Six commerces mitraillés en une semaine : "Il s'agit d'une seule arme", des tirs liés au trafic de stupéfiants

Depuis le 11 janvier, une série de tirs à l’arme de guerre vise des commerces dans le Doubs. Tous les établissements seraient liés au trafic de stupéfiants. Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, revient sur ces faits.

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Depuis le 11 janvier, une série d’établissements commerciaux sont victimes de tirs à l’arme de guerre avec des munitions d’armes de guerre de calibre 7,62 mm. Tout commence le samedi 11 janvier, quand un bar à chicha d'Avanne-Aveney (Doubs), près de Besançon, a été mitraillé vers 2h30 du matin. Quatre jours plus tard, le mercredi 15 janvier, c'est la vitrine d'un barber shop qui a été criblée de balles en pleine nuit dans le quartier Rivotte, au pied de la citadelle de Besançon. Dans la nuit du 17 au 18 janvier, un restaurant est visé par des tirs. Quelques minutes plus tard, entre 1h35 et 1h40, un garage auto-moto est également mitraillé. S’ajoute à cela, deux établissements à Audincourt, un bar à chicha ainsi qu’un fast-food, situés rue de Seloncourt. 

Tentative de meurtre en bande organisée

Lors d'une conférence de presse, Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, précise que le procureur de Montbéliard s’est dessaisi de ces procédures au profit du parquet de Besançon. L'objectif est de "permettre d'avoir une enquête commune sur la totalité de ces faits". "Les investigations techniques qui ont été diligentées, notamment sur les étuis retrouvés à proximité de ces différents lieux, ont mis en évidence qu'il s'agissait d'une seule et même arme qui avait percuté la totalité des munitions lors de ces six séries de tirs".

La vitrine d'un commerce a été criblé de balles dans la nuit du 14 au 15 janvier 2025 à Besançon. © France Télévisions

Ce sont les enquêteurs de la division de la criminalité organisée et spécialisée de la direction départementale de la police judiciaire de Besançon qui sont saisis de ces faits. Faits qui ont été qualifiés de "tentative de meurtre en bande organisée", au vu de la présence de personnes dans le premier établissement visé. Pour les seconds faits, dès lors que des tirs sont constatés à une heure avancée de la nuit et qu’il n’y a personne dans ces commerces, c’est la qualification de dégradation par moyens dangereux en bande organisée. Sans oublier les infractions corollaires de détention et transport d’arme et de munitions de guerre et mise en danger délibérée de la vie d’autrui. 

Un lien avec le trafic de stupéfiants

S’il est beaucoup trop tôt pour évoquer des phases d'interpellation, Etienne Manteaux déclare que "ces différents commerces sont soit détenus par des personnes proches de personnes déjà condamnées pour trafic de produits stupéfiants, ou alors des commerces accueillants, ou étant en relation d'affaires (notamment le garage) avec des personnes ayant déjà été condamnées pour trafic de stupéfiants".

Il évoque également l’arrestation au Maroc, le 10 janvier 2025 - veille de la série des tirs - de Sahbi El Asraoui, recherché après avoir fui son procès à Besançon en mars 2023 et suspecté d’avoir tué d’une balle perdue un père de famille, sur un point de deal à Dijon. Visé par quatre mandats d’arrêt, des procédures d’extradition ont été formulées à son encontre par les juridictions de Dijon et Besançon.

Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon. © Denis Colle / France Télévisions

En parallèle, même s’il est difficile de mettre en corrélation ces deux affaires, le procureur de la République évoque la découverte, dans une cave, le 20 janvier 2025 en fin de matinée, de poudre explosive. 1,7 kg de poudre, issue de fusées d'artifice très puissante, ainsi qu’un dispositif de mise à feu ont été trouvés. "Une fois ces artifices démontés et cette poudre fortement bien scotchée, cela génère un explosif qui peut être utilisé à des fins particulièrement malveillantes", ajoute le procureur.

S’il est "beaucoup trop tôt pour faire un lien entre ce dossier et celui des tirs", une information judiciaire est ouverte sur ces faits distincts de détention, de fabrication d'explosifs, avec la circonstance de la bande organisée. Une personne est actuellement en garde à vue, le fils de la locataire de la cave. Il sera déféré ce mercredi après-midi. 

Narcotrafic et consommateurs

Quant à la question du narcotrafic, Etienne Manteaux précise que "narcotrafic" ne veut pas dire nécessairement "infiltration des autorités étatiques". "Ça veut surtout dire une puissance financière que sont en train d'atteindre les trafiquants de stupéfiants qui leur permet de se doter d'équipes déterminées et de moyens tels que des explosifs, des armes de guerre avec la suspicion et la possibilité, à terme, du fait de cette puissance financière, de corrompre." 

Les tireurs ont attendu la fermeture et le départ du gérant pour mitrailler le restaurant. © Emmanuel Deshayes - France Télévisions

Face à cela, il évoque la nécessité d'être particulièrement déterminé dans la lutte contre ces narcotrafiquants, "avec la nécessité d'y adjoindre, au-delà de ce que l'on faisait traditionnellement : l'interpellation et l'incarcération de ces auteurs, d'avoir un volet patrimonial", développe le procureur. Ce qui signifie, dans chaque enquête, un volet patrimonial pour pouvoir "saisir, confisquer des avoirs criminels". "Le nerf de la guerre et ce qui est recherché par ces narcotrafiquants, c’est l’argent et cette puissance financière qui les rend particulièrement dangereux." 

Selon lui, l’État ne peut pas tout endosser pour autant. Il tient à mettre en garde les consommateurs de stupéfiants. "C’est chaque fait d'achat de produits stupéfiants qui génère la puissance de ces narcotrafiquants. Elle vient de cette demande importante de produits stupéfiants. Et tant qu'on aura une demande très forte de produits stupéfiants, nous aurons, en face, des narcotrafiquants qui seront toujours plus puissants."

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