Oswald D’Andréa, compositeur de musique qui a travaillé avec les plus grands artistes, pour la scène, le théâtre ou encore le cinéma vit près de Besançon. Il a composé la musique de 2 des films de Bertrand Tavernier, décédé cette semaine. Il se souvient.
Le réalisateur Bertrand Tavernier a disparu ce jeudi 25 mars à l'âge de 79 ans. Du côté de Besançon, la nouvelle a provoqué l'émoi, notamment pour le compositeur et chef d'orchestre Oswald d’Andréa, installé dans les environs de la capitale comtoise. Ce dernier a travaillé avec Bertrand Tavernier à deux reprises pour « La vie et rien d’autre » avec Philippe Noiret et pour « Capitaine Conan » avec Philippe Torreton.
Leur collaboration commence à la fin des années 80 : Bertrand Tavernier, qui ne manque aucun spectacle sur Paris, vient voir Oswald D’Andréa qui travaille alors au théâtre. C’est lui qui lui propose de composer la musique de son prochain film, « La vie et rien d’autre ». Pour cette musique, en 1989, Oswald d’Andréa reçoit la récompense suprême du cinéma français : le César de la meilleure musique de film. César aussi pour Philippe Noiret, César du meilleur acteur, pour son rôle du Commandant Delaplane.
Il se souvient : « A la fin du film, Philippe Noiret a un magnifique monologue dans lequel il dit que si tous les hommes tombés pendant la guerre (celle de 1914-1918) défilaient, le défilé durerait plus d’une semaine. J’avais prévu une pièce au violoncelle. En entendant la voix de Noiret, c’était comme une redite, j’ai changé d’instruments. Je pense que c’est grâce à cette fin, une plage de 20 minutes de musique, que j’ai obtenu ce César. 20 minutes de musique dans un film, c’est rare… »
"C'était un grand..."
D’andréa et Tavernier travaillent encore ensemble sur « Capitaine Conan » en 1996. Oswald d’Andréa se souvient très bien du tournage qui les a conduits en Turquie et en Roumanie : « Tavernier était antimilitariste, d’où ces deux films sur la guerre. Il voulait que je le suive sur les lieux du tournage. Pour voir, ressentir. Il était exigeant dans le bon sens du terme : il me faisait écouter des compositeurs très peu connus pour que je m’en imprègne. Quand il travaillait, il était très méticuleux et il avait aussi un enthousiasme enfantin…»
Oswald d’Andréa conclut, sans feindre sa peine : « Je suis catastrophé. C’est un grand bonhomme qui s’en va. Un homme d’une énorme culture, culture qui allait bien au-delà du cinéma. C’était aussi un ami. Oui, c’était un grand… et qui était fidèle en amitié. Il va me manquer, professionnellement et personnellement. »