Des montagnes de déchets à nettoyer, pour plus de 130 000 euros... les agriculteurs sont-ils hors de contrôles ?

Près de 200 agriculteurs et 80 tracteurs se sont rassemblés dans les rues de Dijon mercredi 11 décembre. Si aucune dégradation n'est à signaler, la mairie est montée au créneau quant aux nombreux déchets laissés sur la chaussée. D'autres actions en Bourgogne ont flirté avec l'illégalité. Quelle réponse des forces de l'ordre ?

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MISE À JOUR : la Ville de Dijon estime le coût du nettoyage des rues de 130 000 à 150 000€. Il y avait près de 400 tonnes de déchets.

Des tonnes de pneus, de fumier, de paille, déversés à plusieurs endroits du centre-ville... La mobilisation agricole n'est pas passée inaperçue ce mercredi 11 décembre à Dijon. Si elle s'est déroulée dans le "calme" selon les forces de l'ordre, les diverses actions des manifestants, et surtout leurs conséquences, n'ont pas toujours été du goût de la Ville et de la Métropole.

Le nettoyage et l’évacuation des déchets nécessitent de nombreuses heures de travail pour la quarantaine d'agents du service public municipal et métropolitain.

Nathalie Koenders et François Rebsamen

Maire de Dijon et président de Dijon Métropole

Dans un communiqué, Nathalie Koenders et François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon métropole, ont fait savoir leur mécontentement par rapport à l'état de la voirie et des rails du tramway, dont la circulation a été interrompue. "Leur colère est légitime et compréhensible. Il est pour autant regrettable que le service public local soit ainsi mis à contribution de cette manière."

Le coût des dégâts reste encore à déterminer, mais il sera "chiffré et rendu public". Pour rappel, lors d'une précédente manifestation à Dijon en décembre 2023, le montant des dégradations avait été estimé à près de 200 000 euros par la Ville.

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D'autres manifestations d'ampleur prévues

"Je ne commenterai pas les propos de Madame la maire", répond Jacques de Loisy, président de la FDSEA 21. "Comme l’a dit récemment un de mes prédécesseurs, est-ce qu’il ne vaut pas mieux que la jeunesse s’exprime avec des déversements plutôt qu’autour d’une corde ? Il y a encore eu plusieurs suicides de jeunes agriculteurs cette année. Quand je vais réconforter une famille parce qu’un jeune s’est suicidé, je ne reçois aucun message de qui que ce soit."

Il n’y a eu aucune dégradation, pas une rayure sur un panneau. Contrairement à d’autres régions en France, il n’y a aucun incendie, aucune dégradation sur les bâtiments.

Jacques de Loisy

Président de la FDSEA 21

Les syndicats agricoles avancent que d'autres manifestations de cette ampleur sont à prévoir dans les prochaines semaines si le futur gouvernement ne "reprend pas ce qui était en route. Ce que je retiens, c’est qu’il y avait énormément de monde et majoritairement beaucoup de jeunes. Et quand il y a beaucoup de jeunes, c’est qu’il y a un vrai problème."

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Au-delà de la manifestation à Dijon, d'autres actions des agriculteurs en colère ont flirté avec l'illégalité, sans que, à notre connaissance, des poursuites ne soient engagées : permanence de parlementaires murées, radars bâchés, panneaux de communes mis à l'envers ou volatilisés... En Haute-Saône par exemple, certains maires ont porté plainte.

Un traitement de faveur des forces de l'ordre ?

Si la majorité des Français soutiennent le mouvement - 82% selon un sondage ELABE pour BFMTV, les critiques se font de plus en plus nombreuses à l'égard des agriculteurs sur les réseaux sociaux. "Ils font n’importe quoi." "Ils feraient mieux d'aller manifester devant le Parlement Européen." "Impunité totale pour ces agriculteurs depuis des mois qui menacent et dégradent les biens et services publics."

Les forces de l'ordre feraient-elles preuve d'indulgence lorsqu'il s'agit d'intervenir sur des manifestations agricoles ? À Dijon, le commissariat de police réfute cette hypothèse, et assure avoir le même niveau de tolérance. "On n’a pas de consignes particulières, il n’y a pas de traitement de faveur. On a été très présents ce mercredi, précise une source policière. Il n’y a pas eu de vitrine brisée, ni de dégradation lourde, de poubelles incendiées. Le but, c’est de canaliser la manifestation et d'intervenir en cas de troubles, de violences ou d’atteintes graves."

Et la police n'a rien à signaler à ce propos, affirmant que tout s'est passé dans l'ordre. Une manifestation bien gérée, grâce aux informations communiquées par l'ensemble des fédérations agricoles en amont. "On a des services en lien avec eux. Ils nous parlent de leurs actions, nous disent combien ils seront et où ils vont. Si le parcours n’est pas possible, on leur dit. Ça nous permet en amont d’anticiper et d’organiser, ce n’est pas de la manifestation sauvage et non déclarée."

Une communication essentielle pour gérer ce rassemblement important. Car près de 200 personnes et 80 tracteurs étaient mobilisés à Dijon. Par ailleurs, la préfecture a fini par recevoir les agriculteurs. Les deux parties devaient à nouveau s'entretenir ce jeudi 12 décembre pour trouver des solutions.

Contactée, la préfecture de Côte-d'Or assure avoir mis en place un dispositif important pour contenir la manifestation, avec des effectifs locaux de police et de gendarmerie, ainsi qu'une unité de force mobile. Aucune violence ni dégradation n'est à constater, selon la préfecture. 

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