Ce jeudi 13 avril 2023 marque la 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. De Besançon, Lons-Le-Saunier, Dole, Belfort… les manifestants sont à nouveau descendus dans la rue à la veille de la décision du Conseil Constitutionnel.
À Belfort, les grévistes sont partis vers 10 h de la Maison du Peuple. Une météo maussade et pluvieuse, les vacances scolaires ont fait maigrir le cortège. Ils étaient près de 4.000 la semaine dernière, 1.500 à 2.000 à Belfort ce jeudi selon un premier comptage des syndicats.
Parmi les manifestants, certains sont là depuis le début de la contestation contre la réforme. “On est là pour les jeunes, nous c’est déjà fait la retraite” confie une dame au micro d'Émilien Diaz notre journaliste. “Demain, j’ai l’impression que la décision est déjà prise, ils savent déjà ce qu’ils vont voter. On est désemparés, mais on se bat quand même. Il y a quand même un espoir” estime cette retraitée.
Pour d’autres, l’espoir n’est plus vraiment là, mais la colère demeure. “On est dans une démocratie, et actuellement la démocratie n’a plus sa place en France” confie une manifestante belfortaine. Pour Pierre, représentant CGT, “c’est impensable de passer en force comme cela. Travailler jusqu’à 64 ans c’est impossible pour certains métiers pénibles comme les soignants, les pompiers. C’est inadmissible dans un pays dit de démocratie”. Une mère de famille porte son enfant dans les bras. Elle a travaillé dans la restauration, impensable pour elle de continuer à servir des plats, marcher 10 km par jour jusqu’à 64 ans.
Les manifestants belfortains ont pris la direction de la place Corbis, via le quartier des Résidences, les entreprises General Electric et Alstom.
Attendre la décision du Conseil Constitutionnel
La manifestation est partie à 14h du quartier de Battant à Besançon. D’après nos estimations, 4000 personnes ont défilé ce jeudi 13 avril dans les rues de la capitale comtoise. Une mobilisation légèrement à la baisse, qui reste quand même très importante pour cette 12e journée de manifestation d’après José Aviles, Secrétaire Général de l’Union syndical CGT Doubs. « Quand on a des manifestations entre 5000 et 8000, c’est que les gens ne veulent vraiment pas de cette réforme, explique-t-il. Le Conseil Constitutionnel, on verra demain. Je pense que ça ne changera pas la donne parce que le mécontentement est vraiment ancré. C’est compliqué pour tout le monde : la retraite, les salaires et l’inflation. »
Un autre manifestant explique cette baisse par le calendrier : « A Besançon, ça reste plus compliqué que d’habitude parce qu’on est en période de vacances scolaires. On sent qu’on est dans un contexte qui est plus attentiste de la décision du Conseil Constitutionnel de demain. […] Pour nous, il faut que l’instance prenne ses responsabilités et invalide cette loi parce que le support qui a été choisi n’est pas le bon. »
Les regards tournés vers le Conseil Constitutionnel
Les projecteurs sont braqués sur le Conseil Constitutionnel, discrète institution. Elle doit mettre fin au suspense vendredi "en fin de journée", au lendemain d'une douzième journée de mobilisation entamée le 19 janvier. Les Sages vont-ils censurer la réforme? Seulement une partie, par exemple l’index seniors ? Le Conseil Constitutionnel donnera-t-il son feu vert à la procédure d'un référendum d'initiative partagée (RIP), chère à la gauche ?. Cette étape est le dernier avant la promulgation de loi sur la réforme des retraites qui prévoit dès 2030 et progressivement, le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans.
Les autres manifestations du jour en Franche-Comté
A noter qu'à Vesoul, en Haute-Saône, Michel Vilbois, préfet de la Haute-Saône a interdit toute manifestation revendicative sur la voie publique les 13 et 14 avril, de 10h00 à 24h00, dans les rues suivantes : rue de la préfecture, rue de l’Aigle noir, rue de Presles, rue Salengro, rue Beauchamp, rue des casernes, rue Paul Morel, rue Alsace-Loraine, quai Yves Barbier et place du 11ème chasseurs.
Quelle sera la suite du mouvement ?
Parmi les hypothèses envisagées pour la suite par les syndicats, des défilés unitaires le 1er mai, voire une vaste manifestation à Paris. Ils doivent se réunir jeudi soir, selon des sources concordantes, pour préparer leur réaction aux décisions du Conseil constitutionnel.
"Ce n'est pas le dernier jour de mobilisation, on va se revoir encore beaucoup", a déclaré jeudi matin la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, où elle était venue apporter son soutien aux grévistes de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, près de Paris. Cette 12e journée de manifestations et de grèves à l'appel de l'intersyndicale n'est pas la dernière, "sauf si Macron retire" le texte, a assuré la nouvelle dirigeante de la CGT.
Avec AFP