En France, les points relais sont de plus en plus sollicités. Pour les fêtes, les commerçants voient des centaines de colis arriver chaque jour dans leurs boutiques. Si certains commerçants arrivent à tenir le rythme des livraisons, ce n'est pas le cas de tous. Exemple à Besançon (Doubs).
Pour cette fin d'année, les colis s'empilent dans cette petite boutique d'objets connectés du centre-ville de Besançon, dans le Doubs. Vincent Bistac, 59 ans, ne sait plus où les stocker. Faute de place, certains apparaissent dans son commerce.
Vincent réceptionne des colis depuis juin 2021. Aujourd'hui, en pleine période de fêtes et alors que les colis affluent, il a pourtant décidé d'arrêter. "J'ai envoyé ma lettre de résiliation hier" explique-t-il. "J'ai un préavis de deux mois". Vincent sort déçu de sa relation avec l'entreprise chez qui il s'était inscrit pour devenir un point relais. "J'ai demandé à ne pas recevoir plus de 30 colis par jour. C'est une limite qui n'est pas respectée, en ce moment, je reçois une cinquantaine de colis par jour", regrette-t-il. En période plus creuse, il réceptionnait en moyenne trente colis de moins.
Entre 250 et 300 colis par semaine
Le cinquantenaire réceptionne en ce moment entre 250 et 300 colis par semaine. Une lourde charge pour ce gérant qui s'occupe seul de sa boutique : "Ça prend beaucoup de temps. Je dois réceptionner les colis le matin, les identifier et les ranger tout en m'occupant de mes clients".
Financièrement, ça ne vaut pas le coup.
Vincent Bistac, 59 ans, commerçant d'objets connectés
La commission pour les colis entre zéro et un kilo s'élève, depuis octobre 2024, à 20 centimes, 30 centimes pour les colis plus lourds. "Et la majorité des colis pèsent moins d'un kilo", précise-t-il. Avant octobre, la commission était à 30 centimes pour tous les colis. Un changement qui a encouragé Vincent à arrêter.
Au total, les colis représentent 1 % de son chiffre d'affaires à l'année. Vincent souhaitait surtout faire connaître sa boutique en faisant du point relais. Bien que déçu, le commerçant n'est pas fermé à l'idée de recommencer un contrat avec un autre réseau de livraison : "Je vais regarder pour une autre boîte".
"On ne peut pas tout faire"
Même constat quelques à Besançon, quelques mètres plus loin. Thierry Maître, 49 ans, tient le Bar Jurassien depuis juin 2024. Lui aussi a décidé de mettre fin à son contrat de point relais la semaine dernière. "La rémunération est faible et puis on ne peut pas tout faire", regrette-t-il. En moyenne, le point relais lui rapportait 250 euros par mois et entre son service en bar, sa vente de cigarettes, de timbres et de journaux, le commerçant n'arrivait plus à tenir la cadence.
Les gens se faisaient beaucoup livrer ici parce que c'est pratique en rentrant du boulot. Donc, on avait beaucoup de monde aux heures de pointe et pour nous, c'est l'heure de l'apéro. Et comme ils sont garés en vrac, ils sont exigeants et pressés.
Thierry Maître, 49 ans, gérant du Bar Jurassien
En faisant du point relais, Thierry souhaitait rendre service à ses clients. Mais il s'est rendu compte que cela impactait trop ses autres activités.
"Je savais qu'il fallait commander en avance"
D'autres boutiques arrivent en revanche à faire face à l'affluence de colis. À 14 h 30, une queue se forme à Le Vrac, épicerie située dans le centre-ville de Besançon. Lou Brunel, employée permanente de la boutique, élève la voix : "Qui souhaite récupérer un colis ?", demande-t-elle.
Une personne sort alors de la queue. Ronaldo Ara, 27 ans, vient récupérer une paire de baskets. "Un colis de chaussures normalement ça prend trois jours à être livré. Là, c'est une semaine et demie", témoigne-t-il.
Pour la période de Noël, Ronaldo a essayé de prendre les devants dans l'espoir d'avoir ses colis à temps : "Je savais qu'il fallait commander en avance. J'ai commandé mi-novembre, j'ai même pris une option express". Malgré ces précautions, ses commandes s'acheminent plus lentement que prévu. "J'attends trois colis depuis quatre jours. Chaque jour, la livraison est repoussée", s'agace-t-il.
Lou Brunel voit arriver dans son commerce "entre 100 et 150 colis par jour". "Avant, on était plus vers une cinquantaine", précise cette jeune femme brune aux cheveux courts. Avec plusieurs années d'expérience de livraison, trois employés permanents, un responsable et un chef d'établissement, la boutique de fruits et légumes arrive à gérer l'affluence des colis.
Le magasin doit souvent récupérer plus de colis que ce qu'il était prévu sur le contrat avec les entreprises de livraisons. Mais pour Lou, cela vaut le coup : "Ça arrange beaucoup les clients du quartier et ça permet à ceux qui ne connaissent pas la boutique de venir découvrir le vrac". À l'année, les colis représentent 1 % du chiffre d'affaires du magasin.