé des comptes publics a publié le 29 janvier une note entraînant la suspension de toute nouvelle mission de Service Civique à compter du 1er février 2025 et jusqu’à adoption du budget de l’État."
Message adressé par l'Agence du Service civique
Le couperet tombe : aucun jeune ne pourra effectuer de Service Civique jusqu'à nouvel ordre. L'application Elisa, sur laquelle les candidats peuvent prétendre aux contrats, est donc désormais bloquée.
Dans le message, qui s'affiche également sur sa page d'accueil, l'Agence du Service Civique ajoute : "Il est demandé à tous les organismes d’accueil de suspendre toute entrée en mission à partir du 1er février quand bien même un contrat a été saisi ou validé [...]. S’agissant des jeunes entrés en mission durant le mois de janvier, une incertitude demeure sur les contrats saisis après le 1er janvier 2025."
Les associations craignent que la situation ne s'installe
Bouche bée, Maryse, présidente de l'association Binôme 21, a mis du temps à comprendre la situation. "Nous devions lancer une campagne pour recruter 15 nouveaux Services Civiques en mars. Mais visiblement on ne pourra pas l'assurer... La nouvelle nous prend de court." Le souffle coupé à l'autre bout du téléphone, la présidente court dans tous les sens pour assurer les activités de l'association, qui emploie déjà 15 jeunes en Service Civique depuis octobre. Leur contrat doit courir jusqu'à la fin du mois d'août. "C'est surprenant qu'on l'apprenne comme ça", note Maryse. "Ça va mettre des gens dans l'embarras."
Binôme 21 fait appel à des jeunes en Service Civique pour effectuer des visites de convivialité chez des séniors. Faire des sorties, des jeux, discuter... Des visites qui permettent aux plus âgés de sortir de l'isolement.
Sans la présence de ces quinze volontaires supplémentaires, qui devait porter à trente le nombre de jeunes employés par l'association pendant quelques mois, Maryse craint de devoir mettre de nombreux dossiers en attente.
Les séniors que l'on visite vont devoir attendre. Et puis pour les jeunes c'est une situation terrible, le service civique leur permet quand même d'avoir une activité pendant une réorientation.
Maryse, présidente de l'association Binôme 21
Une situation déstabilisante, surtout si celle-ci s'installe et persiste au-delà du mois d'août, lorsque les premiers Services Civiques engagés par Binôme 21 auront terminé leur contrat.
"Ce sont eux qui assurent une grosse partie des visites. Si je ne peux pas réembaucher d'ici là, notre association sera mise à mal", fait savoir Maryse avec désarroi.
Un Service Civique, c'est quoi ?
Engagement ouvert aux jeunes âgés de 16 à 25 ans, ou de 16 à 30 ans pour les personnes en situation de handicap, le Service Civique se fait sur la base du volontariat. Toute personne de nationalité française ou d'un État membre de l'Union européenne peut y prétendre une fois au cours de sa vie.
L'objectif principal de cette action lancée par l'État en 2010 est de mobiliser la jeunesse sur des questions de société et de valeurs démocratiques. Associations, fondations, collectivités territoriales, établissements publics... Toute structure à but non lucratif ou de droit public peut accueillir ce type de contrat.
À défaut de rémunération, les jeunes qui s'engagent dans un Service Civique bénéficient d'une indemnité mensuelle de 619,83 euros sur toute la durée de leur contrat. Une somme prise en charge par l’État à hauteur de 504,98 euros, et 114,85 euros par l'organisme d'accueil.
*Sur demande de la personne interviewée, le prénom a été anonymisé