Dès la déclaration de guerre, Henri Desgrange, directeur du journal l’Auto, trouve la formule qui donne un sens sportif au conflit : (éditorial du 3 août 1914) le « Grand match ». Ses « p’tits gars français » ne peuvent que l’emporter (…) face aux moutons stupides que sont les ennemis ». Mais la formule va rapidement s’essouffler, la guerre prouvant très vite qu’elle n’est pas un jeu.
Dans un premier temps, ce sont les combats aériens que l’on suit comme des matches au front. Un certain nombre de sportifs et de champions saisissent l’occasion de pratiquer dans des conditions extrêmement périlleuses, le sport le plus prestigieux d’avant-guerre. Contrairement aux batailles au sol, chaque pilote pouvait prendre la mesure de son adversaire. Le rugbyman Maurice Boyau, le Boxeur Georges Carpentier, le nageur Henry Décoin ou le cycliste Octave Lapize font ainsi les gros titres de la presse sportive et semblent un temps combler le vide laissé par l’arrêt des compétitions officielles.
Dans les tranchées, le front stabilisé, les poilus essayent de se distraire entre deux offensives. Si les jeux de cartes, de dames ou dominos sont la principale activité, la pratique du sport se développe dans les cantonnements et jusqu’aux abords des lignes. Ceux qui l’ont pratiqué avant-guerre initient leurs camarades au football rugby, à la boxe mais surtout au football association comme on l’appelle alors. Il est pratiqué sur n’importe quel terrain vague, sans règles strictes, mais pour sociabiliser et combattre le cafard. L’instituteur franc-comtois Edouard Coeurdevrey écrit le 26 mai 1918 dans la Somme : « après-midi, match de football, courses, poids, musique. Véritable fête sportive où la force de la jeunesse qui déborde empêche de croire à la mort. »
Les officiers supérieurs, plutôt formés à la gymnastique et au marches militaires, sont d’abord dubitatifs. Mais à partir de 1917, et l’arrivée du commandant en chef Pétain, ils prennent conscience de l’utilité du sport dans l’effort de guerre, comme il éloigne les dérives alcooliques et charnelles…et entretient leur leadership. Des capitaines font d’un match de football la récompense d’une manœuvre exécutée vite et bien. Dans cette conjoncture, des centaines de milliers de poilus seront piqués par le virus du football, ce qui contribuera à son essor et la création de clubs après-guerre.
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