Trois éoliennes pourraient sortir de terre dans la forêt dominant Chaffois (Doubs), commune située aux portes de Pontarlier. Malgré un feu vert accordé en 2016 sous le mandat du précédent maire, le village et ses élus s'estiment floués et se mobilisent contre le projet éolien.
Trop visibles et nuisibles, les futures éoliennes de Chaffois ? Une grande partie des habitants de cette commune des abords de Pontarlier voit d'un mauvais œil l'arrivée de trois hélices géantes dans la forêt qui surplombe le village, comme en témoignent les banderoles déployées dans le bourg ou les commentaires déposés dans l'enquête publique. Celle-ci a débuté ce 27 janvier.
"Je m'oppose au projet éolien à cause des nuisances sonores et visuelles qui vont engendrer une dévalorisation de l'immobilier," peut-on par exemple lire sur le registre dématérialisé de la commune, disponible pendant un mois. D'autres internautes estiment que le parc pourrait porter préjudice à la faune et à la flore locale. "Pourquoi détruire nos paysages ?" se demande un autre.
Un projet voté en 2016
Élu en 2020, le maire (SE) de Chaffois Nicolas Barbe est personnellement contre le projet, comme l'intégralité du conseil municipal. Pourtant, pendant le mandat de son prédécesseur en 2016, il avait voté pour comme tous les conseillers municipaux présents. Contre leur gré, estime-t-il.
On a été dupés par le maire de l'époque, qui était un fervent défenseur du projet car à la recherche de financements.
Nicolas BarbeMaire (SE) de Chaffois (Doubs)
"Lors du vote en février 2016, on ne nous a lu qu'une seule partie de la délibération, celle qui proposait des servitudes d'accès à des parcelles communales à l'entreprise réalisant des études d'impact," raconte l'élu. Les élus présents, prêts à autoriser ces études, ont logiquement voté pour. Or, un deuxième point de la délibération "engageait la commune de Chaffois à donner une promesse de bail de ces parcelles pour la construction d'un parc éolien," souligne Nicolas Barbe, qui assure que ce point a été passé sous silence.
Malgré un arrêté préfectoral de rejet en 2019, la cour d'appel de Nancy a finalement sommé la préfecture, en 2023, de poursuivre l'instruction du dossier, qui en est à la phase d'enquête publique.
La commune se mobilise
Aujourd'hui, Nicolas Barbe regrette ne "plus [avoir son] mot à dire" : à cause de ce conseil municipal controversé de 2016, le futur exploitant des éoliennes, l'entreprise Alterric, considère que la commune est d'accord. Alors le maire et les habitants s'organisent "pour rappeler que [leur] avis a un poids". À l'été 2024, "un référendum citoyen" a été organisé en mairie pendant cinquante jours et 97% des Chaffoyards s'étaient alors prononcés contre ces équipements.
Chez les défenseurs de l'éolien, on plaide pour des bénéfices sur l'emploi local, pour les recettes de la commune ou encore l'impact environnemental plutôt limité de ce futur site qui produira localement de l'énergie renouvelable. "Autour de Pontarlier, on bétonne, on creuse, on artificialise sans que cela ne soulève autant d’indignation" relève un internaute, qui cite comme d'autres l'impact de l'extension de la carrière de Chaffois, dont "personne ne s'émeut".
Le maire balaie le dernier argument, assurant que l'extension de la carrière n'a "pas un fort enjeu écologique", occasionne "peu de déforestation" et de "larges compensations". Quant aux recettes éventuelles de l'éolien pour la commune, Nicolas Barbe annonce près de 37 000 euros annuels. "L'une des éoliennes ne se construira probablement pas, car elle est située sur un couloir aérien. Sur les 56 400 euros prévus initialement, il faudra plutôt compter sur les deux tiers, glisse le maire. On a d'autres pistes pour gagner des revenus."
L'enquête publique est ouverte pendant un mois jusqu'au 27 février. Le registre est disponible aux heures d'ouverture de la mairie et en ligne.