Moins d’une semaine après le signalement judiciaire fait par la présidence de l’Université suite aux témoignages de plusieurs étudiants et maîtres de stage de l’école d’orthophonie, la justice ouvre une enquête et invite les étudiants qui auraient pu être victimes à prendre contact avec la police.
Des faits de harcèlement se sont ils produits dans cette école de l’université de Franche-Comté qui forme les futurs orthophonistes ? Vendredi 29 octobre, après avoir reçu le courrier d’alerte de plusieurs maîtres de stage, la présidence de l’université Macha Woronoff décidait de suspendre les cours de l’établissement jusqu’au 14 novembre. Elle confirmait la démission du directeur et de deux autres personnes de l’équipe pédagogique. Une cellule psychologique va prendre en charge les jeunes qui en auront besoin.
Sexisme, propos dégradants, pressions, harcèlement, des étudiantes dénonçent la situation au sein de l’école
“C’est des appels pendant les vacances, les jours fériés, et des messages à toutes heures” détaillent les étudiantes que nous avons pu rencontrer, elles témoignent de façon anonyme. “Des mails à 4 heures du matin pour un cours qui a lieu à 8 heures, des mails à 23 heures pour nous dire qu’on commencera tel cours du lendemain plus tard”. Les étudiants décrivent une instabilité permanente de leurs cours qui rend difficile l’organisation personnelle. Elles racontent aussi des remarques déplacées de certains professeurs. “Il y a des ‘ma belle’ pour parler aux élèves, des ‘tu ne comprends rien’, des ‘vous êtes des quiches’ “ se souvient l’étudiante, qui n’hésite pas à parler de sexisme des intervenants.
Une dizaine de premiers témoignages
A ce jour, la justice a entre ses mains, les témoignages d’une dizaine d’étudiants. L’enquête préliminaire est entre les mains de la sûreté départementale. “J’ai demandé aux enquêteurs de se concentrer sur des propos humiliants, et dégradants des choses pénalement qualifiables” explique Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon. La justice s’attelle à déterminer “si des comportements d’enseignants peuvent être constitutifs de faits de harcèlement ayant dégradé les conditions de vie des étudiants, ayant entraîné des problématiques psychiques”. Pour la cinquantaine de maîtres de stages réunis en collectif, la santé des étudiants a été malmenée. Dans leur courrier, envoyé le 14 octobre à la présidente de l’Université de Franche-Comté, à des députés, à la direction de l’école et au président du syndicat national des orthophonistes, et l’Agence Régionale de Santé, ils évoquent “des vomissements avant d’aller en cours, boule au ventre, pleurs fréquents, troubles du comportement alimentaire, troubles du sommeil, troubles anxieux, prise d’anxiolytiques courante, troubles dépressifs, antidépresseurs, psychothérapie, arrêts maladie à répétition ou suspension de la formation”.
Etayer les faits possibles de harcèlement
Le procureur qui s'exprimait en conférence de presse aux côtés du commandant Touris, adjoint à la sureté départementale invite les étudiants à téléphoner au commissariat de Besançon au 03 81 21 11 22. Il n’est pas nécessaire qu’ils se déplacent, un rendez-vous leur sera donné. Il n’est pas nécessaire de déposer plainte, les enquêteurs veulent entendre les étudiants. “Les faits de harcèlement sont des enquêtes assez complexes, pour qu’il y ait infraction pénale, il faut que ce soit objectivé” détaille le procureur. Le travail d’enquête ne fait que commencer. En parallèle à l’Université une enquête administrative sera diligentée.
Les faits remontant à avant octobre 2015 seront prescrits. Si du harcèlement a bien eu lieu dans le cadre de l’université, le ou les auteurs encourent une peine d’un an de prison.