Le ministre de l’Intérieur a publiquement soutenu les Némésis, un collectif identitaire d’extrême droite. En réaction, Les Écologistes du Grand Besançon demandent son exclusion du gouvernement dans une lettre adressée au Premier ministre, ce 25 janvier 2025.
Mardi 21 janvier, à l’occasion d’une conférence, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a répondu aux questions de l’activiste Alice Cordier (pseudonyme), directrice du collectif identitaire Némésis, en soutenant son combat dont il s’est estimé "proche".
Némésis, je voudrais féliciter les jeunes dames que j'ai vues, voilà. Bravo pour votre combat. Vous savez que j'en suis très proche.
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur
Une sortie de route "inacceptable" pour Les Écologistes du Grand Besançon, où les Némésis sont très actives. En guise de riposte, le groupe local du parti a adressé une lettre à François Bayrou ce samedi 25 janvier, dans laquelle ils demandent au Premier ministre d’exclure Bruno Retailleau du gouvernement.
Un collectif bien implanté à Besançon
"Un ministre ne peut pas soutenir des combats racistes", réagit Arthur Stell. Dans une lettre qu’il signe avec Edwige Groult, le co-secrétaire du groupe local des Écologistes liste les tristes faits d’armes des Némésis sur le territoire comtois, rappelant au chef du gouvernement que ces militantes ont perturbé plusieurs manifestations locales en brandissant des affiches qui assimilent violeurs et étrangers.
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"À chacun de ces événements, les personnes ayant publiquement condamné ces actes furent victimes de raids de cyberharcèlement : des dizaines, voire des centaines de message d’insultes et de menaces leur furent envoyées. La Maire de Besançon fut notamment visée. Elle a porté plainte", développe Les Ecologistes dans leur courrier.
Rétropédalage
Selon eux, le rétropédalage de Bruno Retailleau est insuffisant. Interrogé sur Europe 1 et CNews vendredi, le ministre de l’Intérieur a en effet expliqué qu’il ne connaissait pas la vraie nature du groupe au moment de féliciter ses membres. "Elles m’ont posé la question sur leur combat qui est contre l’islamisme, contre l’antisémitisme, et bien sûr je leur ai dit que je partageais ces combats. J’ai vu après que c’était une association qui avait des positions très radicales".
"Nous ne pouvons pas croire que le ministre de l'Intérieur ignore la nature des organisations qu'il rencontre", répondent Les Écologistes dans leur lettre à François Bayrou, avant d’en tirer la conclusion suivante : "Bruno Retailleau ne peut plus être ministre de l’Intérieur. Nous vous demandons de l’exclure du gouvernement".
L'échange du ministre avec les Némésis a eu lieu alors qu'il était invité au centre de réflexion sur la sécurité intérieure, un think tank (un groupe de réflexion, ndlr) cofondé par Thibault de Montbrial. Selon Libération, cet avocat a rejoint en 2023 le comité stratégique du média pro-Zemmour Livre noir, devenu Frontières.
Des liens avec l'extrême droite radicale
Les Némésis estiment que les violences sexuelles sont avant tout imputables à la présence d'étrangers sur le sol français. Selon Arthur Stell, “elles dévoient la lutte féministe à des fins racistes”. Liées à l'extrême droite française, il leur arrive de préparer leurs actions dans le manoir francilien de la famille Le Pen.
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Leur leadeuse Alice Cordier a fait ses classes chez les royalistes de l’Action française, une organisation déterminée anti-musulmane, anti-LGBT, antisémite et nationaliste religieuse par un rapport du GPAHE (Global Project Against Hate and Extremism) de 2023.
Après son échange avec le ministre de l’Intérieur, l’influenceuse aux 85 000 abonnés a partagé sur Twitter son "immense fierté" d’avoir été “félicitée par notre ministre de l’Interieur”. Le collectif a insisté sur son propre compte : "Pour la première fois depuis notre création, nous avons l’impression d’être entendues par les pouvoirs publics."
"De la politique politicienne" pour Laurent Croizier
Sollicité, Laurent Croizier répète qu’il a soutenu la maire de Besançon face aux Némésis. Mais le député Modem du Doubs regrette aussi que les élus municipaux fassent "de la politique politicienne", s’attardent "sur les polémiques nationales plutôt que de s’occuper de la vie de Besançon".