"Départ de cadres", "montée en puissance de la famille Agnelli" : faut-il être inquiet pour le site Stellantis de Belchamp ?

À l’occasion d’une séance de questions orales au gouvernement, le député du Doubs, Matthieu Bloch, a interrogé le gouvernement sur l'avenir du site de Stellantis à Belchamp près de l'usine historique de Sochaux dans le pays de Montbéliard.

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“Malgré les investissements (...), une vive inquiétude demeure sur l’avenir de la branche recherche et développement”. C’est avec ces mots que le député du Doubs, Matthieu Bloch (LR ayant fait alliance avec Eric Ciotti aux dernières législatives), a interpellé la ministre déléguée en charge de l’Intelligence Artificielle et du numérique, Clara Chappaz, qui suppléait le ministre de l’Industrie, sur l’avenir du site de Belchamp. Cette inquiétude est née après le départ important de cadres sur ce site de Stellantis dans le Doubs.

On voit beaucoup de cadres partir et, les remontées du terrain font état de prochains départs du site de Belchamp 

Matthieu Bloch, député de la 3e du Doubs (union des droites)

Benoît Vernier, délégué syndical CFDT chez Stellantis Belchamp à Voujeaucourt, confirme le départ de nombreux cadres, mais il se veut rassurant. "Il n'y a pas qu'à Belchamp. À Poissy, ils sont plus nombreux à quitter l’entreprise, une tendance liée à l’attractivité du bassin parisien". La raison, selon lui, vient de Carlos Tavares, l’ancien patron de Stellantis. “Il a fait mener une vie infernale aux équipes, avec des charges de travail intenables, si bien que les gens ont lâché prise”. Puis de détailler :“Les cadres sont moins nombreux à partir que les ouvriers et les techniciens. D’ailleurs, les techniciens sont les plus nombreux à démissionner”. Et de rajouter : 

Il y a eu une grosse vague de départs. En quatre mois, en France, les salariés de Stellantis ont été entre 1.200 et 1.300 salariés à quitter l’entreprise alors que c’est le chiffre qu’on avait sur une année.

Benoît Vernier, délégué syndical CFDT chez Stellantis Belchamp

En 2023, le nombre de cadres au niveau national chez Stellantis était de 10 132 contre 11 177 en 2021. Les techniciens, eux, étaient 5.550 en 2023, contre 7.250 en 2021.  

Des chiffres qui viennent confirmer la crainte du député. “L’excellence reconnue du site de Sochaux ne peut marcher indépendamment de sa branche recherche et développement. Sans ce vecteur, l’usine de Sochaux ne serait plus qu’une usine de montage parmi tant d’autres et se verrait ainsi considérablement fragilisé”, analyse le député Matthieu Bloch. 

Inquiétude confirmée par Carlos Tavares lui-même 

Le 3 octobre dernier, Carlos Tavares, ancien patron de Stellantis, était venu visiter l’usine de Sochaux en présence des élus locaux et de Matthieu Bloch. À cette occasion, le député du Doubs, l’avait interrogé sur son inquiétude liée aux nombreux départs des cadres de Belchamp. Lors de son intervention en séance ce mardi 21 janvier, Matthieu Bloch a rappelé cette visite et rapporté les propos de l’ancien président de Stellantis.

Je l’ai interrogé sur la pérennité des 871 emplois du site de Belchamp. Il m’avait répondu être aussi inquiet que moi en ce qui concerne la recherche et le développement en France

Matthieu Bloch, député de la 3e du Doubs (union des droites)

En réponse, la ministre déléguée, Clara Chappaz, s’est exprimée ainsi : “Stellantis a confirmé à Marc Ferracci, [NDLR : Ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie], que Belchamp est un site majeur pour le groupe. L’activité de recherche y est soutenue et le groupe a indiqué n’avoir aucune intention de la diminuer, au contraire”. 

Être rassurant, mais aussi réaliste. La ministre déléguée a ainsi rapporté que “les recherches automobiles françaises sont toutes soumises à une forte pression internationale, la compétence des ingénieurs étrangers est de plus en plus reconnue et les cycles de développement sont plus rapides. À l’étranger, ils peuvent aller jusqu’à 12 mois pour développer un nouveau moteur, contre 36 mois ici en Europe. C’est un facteur indéniable en notre défaveur”. 

La montée en puissance de la famille Agnelli  

Un troisième facteur vient renforcer l’inquiétude de Matthieu Bloch : la montée en puissance de la famille Agnelli dans la gouvernance de Stellantis, qui penche pour une centralisation de la branche Recherche et Développement à Turin. 

Au moment du mariage entre PSA et Chrysler, c’était Fiat qui était l’homme malade de Stellantis. Pourtant, nous le constatons aujourd’hui, la famille Agnelli pèse désormais d’une influence décisive dans les orientations du groupe (...) d’où ma crainte que toute la R&D soit déménagée à Turin au détriment de Belchamp

Matthieu Bloch, député de la 3e du Doubs (union des droites)

Clara Chappaz, qui suppléait le ministre de l’Industrie, a répondu que le gouvernement avait interrogé Stellantis sur le sujet, et qu’il s’avérait que le groupe automobile n’avait pas l’intention de fermer ce dernier, "au contraire", a-t-elle tenu à préciser.  

Une réponse confirmée par le service de communication du groupe Stellantis : “Il n’y a jamais eu la volonté de recentrer l’activité R et D en Italie. Sochaux Belchamp est le lieu d’implantation des équipes de la plateforme STLA Médium et STLA Small, ce qui montre l’intérêt stratégique des équipes R et D de Franche-Comté". 

À la suite de l’intervention de la ministre déléguée, Matthieu Bloch a repris la parole en soulignant que les départs de cadres évoqués n’avaient rien de “fausses rumeurs” et qu'il “comptait sur la prudence et l’extrême vigilance du gouvernement sur ce sujet vital pour la pérennité de l’industrie automobile dans le Pays de Montbéliard”, d’autant plus “qu’on ne connaît ni son successeur ni les intentions du groupe”, conclut le député du Doubs. 

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