Le nombre de consommateurs de cocaïne a doublé en quatre ans, selon une étude publiée en janvier 2025. L’une inquiète pour son frère consommateur, l’autre ancienne dépendante, deux résidentes de Franche-Comté se confient sur les risques liés à cette poudre blanche.
Parmi les jeunes interrogés devant la faculté de lettres de Besançon, la cocaïne n'a aucun succès. “Je ne trouve pas ça cool”, “ça ne fait pas rêver”, entend-on ici et là, au sein de quelques groupes d’amis. Bien qu’elle ne soit pas la drogue favorite des petits budgets, le recours à cette poudre euphorisante progresse chez les étudiants, comme dans le reste de la population.
En France, la consommation de cocaïne a presque doublé en quatre ans, expose une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiée le 15 janvier. Désormais, plus d’un million de Français déclarent avoir sniffé au moins une fois, au cours des deux derniers mois, de la cocaïne.
Le vendredi et en repas de famille
“Quand j’étais jeune, il y avait beaucoup de shit, mais on ne parlait pas de cocaïne”, se souvient Émeline*, 36 ans. Depuis vingt ans, cette résidente du Doubs festoie et fréquente les festivals régionaux à distance de cette drogue qui l’a toujours effrayée.
Elle est alors “tombée de haut” il y a deux ans, comprenant que son frère, père de famille, en consomme presque tous les week-ends avec sa compagne. Le vendredi soir, de préférence, pour “avoir le temps de s’en remettre” avant lundi. En société, en soirée, mais aussi pour “supporter” certains repas de famille.
La tristesse d'Émeline s'est d'abord heurtée à un mur. “Tu vis dans le monde des bisounours. Tout le monde en prend autour de nous”, lui a-t-il rétorqué comme pour “banaliser” son cas.
La cocaïne au travail
Banale, la consommation de cocaïne ne l'est pas encore, bien qu'elle concerne 5% des 25 - 45 ans. Certains secteurs d’activité font cependant exploser les compteurs. La restauration en premier lieu, qui compte 10% des “expérimentateurs” de cocaïne, selon l’OFDT.
Lucie* est serveuse dans le Jura depuis dix ans. Elle a sniffé pendant et après le travail durant une bonne partie de sa carrière, jusqu’à trois soirs par semaine.
Plus d’énergie, de grands sourires face aux clients, les verres sont gratuits, “l’alcool appelle la coke et vice-versa”, soirée après le service, les collègues deviennent des amis... “Toute ta vie est une fête”, commente la jeune femme au sujet du cercle vicieux qui l’a peu à peu aspirée.
Sortie de crise
C’est fait pour que tu te sentes bien. Ça te fait croire que tu es bien. Mais à un moment donné, tu perds pied.
Lucie, serveuse dans le Jura
“De plus en plus aigrie, très très fatiguée”, Lucie sort du tunnel. Elle trouve un poste avec des horaires de jour et reprend des forces. Elle se drogue aujourd’hui très occasionnellement, affirme n’en avoir “plus besoin” mais lutte encore contre les propositions tentantes de ses amis.
Le frère d’Émeline a divorcé. “Il dit ne plus consommer de cocaïne mais qu’il en reprendrait, si on lui en proposait”, laissant la trentenaire dans l’incompréhension et un fossé, même en sortie de crise, entre les anciens consommateurs et ceux qui n’y toucheront jamais.
*Les prénoms ont été modifiés.