Des pénuries de médicaments sont en cours en France. La Franche-Comté ne fait pas exception, comme nous l'expliquent les professionnels du secteur, inquiets. Reportage et interview.
"Ça s'aggrave par rapport au début d'année. C'est de pire en pire", explique une pharmacienne de Montbéliard au micro d'Emilien Diaz. Depuis plusieurs semaines, les pharmaciens doivent faire face à une pénurie de certains médicaments comme des antibiotiques, du sirop pour la toux à l'amoxicilline pour les enfants ou encore du paracétamol sous forme de Doliprane.
Les étagères de certaines officines sont à moitié vides, la conséquence d'une triple épidémie : bronchiolite, grippe et la hausse des cas de Covid-19 depuis plusieurs semaines.
"C'est très tendu. C'est quand même difficile psychologiquement", témoigne une préparatrice en pharmacie. Certains pharmaciens préconisent le retour du port du masque afin de limiter la propagation des virus et ainsi réduire la pression sur les stocks de médicaments.
Arnaud Verdenet, responsable de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine du Doubs, était l'invité de notre JT 19/20 dimanche 11 décembre. Il tire lui aussi la sonnette d'alarme et ne mâche pas ses mots. "C'est insupportable, explique-t-il. C'est un scandale de ne pas pouvoir se procurer de paracétamol, de Doliprane, aujourd'hui en France". "On n'a pas les causes réelles de cette pénurie. Il faut s'y atteler, car c'est insupportable", martèle-t-il, tout en se voulant rassurant pour les patients.
"Nous mettons tout en œuvre pour sécuriser au mieux la situation"
Les laboratoires expliquent ces tensions en amoxicilline par l’augmentation très importante de la consommation en antibiotiques couplée à des difficultés sur les lignes de production industrielle. "Nous mettons tout en œuvre pour sécuriser au mieux la situation et garantir la couverture des besoins des patients, en lien avec les associations de patients et les professionnels de santé", détaille l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
De son côté, l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OtMeds) juge que la pénurie aurait pu et dû être mieux anticipée. Il alerte également sur les mesures mises en place par les autorités sanitaires françaises pour faire face aux pénuries, qui ne "s'attaquent pas aux causes structurelles". "Elles sont donc tardives et ne s’attaquent pas aux causes structurelles, car sans augmentation de la production, la marge de manœuvre est très réduite".