"Leur montrer qu'ils peuvent être forts, eux aussi", des cours de boxe comme riposte face au cancer

À la maison des familles, en face du CHU de Besançon (Doubs), des cours de boxe adaptée sont dispensés à l’intention de personnes atteintes de cancer, pendant ou après la maladie. À l’initiative, Laura Wagner-Gaudin, infirmière en oncologie et pratiquante confirmée de boxe anglaise. Un projet intitulé Riposte.

À chaque séance, Laura s’adapte aux douleurs du jour et à l’état de fatigue de chacun des participants. Ici, pas de fit boxe ou d’aero boxe, mais de véritables cours, sans face à face ni coups portés au visage. L’objectif de ces séances est de reprendre confiance en soi, de procurer un esprit combatif et se sentir mieux dans son corps et mieux dans sa tête. “C'est vraiment un moment où le temps est suspendu, durant lequel on ne pense plus à rien, détaille l’infirmière en cancérologie. Quand je voyais les patients dans leur lit, j'avais envie de leur apporter ça et de leur montrer qu'ils pouvaient être forts, eux aussi.”

Le sport quand les mots manquent

Sonia a commencé les cours en février dernier, alors qu’elle était encore en chimiothérapie. Pourtant pas sportive, elle se sent inspirée par le nom du projet “qui [lui] parle beaucoup”. “Je ne savais pas si j’étais à ma place… Quand on est en chimio, on est fatiguée et un peu perdue dans sa tête. Mais j’ai pris mon courage à deux mains”, se souvient Sonia. Dès le premier cours, elle est charmée par Laura et ses méthodes. “Elle a passé du temps avec moi et m’a expliqué beaucoup de choses. Elle mesure le fait qu’on puisse être en difficulté, dû à son statut d’infirmière.” Laura insiste également sur l’importance de la régularité et rassure en disant que ces séances ne sont pas un défi. 

Si au début Sonia devait se motiver pour y aller, rapidement, aller aux cours devient une réelle nécessité et trouve une forme de sororité. 

Je voyais des femmes qui vivaient les mêmes choses que moi, on pouvait en parler. Et je voyais aussi que leurs cheveux repoussaient, qu’elles rigolaient.

Sonia, participante au cours de boxe adaptée

Aussi, Sonia trouve dans la boxe un vrai moment durant lequel elle pouvait vider sa colère, se défouler. Elle en avait besoin. Elle se souvient d’une fois en particulier : elle n’arrivait pas à mettre de mots sur ce qu’elle ressentait. Laura enfile les pattes d’ours et lui propose de taper. Pendant cinq minutes, elle frappe. Les larmes montent lorsqu’elle se remémore ce souvenir. “Des fois, on n’a pas les mots. Ça permet de tout lâcher. Elle nous transmet vraiment quelque chose.”

Quitter son statut de malade

Laura met à l’honneur le fait que durant ces séances, ils quittent leur statut de malades, pour prendre celui de sportifs. “Le fait qu'ils soient là malgré la fatigue, malgré les douleurs, quand je vois quelqu'un qui n'est pas en forme ce jour-là et qui est là et qu’ils ont le sourire, la victoire est là”, confie-t-elle. Si ce projet a pu voir le jour, c’est grâce à des personnes qui ont cru en elle. Un médecin, un professeur d'activité physique adaptée, et l'association Oncodoubs qui finance les cours et donne ainsi accès aux cours gratuitement pour les patients.

À partir du mois de janvier, le projet va s’élargir à Dole dans le Jura. Laure espère aussi pouvoir sortir de cette atmosphère de l’hôpital qui se trouve juste en face de la maison des familles. Être dans une vraie salle de boxe, passer à une autre étape de la maladie et créer un parcours sportif pour les anciens patients. Un espace remplie de force, de résilience, de passion et qui offre une nouvelle étape de la vie