Habiter dans une maison avec jardin pendant cette période de confinement, peut s’avérer salutaire. Avec le beau temps, les voisins ont tendance à se croiser plus souvent et à créer ou renforcer un peu plus le lien social, tout en gardant les précautions d’usage.
Le moteur d’une tondeuse tourne depuis une bonne dizaine de minutes. Puis, une seconde se met en marche. A Larnod, commune de 700 âmes, située à 9 kilomètres de Besançon, le confinement des habitants s’effectue, pour beaucoup, dans le jardin. Le fond de l’air est frais, c’est vrai, mais les onze degrés de ce lundi 23 mars, et le soleil persistant donnent des envies de jardiner.
Romain réside dans cette commune depuis six ans. "Avec mon travail, les travaux, mes hobbies, je ne croisais jamais – ou que trop rarement - mes voisins. Un simple "bonjour" de la tête ou un "vous allez bien" suffisait à entretenir une relation correcte, mais depuis le confinement, les choses ont bien changé. Je passe mes journées entières à l’extérieur et mes voisins, pour le coup, je les croise souvent, quasiment tous les jours en fait ! », témoigne avec le sourire le trentenaire.
Sa voisine d’en face, était presque une inconnue pour lui. " Aujourd’hui, je sais qu’elle est retraitée et qu’elle est une grand-mère gâtée. Assez renfermée, elle s’est un peu plus ouverte à moi. Je crois même que je l’ai vue sourire pour la première fois il y a trois jours seulement. Mon autre voisin, celui de derrière, il m’a fallu 6 ans pour connaître son prénom. Il se nomme Christian " ! réplique Romain. "Je connais maintenant sa passion pour le vélo, les animaux, comme moi. Nos relations, sont différentes à présentes, elles sont plus respectueuses".Mon autre voisin, celui de derrière, il m’a fallu 6 ans pour connaître son prénom,
Christian, le voisin, en convient "je ne savais rien du tout sur ce garçon ! Je le voyais comme ça dans son jardin et puis c'est tout. Maintenant, je sais qu’il porte le même prénom que mon fils, qu’il aime le parapente, qu’il s’occupe d’ailleurs d’une association qui fait voler les personnes en situation de handicap et qu’il ignorait ce qu’était un ver blanc ! » plaisante le retraité.
Notre solidarité s’est renforcée, c’est certain,
Il ne s’agit pas de voyeurisme, "d’aller ensuite les uns chez les autres" rectifient Christian et Romain, "mais il est vrai que le confinement, tout en gardant nos distances, nous donne le temps de nous connaître", réplique Romain, en tendant à son voisin quelques branches de laurier fraîchement coupées.
A Beurre, c’est un autre citoyen qui a découvert son voisin. Sébastien, 28 ans, loue un appartement avec balcon. "Mon voisin, je le connaissais comme ça, je le croisais de temps en temps". Mais depuis qu’il est contraint de rester chez lui, Sébastien rencontre son voisin tous les jours. Balcons côte-à-côte, ils boivent le café à la même heure. Une coïncidence qui les a rapprochés.
"Dorénavant c’est devenu un vrai pote. Sa grand-mère est porteuse du coronavirus et je suis devenu son confident, situation qui ne serait jamais arrivée avant. Comme pour tous les voisins, on devine un peu les passions, les vies de chacun, mais là, on devient plus intime. Par exemple, je ne savais pas à quel point l’informatique était une réelle raison de vivre pour mon voisin ! Je viens tout juste de le découvrir. Notre solidarité s’est renforcée, c’est certain", admet Sébastien.