Suicide d'Océane Bourdin : ses parents veulent lancer un projet de loi pour "faire changer le système et les mentalités" autour du viol

Alors que l'histoire d'Océane Bourdin a marqué l'opinion publique, ses parents ne veulent pas en rester là. Ils espèrent faire bouger les choses dans le fond, par la loi, pour que ces drames puissent être évités et pour que les victimes de viol soient mieux soutenues. Détails.

L'histoire d'Océane a fait le tour de France, depuis que ses parents Yvan et Sandra Bourdin ont choisi de raconter publiquement le calvaire subi par leur fille, victime de deux viols et une agression sexuelle en quelques années. Cette dernière, alors âgée de 21 ans, s'est suicidée en juin dernier après avoir porté plainte pour la troisième fois.

Depuis son passage dans les médias, Yvan reçoit des centaines de messages de soutien d'anonymes mais aussi de parents qui ont eu à vivre le même drame que la famille franc-comtoise. "C'est un truc de fou. Je n'en reviens pas. Je reçois des témoignages de l'autre bout de la France mais aussi de la région" témoigne le père, visiblement noyé sous les sollicitations.

► À lire aussi : Océane, 21 ans, s'est suicidée après avoir porté plainte pour viol : "L'enquête est au stade zéro, ça nous tue..." témoignent ses parents

"Il y a tellement de cas similaires à Océane, de toutes les générations. Les filles et les femmes ont le droit de s'amuser sans avoir peur d'être violées. Cela me révolte et ça révoltait Océane aussi. Même si on arrive à faire de la prévention, il y aura toujours des prédateurs. Il faut faire quelque chose pour ces femmes, il faut que la prise en charge soit meilleure" reprend Sandra Bourdin. 

L'ampleur du phénomène pousse le couple à encore plus d'action. Ils souhaitent porter un projet de loi du nom de leur fille, afin de mettre "un gros coup de pied dans la fourmilière et faire changer le système et les mentalités."

Désignation d'un avocat, accompagnement psychologique et enquête immédiate

Le papa d'Océane a d'ores et déjà dressé la liste de cinq mesures précises. Parmi elles, on retrouve par exemple la désignation automatique d'un avocat commis d'office pour les victimes d'une agression sexuelle ou d'un viol. "Comment se fait-il qu’en France on donne gratuitement des avocats commis d’office à des délinquants qui commettent des délits, et pas à des victimes afin de les informer de leurs droits ?" s'interroge le père de famille.

L'accompagnement psychologique "immédiat" des victimes doit également être renforcé selon lui. Yvan Bourdin aimerait "une audition dans les 24h du mis en cause par un officier de police judiciaire, avec saisie de son téléphone portable et de son ordinateur pour une enquête qui démarre immédiatement". Pour rappel, l'agresseur présumé de la jeune femme est libre et n'a pas été entendu par les enquêteurs malgré plusieurs mois d'attente de la famille Bourdin. 

D'autres mesures tiennent à cœur aux parents telles que la "protection judiciaire de la victime avec interdiction au mis en cause de rentrer en contact avec elle pour éviter de faire pression" ou encore "le droit aux policiers de faire une enquête sans plainte quand ils constatent des faits". 

"La loi Océane" verra-t-elle le jour ? Jacques Grosperrin, sénateur LR du Doubs, soutient les parents d'Océane dans leur démarche. "'J'ai fait un courrier au directeur du cabinet du ministre de la Justice et au conseiller chargé des questions législatives et parlementaires. J'ai expliqué que je souhaitais rencontrer le ministre et qu'il puisse également rencontrer les parents d'Océane, pour qu'ils lui expriment leur difficulté vis à vis de la justice" nous détaille-t-il. Il confirme sa volonté de déposer une proposition de loi au nom des parents de la jeune franc-comtoise. 

Aujourd'hui, les peines ne sont pas exemplaires pour les violeurs. Ça ne fait peur à personne. Si demain on peut faire évoluer les choses et aider les autres victimes, notre peine sera allégée.

Yvan Bourdin, père d'Océane Bourdin

"Je me suis dit que notre fille ne reviendrait jamais, et que je ne voulais pas qu'elle soit morte pour rien. Si elle doit devenir un symbole, elle deviendra un symbole. Peut-être que ça n'aboutira jamais, mais qui ne tente rien n'a rien" conclut Yvan Bourdin. Chaque année en France, environ 95 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol.