Énième plan social pour le fabricant de pièces automobiles F2J Japy de Valentigney (Doubs). La direction a annoncé renoncer à 40 de ses 100 salariés, le 20 janvier 2025. En cause : l'arrêt d'une ligne de produit par Stellantis, son principal client.
Les salariés de F2J Japy y sont tristement habitués. La direction de l'entreprise a annoncé la suppression de 40 nouveaux emplois, lundi 20 janvier.
Un énième couperet pour le fabricant de composantes de boîtes de vitesses, qui représente une fonte de 40% de la masse salariale. F2J Japy subit de plein fouet les mauvais résultats de son principal client Stellantis, de paire avec l'électrification du parc automobile et le passage aux boîtes de vitesses automatiques.
Une baisse de 30% du chiffre d'affaires
Ce projet de restructuration fait suite à l'arrêt d'une ligne de produit par Stellantis. "Un produit qui se monte justement sur des boîtes de vitesses et qui représentait 30% de notre chiffre d'affaires", soit 5 millions d'euros, précise le directeur de F2J Japy, Thibault Couerdacier.
Cette décision ne laisse "pas le choix" au chef d'entreprise : "il faut amputer la masse salariale pour garantir la pérennité du site et préserver les emplois qui vont rester".
Il répète qu'il s'agit bien d'un arrêt de produit, "sa production n'est pas délocalisée ailleurs". Au sujet de Stellantis, il ajoute : "Notre client (Stellantis) nous soutient, mais il ne peut pas nous inventer des volumes qui n'existent pas".
Japy proche de l'extinction
La nouvelle reste cruelle pour les salariés. Réunis ce mardi matin devant l'usine, tous ne partagent pas l'opinion du directeur au sujet de Stellantis.
Peugeot (Stellantis) nous laisse tomber. Peugeot ne s'occupe plus des sous-traitants. Ils ne pensent qu'au profit et nous, on va crever.
André Thievent, délégué syndical CFDT
"C'est le sixième plan social en dix ans", réagit le délégué syndical Force ouvrière (FO) Mark Sivric. En 2023, déjà, F2J Japy essuyait la suppression de 33 emplois. Quand il a été embauché il y a 18 ans, l'entreprise employait 600 personnes dont 450 intérimaires. Les effectifs ont depuis été divisés par dix.
"On s'est tous battus. On a fait le job. La productivité a augmenté. On a fait tout ce qu'on a pu pour sauver cette boîte", poursuit Mark Sivric. "La direction est allée chercher de nouveaux marchés, mais la conjoncture est très mauvaise. C'est insuffisant pour compenser la perte de marché de Stellantis, qui représente 100% de notre chiffre d'affaires."
Des efforts de diversification
La direction confirme. Depuis 2021, F2J Japy a diversifié son activité en se positionnant notamment sur le marché de l'hydrogène et celui des équipements agricoles. Pour l'instant, les volumes commandés sont faibles. Mais son directeur garde espoir : "C'est compliqué, mais on y arrive".
"C'est la triste réalité du marché automobile", reprend Mark Sivric de Force ouvrière. Selon lui, le gouvernement entame une transition énergétique "sans penser aux conséquences sur l'emploi".
Les négociations débuteront vendredi. Le but de l'intersyndicale : minimiser le nombre de licenciés et permettre aux sacrifiés de partir dans "les meilleures conditions possibles", répond Mark Sivric. Un objectif partagé par le directeur, "dans la mesure des moyens de l'entreprise".
Avec Hugo Flotat-Talon