“Des femmes de 30 ans viennent se faire ligaturer les trompes” : les sages-femmes menacées par la baisse de la natalité ?

Les femmes françaises font moins de bébés. En 2024 en France, la natalité continue de baisser, de -2,2 %. Moins de naissances. Quel impact sur l’activité de celles qui sont en première ligne, les sages-femmes ? Nous leur avons posé la question.

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1,59 enfant par femme en France en 2024, c’est le plus bas niveau dans notre pays depuis plus d'un siècle. 663.000 bébés sont nés l’an dernier dans l'hexagone. Par rapport à 2010, le déclin des naissances atteint plus de 20 %.

Dans le cabinet de cette sage-femme libérale, installée dans une ville moyenne du Doubs, ce début d’année 2025 est bien calme. “On a moins de travail, moins de cours de préparation à l’accouchement, moins de premiers bébés” explique Catherine*. “Il y a eu pas mal de naissances après le covid.  Là, peut-être que ça va repartir, on ne sait pas trop. On voit des jeunes femmes qui ne veulent pas d’enfant du tout, chose qu’on ne voyait pas, il y a 20 ou 30 ans” ajoute cette sage-femme. Écologie, travail, vie privée, certaines femmes ont d’ores et déjà fait une croix sur la maternité.

On voit des femmes de 30 ans qui viennent se faire ligaturer les trompes.

Catherine*, sage-femme libérale dans le Doubs


Les bébés de 2025 seront-ils en bientôt en route ?  “Je me dis que ça va passer, je ne suis pas trop inquiète, mais c’est toujours un peu stressant de se dire, est-ce que ça va repartir” confie Catherine*.

Au niveau de son activité, aujourd’hui, cette sage-femme gagne sa vie avec 50 % de grossesses, 50 % de consultations gynécologiques.

Enfant ou pas d'enfant, certains couples renoncent à mettre en route un bébé. © REMI WAFFLART / MAXPPP

Les sages-femmes s'adaptent, les femmes aussi

Caroline Combot en a mis des enfants au monde, suivi des mamans. Dans son cabinet à Belfort, cette sage-femme libérale est confrontée, elle aussi, à la baisse de la natalité. “On la ressent dans notre activité, mais on n’est pas en perte d’activités globalement. Cela est compensé par le suivi gynécologique de prévention et les demandes d’IVG, on recentre nos activités autrement” confie Caroline Combot, présidente de l’ONSSF, (Organisation Nationale des Sages-Femmes Syndicales).

Dans son cabinet, la demande n’a jamais été aussi forte en suivi gynécologique. Le départ en retraite de gynécologues de ville y est pour beaucoup. Certains gynécologues se sont spécialisés en France dans des domaines très pointus comme la PMA et ont délaissé les suivis de grossesse au profit des sages-femmes.

Le bouche-à-oreille fonctionne aussi. Même si beaucoup de femmes l’ignorent encore. Les sages-femmes sont habilitées à effectuer frottis, prescription de pilules. Elles peuvent suivre les femmes qui n’ont pas de pathologie.

Les sages-femmes assurent notamment la préparation des grossesses et les consultations de suivis gynécologique sans pathologie. © REMI WAFFLART / MAXPPP

Si la natalité continue à baisser 

Moins de bébés, moins de naissances. Les sages-femmes sont-elles en danger ? Le souffle d’air apporté par la baisse de la natalité permet d’accueillir dans de meilleures conditions les femmes dans les petites maternités, estime Caroline Combot. Mais demain ? La syndicaliste redoute des coupes dans les effectifs si la natalité continuait à diminuer.

Surtout, elle souligne que ces naissances en moins doivent nous interroger. “Au niveau de la société, s’il n’y a plus de naissances, plus personne ne pourra payer les retraites. Il y aura des conséquences financières importantes.“

Elle aussi rencontre chaque semaine des femmes, des couples qui renoncent à avoir un bébé. Et pas seulement pour des raisons écologiques. 

Des jeunes, hommes ou femmes assument de ne pas avoir d’enfants. Ça ne fait pas partie de leur vie. Il y a la charge mentale qui va avec, et certains ne la veulent tout simplement pas, ils font un autre choix de vie.

Caroline Combot, sage-femme à Belfort

Dans ce CHU, on voit toujours la vie en rose et bleu

En Bourgogne-Franche-Comté, il y a moins de bébés aussi. Le taux de natalité en Bourgogne-Franche-Comté est de 8,9 pour 1000 habitants, l'un des plus faibles de France. Entre janvier et novembre 2023, la région a connu une baisse de 6,4% des naissances par rapport à la même période en 2022.

Au CHU de Besançon, plus grosse maternité de Franche-Comté, la baisse de la natalité est limitée pour l'année 2024. 2677 naissances, la baisse est légèrement perceptible.

“Cette baisse limitée s’explique notamment par le niveau de notre maternité (classée niveau 3, le plus élevé et qui peut donc prendre en charge l’ensemble des types d’accouchement, y compris les plus complexes) et également par l’excellence des équipes qui y travaillent (plus faible taux d’épisiotomie de France, plus faible taux de césarienne pour une maternité de niveau 3)” estime l’hôpital bisontin.  Le niveau de baisse de la natalité n’est pas totalement impacté sur le niveau d’activité.

La natalité finira-t-elle par remonter ces prochains mois et années ? En 2024, le nombre de naissances a atteint son niveau le plus bas depuis 1946, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.

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