Deux commerces ont essuyé des tirs d'arme automatique dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 janvier 2025 à Audincourt (Doubs). Des coups de feu "à hauteur d'homme" avec "la volonté d'intimider" selon le procureur de la République de Montbéliard
Deux commerces ont essuyé de nombreux tirs d'arme à feu dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 janvier 2025 à Audincourt (Doubs), apprend-on auprès du parquet de Montbéliard.
Les "mitraillages" ont eu lieu en pleine nuit à trois heures du matin et ont visé un bar à chicha et un restaurant de burgers, tous les deux situés rue de Seloncourt à quelques dizaines de mètres l'un de l'autre. Les locaux étaient vides, aucun blessé n'est à déplorer.
"C'est la même famille qui est visée"
"Le bar a chicha, a reçu un nombre très important d'impacts sur sa vitrine et sa façade, dont plusieurs balles transperçantes qui se sont logées dans les murs à l'intérieur et au niveau du mobilier", détaille Paul-Edouard Lallois, le procureur de la République. Le restaurant de burgers a été moins touché, seulement une dizaine d'impacts".
"Les tirs ont eu lieu quand il n'y avait personne à l'intérieur mais ce sont des tirs à hauteur d'homme entre 1,50 m et 2 m, ce qui montre clairement une volonté d'intimider", ajoute le magistrat. Une seule et même enquête a été ouverte et confiée à la Direction de la criminalité organisée spécialisée, le nouveau nom de la police judiciaire. "Les tirs ont eu lieu au même moment, dans la même rue, à une dizaine de numéros d'écart, c'est le même mode opératoire et le même calibre, c'est la même famille qui est visée", insiste Paul-Edouard Lallois. Les deux gérants du bar et du restaurant ont en effet un étroit lien de parenté.
3 commerces "mitraillés" à Besançon
Des coups de feu bien mystérieux pour l'instant car, si le mode opératoire fait penser à un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants, les victimes sont inconnues de la Justice. Quelques heures avant, un restaurant de grillades a, lui aussi, été criblé de balles à Besançon. C'est le troisième commerce pris pour cible en une semaine dans la capitale comtoise.
"On ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle avec ce qui s'est passé la même nuit à Besançon, reconnaît Paul-Edouard Lallois. Les deux parquets de Besançon et de Montbéliard se sont rapprochés et ont saisi le même service de police pour recouper les informations mais pour l'instant, aucun lien ne peut être fait entre les différentes affaires."
C'est nécessairement inquiétant. Depuis des mois, on a une banalisation de l'usage des armes à feu qui va crescendo dans le Pays de Montbéliard. Avec des modes opératoires qui sont la signature des réglements de comptes du crime organisé ou du trafic de stupéfiants.
Paul-Edouard Lallois, procureur de la République à Montébliard.
"On a eu depuis l'automne une série d'interpellations dans des affaires, avec des saisies d'armes de guerre, des kalachnikov, qui sont maintenant utilisées pour impressionner les clans adverses", précise le procureur.
Un phénomène qui ne surprend pas les policiers. "C'est inquiétant pour la population évidemment, et pour les policiers qui ont toujours le risque de se retrouver dans des tirs croisés quand ils interviennent sur ces situations, estime Christophe Dallongeville, représentant du syndicat Alliance Police nationale dans le Doubs, lui-même policier à Monbéliard. Mais cela n'a rien d'étonnant. Voilà des années que le trafic d'armes s'est tranquillement installé partout malgré nos alertes. Des années qu'on dit que la réponse pénale manque de force. Maintenant, on est en train de le payer."