Grievement blessée lors de l'accident de son bus scolaire le 1er décembre dans le Haut-Doubs, Cécilia est encore hospitalisée et subit de nombreuses opérations. Sa mère revient sur la solidarité qui s'est organisée et annonce porter plainte contre la compagnie de transport et la conductrice.
C'était le 1er décembre 2020. Un bus de transport scolaire perd le contrôle sur une route enneigée du massif forestier de la Fuvelle, dans le Haut-Doubs, et se renverse dans un fossé. A bord, une trentaine d'adolescents qui se rendent au collège Sainte-Jeanne Antide de Labergement. La plupart des élèves ressortent indemnes de l'accident, mais trois sont blessés. Cécilia en fait partie.
Plus de deux semaines après l'accident, elle est encore hospitalisée au CHRU de Besançon (Doubs). "On essaie de tenir le coup", souffle Claire Defert, la mère de Cécilia. La veille, le 15 décembre, la jeune fille passait au bloc opératoire pour la cinquième fois.
"Cécilia est fatiguée, épuisée". Deux-cents points de suture, fracture ouverte... Claire Defert énumère douloureusement les blessures de sa fille. "Les médecins viennent de lui greffer la chair de la cuisse à son genou, où il lui en manquait. On espère que la greffe va tenir", ajoute-t-elle. La mère n'a pas quitté le chevet de sa fille, et n'est pas rentrée chez elle depuis le 1er décembre. Professeure au lycée de Morteau (Doubs) et mère célibataire, elle a dû arrêter de travailler.
Douleur et solidarité "incroyable"
D'autres opérations sont à suivre, notamment lorsque Cécilia sera plus grande afin d'atténuer ses cicatrices. Mais avant tout, bonne nouvelle : "elle rentre à la maison". Une hospitalisation à domicile seulement de quelques jours avant de retourner à l'hôpital, mais "elle en avait moralement besoin", insiste Claire Defert.
Malgré la douleur et le choc, Cécilia revient souvent sur son accident, note sa mère. Elle a été propulsée par les fenêtres du bus et s'est retrouvée coincée par l'arrière du véhicule. La jeune fille passe deux heures dans la neige, toujours consciente, le temps que les pompiers la désincarcère.
Claire Defert raconte, amusée, qu'un des pompiers qui a sauvé sa fille lui a promis un "McDo quand tout sera fini". Ce qu'elle aura, même à l'hôpital. Pour le moral et pour les forces, "nous lui donnons à manger des choses qu'elle aime", affirme sa mère.
Pour panser les autres plaies psychologiques, Cécilia est bien entourée. Elle "reçoit énormément de soutien de la part de ses camarades du collège, a des mots et des cadeaux tous les jours", s'enthousiasme Claire Defert. Elle ajoute : "Le personnel soignant est vraiment génial, nous ne pouvions pas tomber sur une meilleure équipe !".
Une cagnotte Leetchi a même été lancée et près de 4 000 € ont déjà été récoltés au 16 décembre 2020. "Cette cagnotte ne lui permettra pas de retrouver sa vie d'avant, mais d'envisager l'avenir plus sereinement (maintien de l'école à la maison, perte de salaire de la maman pour rester auprès d'elle, aménagements médicaux, rééducation, ....)", peut-on lire sur la description.
Un élan de solidarité inattendu qui émeut Claire Defert : "Je n'ai pas les mots, c'est incroyable cette générosité". Ce sont deux mères, dont l'une est celle de la meilleure amie de Cécilia, qui ont lancé cette cagnotte sans prévenir Claire Defert. Dans les 96 contributeurs, "il y a même des gens que je ne connais pas, s'étonne Claire Defert. C'est formidable qu'il y ait autant de gens qui nous soutiennent !".
"Quand on transporte des élèves, on ne fait pas n'importe quoi"
Elle compte attaquer en justice la conductrice ainsi que la compagnie de bus Mobigo. Cette dernière avait d'ailleurs déjà été incriminée en 2016, lors d'un autre accident de transport scolaire dans une sortie de route à Montflovin dans le Haut-Doubs. Deux collégiens y avaient trouvé la mort.
La famille a pris un avocat. Selon Claire Defert, d'autres élèves ont déjà été entendus par la gendarmerie dans l'enquête ouverte pour déterminer les circonstances précises de l'accident.. Cecilia le sera lorsque sa santé se sera améliorée.
"On veut avoir des réponses, savoir réellement ce qu'il s'est passé, déclare fermement la mère, "et que les fautifs soient reconnus responsables de leurs actes". Elle ajoute : "Ma fille n'a rien demandé. Elle a été blessée à cinq minutes de son collège parce que la conductrice a pris le risque de doubler une voiture sur une route enneigée. Quand on transporte des élèves, on ne fait pas n'importe quoi. C'est aberrant."