Loutre : chassée pendant des années, ce grand mustélidé gagne lentement du terrain

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À l’occasion de la journée mondiale de la loutre, le 31 mai, on s’intéresse à cet animal à la bouille sympathique, peu connu du grand public.

Loutre qui es-tu ?

Vous en avez sans doute déjà aperçu dans les zoos, et plus rarement dans la nature. Un museau arrondi. Voici la Loutre d’Europe, un carnivore qui partage sa vie entre eau et terre. Grâce à ses pattes palmées et son pelage protecteur, la Loutre conserve la chaleur nécessaire à sa bonne évolution. Elle mesure entre 100 et 130 cm, dont environ un tiers pour sa queue allongée et en pointe. Elle est plus grande que le castor et pèse de 6 à 11 kg précise la société française pour l'étude et la protection des mammifères. Son pelage est marron foncé, plus clair au niveau du ventre. L’animal est particulièrement agile. La Loutre peut entendre, voir et sentir ce qui se passe autour d’elle (et respirer) sans avoir à trop sortir la tête de l’eau, un peu à la manière d’un crocodile !

Maman loutre donne naissance à un à trois petits, les loutrons. Les loutres ont en moyenne très peu de descendants, car l'espèce n'atteint la maturité sexuelle qu'à l'âge de 2-3 ans. Les bébés loutres sont émancipés à l'âge de 8-9 mois, parfois un an, et il leur faudra encore six mois avant de devenir des pêcheurs aussi efficaces que leurs parents. Le taux de mortalité des juvéniles est élevé, et l'espérance de vie moyenne de l'espèce est de 4-5 ans. 

Chassée pendant des années en France pour sa fourrure

Ce mustélidé était présent autrefois dans toute la France. Mais il a souffert du piégeage et de la chasse pour sa fourrure. Certains ont considéré aussi la loutre comme un concurrent de pêche.

L’espèce a été victime au fil des décennies de l’industrialisation, de la croissance démographique, de l’intensification de l’agriculture, de la dégradation des zones humides. Elle est victime de temps en temps de collisions routières. Mais les signes de son avancée ici et là sont encourageants.

Le retour de la Loutre dans les rivières de Franche-Comté ?

La Loutre d’Europe est une espèce protégée en France. “Elle n’a toujours pas retrouvé ses territoires dans tout le quart nord-est où elle a disparu comme en Belgique, Allemagne, Luxembourg ou nord de l’Italie” précise Ondine Dupuis, chargée de projet à la LPO Franche-Comté. La jeune femme suit particulièrement l’espèce. En Franche-Comté, la loutre d’Europe est devenue rare à partir des années 70, elle avait disparu depuis les années 80-90.

Depuis décembre 2021, des observations de loutre ont été réalisées dans la basse vallée de la Loue, à la confluence du Doubs et de la Loue, dans la Bienne dans le sud du Jura, mais aussi dans la Vèze, un affluent de la Saône dans le Jura.

“Cela ne veut pas dire qu’elle s’est réinstallée. Il peut s’agir d’individus de passage. Mais en France, cette progression est encourageante. La Loutre est revenue toute seule, sans réintroduction. Depuis les années 90, on assiste à un mouvement de recolonisation lent et fragile” ajoute Ondine Dupuis.

Un plan national d’actions pour aider au retour de la Loutre

Un second Plan National d'Actions (PNA) en faveur de la Loutre d'Europe a été mis en place pour la période 2019-2028.

La Loutre pour s’installer a besoin “de ressources alimentaires importantes et diversifiées. Elle mange des poissons, des écrevisses, des amphibiens, plus rarement des petits mammifères. Elle a besoin également d’un endroit calme pour se reproduire et élever ses petits” précise Ondine Dupuis. Selon la spécialiste, la Loutre s’adapte à la pollution. Il faut juste qu’elle ait assez de poissons et amphibiens pour se nourrir.

Sensibiliser, éduquer à cette espèce

Pour Pascal Blain, président de l'association Serre Vivante, les indices de présence de loutres sont une bonne nouvelle. “On essaie de sensibiliser le grand public pour éviter tout conflit d’usage. C’est plus facile qu’avec le loup ou le lynx. La méconnaissance des riverains peut amener une certaine incompréhension. En règle générale, c’est la défiance qui prévaut. Plus on communiquera sur l’animal, plus on démontrera son intérêt". Le retour de la Loutre n’est pas acquis, mais il prouve, selon lui, la nécessité de maintenir et lutter pour la qualité des cours d’eau qui permettront à la Loutre d’Europe de trouver la nourriture nécessaire pour s'installer. “Tant qu’on n'a pas de reproduction constatée sur place, on peut toujours pas dire qu’une rivière est réinvestie”.

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