500 chamois vont être abattus dans le Doubs : des manifestants rassemblés pour "stopper le massacre du vivant"

Ce samedi 14 décembre 2024, une quarantaine de manifestants se sont mobilisés contre l'abattage de 500 chamois, prévu dans le Doubs pour la saison 2024-2025. Les activistes ont profité du rassemblement pour adresser une pétition de 50 000 signatures au préfet, afin de stopper ce "prélèvement" jugé "inhumain".

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"Stop au massacre du vivant !" Devant la préfecture du Doubs, à Besançon, une quarantaine de manifestants sont rassemblés sous la pluie. Le temps maussade ne les a pas découragés. Elles et ils avaient même prévu le coup : leurs pancartes, qui affichent une tête de chamois surmontée d'une cible de chasse, ont été plastifiées pour résister aux éléments.

Familles, amis et camarades militants se retrouvent, les mines aussi sombres que la météo de ce 14 décembre, pour répondre à l'appel conjoint de plusieurs organismes de défense de la faune sauvage, dont l'association bisontine Humanimo. Toutes et tous sont mobilisés contre le plan de chasse 2024-2025 arrêté dans le Doubs au mois de novembre, qui autorise l'abattage de 425 à 594 chamois d'ici janvier 2025. Une mesure engagée afin de réguler l'espèce : 1 140 individus ont été recensés en 2024. Une baisse significative par rapport à 2023 - 1 396 chamois avaient été enregistrés - qui inquiète tout de même les autorités, à cause des ravages que leur surnombre peut causer aux forêts et aux terres agricoles.

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Les dégâts causés par le chamois, exagérés ?

Face aux justifications avancées par la Commission départementale de gestion de la faune sauvage - qui fixe ces fameux quotas -, la porte-parole d'Humanimo, Corinne Legras, pousse un soupir. "Selon la Commission, les chamois pèseraient sur l'agriculture en mangeant l'herbe des bovins... Mais quand on voit la taille d'un chamois par rapport à une vache, on se dit que c'est un peu disproportionné." Pour cette militante animaliste, "l'abattage revient à résoudre les problèmes par le vide."

Dans une interview accordée à France 3 Franche-Comté, le président de la Fédération départementale des chasseurs (FDC) du Doubs, Jean-Maurice Boillon, affirme, lui, que ces dégâts sont bien réels : "On sait que six chamois dans une pâture broutent autant qu'un bovinAvec des groupes de plus de 20 animaux, ça crée vite des ravages." Une problématique qui, pour l'heure, semble donc inextricable.

Au-delà des dommages que les chamois peuvent causer aux pâtures, les autorités pointent les dommages que leur surpopulation pourrait causer aux forêts. Les acteurs du monde forestier se plaignent notamment de l'abroutissement, le fait que les chamois broutent les bourgeons et les jeunes pousses, empêchant la forêt de se renouveler. Des arguments "qui ne reposent sur aucune considération scientifique", scande Alain Prêtre, photographe animalier et activiste : "les abroutissements qui concernent les sapins blancs par exemple sont négligeables, c'est l'ONF elle-même qui l'affirme."

Des soutiens de toute la France

Afin de porter leurs revendications et de sauver les chamois qui pourraient être abattus dans les prochaines semaines, les associations ont lancé une pétition le 5 novembre dernier. Celle-ci a aujourd'hui été signée par plus de 50 000 personnes, à travers la France entière.

Face au succès de la mobilisation en ligne, les militants ont décidé de se déplacer pour remettre leur pétition au préfet en mains propres. Corinne Legras et Alain Prêtre devaient être reçus dans l'après-midi.

On veut montrer que les gens aiment le vivant et qu'ils veulent le protéger. C'est une question de survie pour nous tous.

Corinne Legras, porte-parole d'Humanimo

La porte-parole d'Humanimo ne s'attendait pas à une mobilisation massive ce samedi. Mais les quelques dizaines de manifestants rassemblés cet après-midi lui rendent le sourire. Surtout, la présence de trois élus de la Ville de Besançon, qui ont décidé de se joindre à la mobilisation pour apporter leur soutien aux associations, donne de la force à ce petit mouvement.

"Pour moi 500 chamois, c'est un chiffre énorme", relève Marie-Thérèse Michel, adjointe à la mairie de Besançon, déléguée à la condition animale. "Cet animal, on le prend en photo partout, on en fait presque l'emblème de Besançon et maintenant, on le chasse ? Pour moi ce n'est pas logique."

Le lynx toujours au cœur des débats

Entre les pancartes à tête de chamois, quelques dessins et photographies de lynx sont également brandis. Car comment aborder la question de la régulation des chamois dans le Doubs, sans parler de celle du lynx ? L'un des arguments avancés pour justifier ce plan d'abattage est justement l'absence de ce prédateur naturel, qui participe à la réduction de 10% de la population de chamois.

"Quand on nous a dit qu'on voulait abattre 500 chamois parce qu'il n'y a pas de prédateur, loup ou lynx, ça nous a fait bondir", relate Corinne Legras, soutenue par Alain Prêtre pour qui, la régulation du chamois risque de mener à celle du lynx, espèce actuellement protégée en France. 

Si on affame le lynx, puisque le chamois est sa proie principale, il n'aura pas d'autre choix que de se porter vers le menu bétail. À ce moment là les chasseurs auront beau jeu de demander sa régulation.

Alain Prêtre, photographe animalier

Un propos que dément Jean-Maurice Boillon : "Où est le rapport ? Depuis des années les chasseurs laissent le lynx vivre en toute tranquillité, c'est pour ça qu'il est toujours présent sur notre territoire." Pour le président de la Fédération de chasse, il y a là une polarisation idéologique, qui mène au matraquage des chasseurs. "Nous n'avons aucun avantage à réduire la population de chamois. On cherche l'équilibre, si la chasse disparaît pendant un an, ce serait une catastrophe pour l'agriculture et la branche forestière. C'est du bon sens environnemental."

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