"Un vrai travail de fourmi pour les enquêteurs" : le meurtre d'un homme de 59 ans élucidé, quatre jeunes truands mis "hors d'état de nuire"

Quatre jeunes hommes, âgés de 19 à 30 ans, ont été interpellés et mis en examen à Montbéliard (Doubs) pour meurtre aggravé et tentative d'extorsion avec arme, après six mois d'enquête. Ils sont suspectés d'être les auteurs ou complices du meurtre d'un homme de 59 ans, tué à son domicile à Seloncourt (Doubs), le 26 juillet 2024.

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Quatre hommes de 19, 22, 24 et 30 ans ont été mis en examen pour meurtre aggravé et tentative d'extorsion avec arme, ou complicité active, a appris ce vendredi 31 janvier 2025 France 3 Franche-Comté auprès du parquet de Montbéliard (Doubs). Après six mois d'enquête, les suspects ont été interpellés le 28 janvier dans le Pays de Montbéliard. Ils sont soupçonnés d'être les auteurs ou complices du meurtre d'un homme de 59 ans, agressé et mortellement blessé l'été dernier, chez lui, à Seloncourt (Doubs).

Tous ont été placés en détention provisoire dans des établissements pénitentiaires de la région. L'un d'eux était déjà écroué dans le cadre d'une précédente affaire, indique Paul-Edouard Lallois, procureur de la République à Montbéliard.

Agressé et tué au petit matin

Les faits remontent au 26 juillet 2024. Au petit matin, peu avant 7 heures, un quinquagénaire est retrouvé ensanglanté par l'un de ses fils, au rez-de-chaussée du pavillon familial. Il était à l'étage quand il a entendu un bruit sourd qui l'a alerté. Il se retrouve alors face à un individu entièrement vêtu de noir. Il prend peur et se réfugie dans sa chambre. L'individu essaie de forcer sa porte, en réclamant les clés des voitures et les armes. Le père, la mère et les deux enfants de 20 et 23 ans sont en effet tous les quatre des tireurs sportifs confirmés et ils détiennent légalement à leur domicile un certain nombre d'armes à feu et un important stock de munitions. L'agresseur finit par renoncer et prend la fuite dans un véhicule rouge de petit gabarit qui l'attend à l'extérieur, comme l'indiquera un témoin.

Le pronostic vital de la victime "qui nage dans une mare de sang" est engagé. Très grièvement blessé, il est héliporté vers le CHRU de Besançon où son décès sera constaté quelques jours plus tard, le 2 août. Lors des premiers soins qui lui ont été portés, l'équipe médicale a repéré un ardillon fiché dans son dos, semblable aux fléchettes d'un pistolet à impulsion électrique, et donc "compatible avec un taser", précise le magistrat.

À l'hôpital, on découvrira aussi "une trajectoire balistique allant de la joue gauche à l'oreille droite de la victime". L'ogive sera d'ailleurs retrouvée sur les lieux par les techniciens de la police scientifique. Et l'autopsie montrera que c'est bien cette balle qui a causé les blessures mortelles.

Paul Mangin, commissaire de police et le procureur de la République de Montbéliard Paul-Edouard Lallois. © Rémy Poirot - France Télévisions

"Un travail de PJ à l'ancienne"

Pour les enquêteurs, va alors commencer un minutieux et patient "travail de fourmi", selon les mots mêmes du procureur. Car les indices sont bien maigres. "On est parti de pas grand-chose, reconnaît Paul-Edouard Lallois. Pas d'ADN, peu d'éléments matériels, cela a été véritablement un travail de PJ à l'ancienne pour identifier le véhicule, retrouver son propriétaire et ses utilisateurs, reconstituer son cheminement et recouper avec la téléphonie."

Les policiers finissent par retrouver la trace de la voiture rouge qui a permis à l'agresseur de disparaître. Et grâce aux appels de son propriétaire, de vérifier tous ses mouvements le jour du drame, les jours précédents et les jours suivants.

Mais c'est à la fin de l'année que l'enquête va connaître un "grand coup d'accélérateur", raconte le procureur. À la faveur d'une autre affaire. Trois hommes de 18 à 27 ans sont arrêtés le 2 décembre à Audincourt (Doubs) à l’issue d’une vaste enquête menée par la police française et les autorités suisses pour toute une série de vols de voitures avec arme, commis en une dizaine de jours dans le Doubs, en Suisse, en région lyonnaise, dans la Drome et le Haut-Rhin.

Paul-Edouard Lallois a donné une conférence de presse ce vendredi 31 janvier 2025. © Rémy Poirot - France télévisions

La même arme

L'un d'entre eux est en possession d'un pistolet automatique de calibre 7,62 mm. L'arme est passée au crible, comme c'est l'usage. Et là, "bingo !, révèle aujourd'hui Paul-Edourard Lallois. L'analyse balistique a permis d'établir avec certitude qu'il s'agissait de la même arme qui a percuté l'ogive qui a traversé le visage de notre victime." L'étau se resserre.

Et le mardi 28 janvier, les policiers passent à l'action et procèdent à 10 interpellations dans le Pays de Montbéliard. Trois individus sont directement visés comme étant les auteurs, sept autres personnes pour des complicités présumées.

"C'est une vaste opération qui a été déclenchée mardi au petit matin et qui a mobilisé mardi 65 personnels au total", commente le commissaire Paul Mangin, chef de la circonscription de Montbéliard-Héricourt. Avec des moyens nationaux conséquents qui ont été également engagés." 13 policiers de l'antenne du RAID de Strasbourg, 6 membres de l'Unité d'Investigation Nationale (UIN) de la DIPJ basée à Nanterre, 20 policiers du groupe d'appui opérationnel de la DIPN de Besançon, et deux chiens de recherche d'arme, sont venus prêter main-forte aux 23 enquêteurs montbéliardais mobilisés pour ces interpellations à haut risque et aux deux équipages police secours qui sécurisaient les lieux.

Les suspects nient les faits

Lors de leur garde à vue, les quatre principaux suspects, dont trois sont originaires du pays de Montbéliard et un de la région de Montélimar, ont tous nié leur participation au meurtre, mais ont considérablement varié dans leurs déclarations. Les policiers, eux, se sont fait une idée plus précise du déroulement des faits : après repérage des lieux et des habitudes de la famille, deux d'entre eux auraient pénétré dans la maison, l'un avec le pistolet, l'autre avec un taser, le troisième les attendait dans la voiture. Le quatrième aurait fourni les informations.

Tous sont "très défavorablement connus de la justice", selon l'expression consacrée. "Ils ont tous les quatre un casier judiciaire très étoffé, confirme le procureur. Et comme par hasard, pour des infractions liées au trafic de stupéfiants. Ce qui est inquiétant, c'est ce mode opératoire qui va crescendo et cet usage des armes avec une désinhibition totale."

On a mis fin au périple criminel d'individus très dangereux et on ne peut que se satisfaire qu'ils soient aujourd'hui hors d'état de nuire.

Paul-Edouard Lallois, procureur de la République à Montbéliard (Doubs).

"À quoi étaient destinées les armes qu'ils étaient venus chercher ?" La question reste posée. Dans l'affaire d'extorsions bouclée en fin d'année dernière, un lien direct avait été fait avec le milieu marseillais. Les auditions vont se poursuivre, promet Paul-Edourad Lallois

Les autres personnes interpellées ont été remises en liberté, aucun élément ne permettant à ce stade de confirmer une quelconque implication.

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