À quelques jours de la publication de l'arrêté qui fixe le quota de tirs de loups pour 2025, 22 organisations agricoles de Bourgogne-Franche-Comté demandent à l'État d'"augmenter les quotas de prélèvement pour pouvoir maintenir la population à 500 loups maximum".
Le courrier des 22 organisations agricoles, dont la chambre régionale d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comé aux ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique est daté du 19 novembre 2024 et ce n'est pas un hasard. En cette fin d'année, éleveurs et défenseurs du loup attendent les décisions de l'État concernant l'autorisation de tir pour un nombre maximum de loups. Le nombre de loups fin 2023 en France était estimé à 1.003 individus.
En 2024, le quota avait été fixé à 209 loups soit un plafond de 19% de la population totale des loups en France.
Décembre, un mois clé
De combien sera-t-il en 2025 ? Cette décision intervient dans un contexte particulier. Le 3 décembre dernier, le Comité permanent de la Convention de Berne du Conseil de l’Europe a voté en faveur d’une modification du statut de protection du loup à partir de mars 2025, passant de "strictement protégé" à "protégé".
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La prochaine réunion du Groupe national loup (GNL) doit avoir lieu à la mi-décembre. Il y a un an, lorsque l'ancien ministre de l'Agriculture avait présenté le nouveau Plan national d’actions loup 2024-2029 à l’automne 2023, il avait déclaré que le Plan pourrait être modifié au cas où le statut du loup évoluerait au niveau européen.
Un contexte particulier
Autre contexte inédit, la démission du gouvernement dirigé par Michel Barnier. Le premier ministre avait estimé, lors d'une visite du Sommet de l'élevage dans le Puy-de-Dôme le 4 octobre, qu'une nouvelle évaluation du nombre de loups en France, prévue mi-décembre, pouvait être un "moment-clé" pour augmenter les abattages de loups.
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Dans leur courrier rendu public, les 22 organisations syndicales (dont la chambre d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, FRSEA, Jeunes Agriculteurs de la Région BFC, syndicats d'éleveurs...), précisent que "les mesures du plan national d'actions nous semblent encore insuffisantes pour garantir la protection de nos élevages." Les représentants des éleveurs demandent, entre autres, "d'augmenter les quotas de prélèvement pour pouvoir maintenir la population à 500 loups maximum".
Les organisations de protection de la nature siégeant au Groupe National Loup (GNL) n'ont pas réagi collectivement à ce courrier comme ils l'avaient fait après l'annonce du déclassement de "strictement protégé" à "protégé" par le Comité permanent de la Convention de Berne.
Contactée par téléphone, Natacha Bigan, coordinatrice pour le massif du Jura de Ferus, rappelle que le "seuil de viabilité fixé à 500 individus" mentionné dans ce courrier n'est pas exact. "Au mieux, c'est un oubli, au pire, c'est un mensonge" précise la coordinatrice de Ferus.
Les organisations agricoles écrivent que "la population de loup (...) ne cesse d'augmenter et dépasse largement le seuil de viabilité fixé à 500 individus". Mais l'étude de Muséum national d'histoire naturelle et de l'office national de la chasse et de la faune sauvage qui mentionne ce chiffre, précise que ce seuil concerne les loups reproducteurs soit un loup par meute.
Combien y a-t-il de loups en France en 2024 ? Quel quota de prélèvements va être décidé par l'État ? Quelles prises en charge financières seront annoncées ? Toutes ces questions devraient être débattues ce 10 décembre lors du Comité départemental des grands prédateurs à la préfecture du Doubs, et d'ici à la fin décembre lors du Comité national loup.