Une réunion publique, où étaient conviés élus locaux et habitants, s'est déroulée ce mercredi 15 janvier à Planoise. Divers incidents, sous fond de trafic de drogue, ont eu lieu en quelques jours dans ce quartier de Besançon. Les riverains se disent excédés.
Des interrogations mais aussi beaucoup de crispations. Une réunion publique s'est tenue ce mercredi 15 janvier dans le quartier de Planoise, à Besançon, lieu de divers incidents depuis près d'un mois. Une foule compacte est venue à la rencontre des élus locaux afin de leur faire part de leurs questions et de leurs incompréhensions : beaucoup se disent stupéfaits face au manque de communication, notamment en ce qui concerne l'immense incendie de la fourrière, le 31 décembre dernier.
La réunion publique ne s'est pas attardée uniquement sur l'incendie qui a brulé près de 130 voitures. Beaucoup de riverains ont demandé des réponses suite aux fusillades à répétition dans le quartier. Six échanges de coups de feu ont été comptés ces deux derniers mois. "Planoise est laissé à l'abandon par les services de l'Etat et la mairie", a fustigé un riverain sous les applaudissements de la foule. Les services de la mairie ont tenté de rappeler que le quartier était toujours en état de reconquête républicaine (QRR) depuis fin 2018.
"Une plaque tournante"
Tirs et règlements de compte entre bandes rivales font rage au pied des vertigineuses barres d'immeubles de ce quartier sensible d'environ 20 000 habitants."En les laissant tranquilles, on vit tranquilles", confie une retraitée qui habite depuis 25 ans dans ce quartier où elle a élevé ses filles. Cannabis, cocaïne ou héroïne, le secteur est "une plaque tournante importante du trafic de stupéfiants dans la grande région, c'est un trafic extrêmement dense qui est à l'oeuvre", confirme le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.
Mais à Planoise, une étape a été franchie. Depuis le 20 novembre, les coups de feu se multiplient et sept personnes ont été blessées par balles, âgées de 14 à 31 ans, toutes suspectées d'être liées au trafic de drogue.Ce n'est pas un problème purement bisontin. Il y a un constat général sur l'ensemble du territoire national d'une recrudescence nette des problématiques liées au trafic de stupéfiants, note le magistrat.
En 2019, 255 procédures liées aux stupéfiants ont ainsi été réalisés et 1,4 million d'euros ont été saisis en valeur.
"Éjectons les dealers !"
"L'objectif est de faire revenir la paix sociale, d'occuper le terrain et faire en sorte que ces habitants puissent vivre de manière paisible, sans avoir à baisser la tête en rentrant chez eux", explique Jean Richert, directeur de cabinet du préfet du Doubs.En revanche, l'ensemble des autorités s'accordent sur une chose: "La répression n'est pas la seule solution". Pour le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret (LREM), la reconquête de ce quartier passe par la prévention auprès des toxicomanes, la formation des personnes sans emploi et l'éducation, avec une meilleure prise en charge éducative des enfants. "Les guetteurs, les jeunes qui 'chouffent', comme on dit, ils ont 10 ans ! ", constate-t-il.
A l'aube d'un deuxième plan de rénovation urbaine, "Planoise concentre une partie importante de la population qui est en difficulté", relève l'édile. "Mais c'est un quartier qui a une vie associative très riche, avec beaucoup d'activités et des enseignants de qualité. Ce n'est pas un quartier abandonné, bien au contraire", insiste-t-il alors que le sujet s'invite dans la campagne, à deux mois des municipales.
Mercredi 15 janvier, quelque 200 habitants se sont rassemblés pour soutenir les responsables d'une grande surface fermée depuis le 31 décembre, après l'incendie criminel de la fourrière municipale située à proximité. Monique Choux, animatrice du Conseil citoyen de Planoise qui a lancé ce rassemblement, veut faire passer un message: "Approprions-nous le quartier, notre quartier, et éjectons les dealers !".